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Coupe de France: Annecy-OM, les heures d'après l'exploit

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Entre euphorie et gueule de bois, Annecy peine à atterrir après son exploit face à l'OM en quart de finale de Coupe de France.

Invité pour la première fois depuis sa naissance en 1927 en demi-finale de la Coupe de France, le FC Annecy traverse des heures historiques et délicieuses après son exploit de mercredi soir à Marseille (2-2, 6-7 tab). RMC Sport vous invite à les découvrir. Où il est question de Michel Platini, JPP, d’émotions fortes, de souvenirs XXL mais aussi de la réception, loin du bouillonnement du Vélodrome, de Metz, samedi soir où les supporters sont tous … invités au Parc Municipal des sports!

Il faut bien rentrer de Marseille

Dans une nuit blanche – arrivée à Annecy à 7h du mat’ - mais festive et historique, les vingt bus transportant le millier de supporters, dont les éducateurs et bénévoles convergent tous sur Annecy, sans encombre, sauf une crevaison vite réparée pour l’un d’eux: "on ne croisait que des bus "74" (numéro du département), témoigne l’un des heureux participants à cette transhumance inoubliable. Et cela klaxonnait sur l’autoroute entre les cars et les voitures des particuliers." Et quand de leurs côtés, les dirigeants débarquent en ville avec leur voiture siglée au petit matin, suggérant qu’ils ont un lien avec l’exploit, ils se font arrêter par les automobilistes qui leur adressent un pouce de satisfaction ou baissent leur fenêtre pour les applaudir. Quant aux joueurs, avant dernier budget de Ligue 2 oblige, ils sont aussi revenus au bout de six petites heures de route en bus. Ceux qui ont peu ou pas joué se retrouvent à 15h sur le terrain d’entraînement; les autres multiplient les soins entre massage et cryothérapie: "Et ce sera cela jusqu’à samedi car le prochain match, face à Metz, arrive très vite", programme Rémy Dru, l’un des entraîneurs adjoint de Laurent Guyot. D’ailleurs, ce vendredi est décrété repos total, avec un mot d’ordre, retrouvez vos familles et ressourcez-vous. Ainsi, aucune vision du tirage au sort n’est organisée en collectif. Chacun vivra le programme de début avril  - les demies sont au calendrier des 4 et 5 avril – devant sa propre télévision.

Les téléphones (des dirigeants) et les réseaux sociaux (du club) explosent

620 sms ("non lus" précise-t-il) à 8h du matin et une route retour passée à découvrir tous ceux qui arrivent en avalanche encore: Sébastien Faraglia n’aura pas eu le loisir de regarder le paysage dans son voyage le ramenant de la méditerranée vers le pied des Aravis, puisque le Président du FCA se fera un devoir de répondre. Il gardera donc le nez sur son smartphone tandis que David Cerf, le patron de l’association fait le chauffeur. Côté réseaux sociaux du club, les standards habituels sautent les uns après les autres, même ceux (élevés) atteints le soir de la montée en Ligue 2, le 13 mai dernier, 29 ans après avoir quitté cet étage du foot français, suite à sa liquidation judiciaire en 1993: + 8 000 suiveurs sur Instagram, + 5 000 sur twitter avec une vidéo, reprenant la phrase de Kylian Mbappé dimanche après le succès du PSG à … l’OM : "Kiki, ça, c’est une journée de boulot" lance Vincent Pajot, l’ex-pro à la caméra du CM du club. Elle sera reprise plus d’un demi-million de fois en quelques heures.

La ville se réveille, se souvient et chambre !

Annecy se réveille, sous la grisaille mais le cœur léger et la fierté en bandoulière, à l’image de Karine, à la "buvette du marché" sous les arcades de la vieille ville. Elle a la voix éraillée, marquée encore par la soirée dans son établissement à vivre, "un scénario qu’elle ne comprend toujours pas." Et comme pour se persuader qu’elle ne rêve pas, elle pianote sans cesse sur son smartphone à la recherche des vidéos tournées à l’intérieur de son bar, à guichets fermés et de son ambiance qu’elle décrit comme "inoubliable, plus forte que la finale de la Coupe du monde en décembre."

Sur le Paquier, l’esplanade avec vue sur le lac mais aussi les montagnes des Aravis, un jeune homme court avec (évidemment) le maillot du "Fécé" comme on nomme ici en Haute Savoie le club de foot. Quant à l’Hôtel de Ville, tout proche, il fête aussi cela avec un grand drapeau qui orne son balcon principal où l’on peut lire: "Tous derrière le FC Annecy, Go Reds", le surnom des Annéciens: le maire écologiste, François Astorg, qui apprend à aimer le foot au fil de son mandat, est lui au même moment dans le train qui le ramène de Marseille.

Le service marketing du club a désormais une mission: "remettre les décorations sur les devantures des magasins: le travail de la veille étant à refaire, puisque tous les drapeaux ont disparu dans l’euphorie de l’après match. "Faudra trouver un moyen de les installer plus durablement pour la demie", avertit l’un d’eux. Preuve que l’effervescence s’invite dans les heures qui suivent dans la "Venise savoyarde" plutôt calme et tranquille normalement.

Et au restaurant à la mi-journée, David Cerf, les petits yeux se fait chambrer par la maitresse de maison: "C’est vous que j’ai vu à la télévision avec une belle veste et une chemise, hier soir? Et là, vous venez chez moi avec un pull ordinaire: quel contraste!" La même patronne de cet estaminet où Sébastien Faraglia rassemble souvent ses troupes à un pas du siège du club prévient le même interlocuteur: "Faites attention, à la table d’à-côté, il y a un supporter de l’OM." Silence dans la salle… Puis éclats de rire: "Bon, maintenant que vous nous avez éliminés, il faut la gagner comme cela on pourra dire qu’on a perdu contre le gagnant", répond, beau joueur le convive marseillais démasqué.

Revivre le match, encore et encore!

"Tout est allé vite depuis 24 heures, sauf le temps additionnel et les tirs au but", résume Anthony Lemaire, responsable des partenariats, ravi que les financeurs et/ou actionnaires du club aient été contents de l’expérience au stade où le club a fait une opération blanche: il a revendu au prix coûtant, la place en loge aux VIP. Commencée à Cassis, dans le restaurant de Michel Platini avait privatisé pour le FCA, la journée se poursuit par une visite du stade avec un Jean-Pierre Papin sûr de son fait: "Ne vous faites pas d’illusions, nous allons vous éliminer," avertit le chouchou du Vélodrome des années Bernard Tapie. "D’une manière générale, nos guides étaient très accueillants avant, à la mi-temps, mais après cela s’est crispé", révèle un participant. "A 1-2, au début du deuxième acte, l’atmosphère en tribune officielle devient irrespirable pour tout le monde: "et au tir au but manqué de l’OM, j’ai cru que le président de l’OM avait reçu un coup de fil lui annonçant la mort de quelqu’un, il est devenu tout blanc." Cela n’empêchera pas Pablo Longoria de tenir sa promesse de midi: récupérer un maillot du match qu’Annecy vendra pour le compte de sa fondation à la prochaine soirée caritative. Reste que parmi les effets collatéraux encore présents, douze heures après, revient le bruit assourdissant du Vélodrome: "Je ne voulais pas être à la place des joueurs qui posent le ballon sur le point de pénalty", admet, admiratif, Maxime Mathieu, le responsable communication dont le téléphone chauffe encore et toujours.

Le FCA remis sur la carte de France du foot

Alors, Annecy, Savoie ou Haute-Savoie? 73 ou 74? "Le logo reprend les 6 provinces historiques des Pays de Savoie des vallées de Tarentaise et Maurienne (73), limitrophes de l’Italie au Chablais (74), proche de la Suisse, nous sommes donc le club d’un territoire, celui des pays de Savoie", répondent en chœur les dirigeants. Preuve de cette nouvelle visibilité ("merci l’OM"), un ex-joueur exilé en Angleterre lui envoie les captures d’écran des journaux d’outre-manche qui évoque l’exploit. Il y a de la fierté dans l’air, chez tous ces salariés "canal historique", qui ont œuvré, notamment au cours du dernier septennat pour faire renaître le club disparu dans les années 1990 après cinq ans de Ligue 2 avec un néo-entraineur à l’époque, un certain Guy Stephan.

Quel tirage au sort ?

Les habitués du club auront noté que le maillot utilisé par le FCA n’était pas aux couleurs traditionnels. La tunique, un mixe de grenat et de bleu, ne rappelle rien de l’histoire du club. Mais un mélange dicté par… une rupture de stock chez l’équipementier de la compétition qui proposait certes un ensemble rouge (couleurs du club) mais à manches longues. Or, le staff souhaitait la version estivale, à manches courtes. D’où ce maillot atypique pour l’éternité de l’accession à une première demi-finale de Coupe. De là à ce qu’il soit désormais collector, et souhaité par le staff (superstitieux?) pour la prochaine étape… D’ailleurs, la suite. Quel adversaire: le triptyque "A 43", en prenant l’autoroute majeure de Rhône-Alpes à témoin? Donc, après un OL-Chambéry, un OL-Grenoble, un OL-Annecy? Une affiche pour Laurent Guyot, Annecy-Nantes? Annecy-Toulouse, pour rappeler que le TFC a bu la tasse en quart de finale de la compétition ici même en 2021 face à Rumilly, lui aussi du 74 et lui aussi invité en demi-finale de la Coupe de France en mode Covid? Les paris internes sont ouverts. Réponse au tirage au sort ce jeudi soir.

Tous les supporters invités pour le match face à Metz

Rassemblant ses troupes – 15 salariés dont 3 alternants hors le groupe sportif - à la cantine habituelle pas loin du stade au lendemain du match du siècle, Sébastien Faraglia, le président lance sa feuille de route pour la prochaine journée de Ligue 2 programmée dans deux jours: "surfer sur l’euphorie! Je veux un stade à 10.000 personnes. On invite tout le monde." Chacun a sa mission: qui la communication, qui de gérer le mail, qui d’imaginer le slogan final autour du thème: "nous n’avons pas pu tous vous inviter à Marseille, nous le faisons pour cette affiche afin de recevoir "vos" héros comme il se doit." Réponse samedi à 19h.

Par Edward Jay (à Annecy)