Coupe de France: Chemin Bas d’Avignon en effervescence avant son match contre Clermont

La musique de la Ligue des champions ne devrait pas retentir aux Costières ce samedi après-midi comme lors de la réception de Agde au tour précédent. Les jeunes du quartier avaient pris en main la sono pour diffuser le célèbre hymne lors de l’entrée des joueurs sur la pelouse. Car à match exceptionnel, délocalisation exceptionnelle. Chemin Bas d’Avignon ne va pas recevoir Clermont à Jean-Bouin, stade historique du Nîmes Olympique, mais bien aux Costières, nouvelle aire de jeux des Crocos depuis 1989.
Pour un le capitaine, Elias Berrahou c’est un rêve qui va se réaliser: "Quand on était petit, on a tous imaginé jouer aux Costières plus tard. Mais aujourd’hui, je pense que c’est encore une plus grande fierté de jouer dans ce stade avec le Chemin Bas, c’est magnifique." Une jolie petite histoire dans la grande histoire pour le coach Stéphane Dartayet: "Pour les joueurs c’est un plaisir, ils rêvent tous d’aller jouer à l’intérieur des costières. On pourra dire que l’on aura joué sur les deux stades de Nîmes."
Limité à 6.000 places, le club espère faire le plein car l’organisation de la rencontre coûte 20.000 euros au club, soit son budget annuel. Et du côté du Familly Grill, restaurant du quartier et QG du club, on se démène depuis plusieurs jours pour que tout soit prêt ce samedi. Car pour Chemin Bas, c’est du jamais vu, comme le raconte le vice-président Mohamed Samari: "On n’avait jamais dépassé le cinquième de la Coupe de France. On a une histoire en Coupe Gard Lozère mais la Coupe de France, c’est un truc de fou. Le club a été créé en 1962 par les rapatriés d’Algérie. C’est un club populaire avec des jeunes nés à Nîmes, un club de quartier de 250 licenciés."
La fierté du quartier
Chemin Bas a démarré très tôt son parcours en Coupe, dès le deuxième tour. Un parcours compliqué avec déjà quatre qualifications aux tirs aux buts. Et à chaque tour, la passion a grandi et la notoriété aussi. "Tout le monde nous accompagne, même la police, se félicite Mohamed Samari. On parle en bien de nous, on est content."
D’ordinaire Chemin Bas alimente plus la rubrique faits divers que sportive. Et le capitaine Elis Berrahou savoure cette période: Quand on connait les amalgames et les raccourcis par rapport au quartier... normalement ici, on parle de faits divers, de fusillades, de drogues ou d’autres faits. Ça fait plaisir que l’on parle en bien du quartier, on est fier de pouvoir le représenter d’une bonne manière."
Le quartier, c’est d’ailleurs la force de ce groupe. La plupart des joueurs sont nés ici, ils se connaissent depuis qu’ils sont petits et ils vivent, en ce moment, un rêve éveillé. Anouar Taibi a vu grandir Sofiane Alakouch, passé professionnel à Nîmes et aujourd’hui à Metz. Coach-adjoint et trésorier du club il est bercé par la magie de la Coupe: "C’est ça qui est beau avec notre quartier, des gens issus du quartier, on a tous vécu ensemble, on a grandi ensemble. Les plus jeunes, on les a vu grandir. Et d’être arrivé ensemble ici, c’est magnifique, c’est un rêve pour moi. C’est la magie de la Coupe de France."
Un minibus en récompense
Ce samedi, malgré les sept divisions d’écart, Chemin Bas va tout donner et jouer son jeu. "On est heureux, on est arrivé là pour se tester contre le top niveau. Sept divisions c’est incroyable mais on va jouer à fond, sur un match on ne sait pas. En tout cas on va jouer notre jeu et pas passer notre temps à défendre", détaille le capitaine Elias Berrahou.
Les joueurs toucheront une petite prime pour ce beau parcours. Contrairement à d’autres clubs amateurs, ici, aucun professionnel car comme le raconte le vice-président : "On ne donne rien, on n’a pas les moyens, on ne paie pas." D’ailleurs en cas d’élimination ce samedi, le club touchera 50.000 euros. Mais pas question de flamber ce beau pactole. Avec l’argent qui restera, le club compte acheter un troisième minibus pour les déplacements de l’équipe.