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Galtier, mon Sainté à moi

Christophe Galtier

Christophe Galtier - -

Arrivé en 2008 sur la pointe des pieds à Saint-Etienne comme adjoint, Christophe Galtier s’est imposé comme l’un des principaux artisans de la renaissance des Verts au plus haut niveau, symbolisée par la finale de la Coupe de la Ligue face à Rennes. Une expérience forcément à part.

La fièvre verte

« La fièvre verte, ce n’est pas juste une expression journalistique. Les gens vivent à travers cette couleur, ce maillot. Et au Stade de France, il va y avoir encore plus de bruit et d’intensité. On se doit d’être simples, ouverts, généreux et solidaires. Ce sont les termes classiques lorsque l’on parle de Saint-Etienne et de l’esprit minier de la ville. Je ne suis pas surpris de l’engouement parce que les Verts, c’est les Verts. C’est comme ça depuis des années. Même si on a été parfois sifflés, contestés, conspués, dans les moments importants, déterminants pour l’avenir du club, les supporters de l’AS Saint-Etienne ont toujours répondu présent. »

Son bilan perso

« Je n’aime pas ce sentiment de fierté. Si on apprécie mon travail, l’entraîneur que je suis, tant mieux. Si on m’apprécie en tant qu’homme, c’est bien plus valorisant. Je savais que j’allais m’essayer au rôle de responsable d’équipe, et je dis bien ‘m’essayer’, parce que je n’aurais pas eu peur de dire : ‘je ne suis pas fait pour ça’. Je ne voulais surtout pas précipiter les choses, je voulais qu’elles se fassent de manière naturelle. En devenant professionnel après le club de formation à Marseille, je ne m’étais pas senti passé de joueur à ‘numéro 1’. Il m’a fallu des étapes, il m’a fallu côtoyer des gens qui m’ont transmis beaucoup de choses. »

La pression après la disette

« Je suis arrivé en novembre 2008, j’ai immédiatement senti la pression de ces 32 ans sans titre, qu’il y avait un manque quelque part. Il y a beaucoup d’attente de la part des supporters. Vous avez toujours quelqu’un dans votre famille qui va vous parler des Verts et qui a une attente, parce que ça fait x années qu’ils n’ont pas ramené de trophée. Il y a une pression. Vous aussi, les médias, vous êtes bercés par cette nostalgie qui fait que c’est un club très exposé. Et à partir du moment où le club est exposé, évidemment que moi, entraineur, je suis exposé. Mais cette pression-là, je pense qu’elle me fait grandir. »

Le soutien des gloires du passé

« Monsieur Herbin a bercé mon enfance, à la télé. C’était Monsieur Herbin, et quand je le vois, c’est Monsieur Herbin. Qui a certes un décalage en analyse du jeu par rapport à ce qui a pu se faire quand il était à la tête de l’équipe. Mais je prends toujours ses conseils, parce que quand j’échange avec lui, il a toujours une anecdote ou une situation que je n’ai pas encore connue. Il me dit comment il avait abordé ce sujet-là. J’ai toujours cette forme de respect envers les gens qui sont passés ici avant. Quand je croise des anciens Verts qui sont heureux de voir la réussite du club, je reste beaucoup plus de temps pour prendre ce qu’il y a à prendre, et partager ce qu’il y a à partager. »

Un univers propre à chaque club

« J’étais sur la route, sur le tronçon Givors-Saint-Etienne, et on a vu : ‘Saint-Etienne, 16 kilomètres’. Et Jean-Pierre Bernès, qui m’emmenait en voiture, m’a dit : ‘je te souhaite la plus belle des choses, c’est de ramener un trophée avec l’AS Saint-Etienne’. C’était en novembre 2008. On est à quelques heures, on verra bien. Ça m’a marqué. Pourtant, Jean-Pierre a vécu de grands moments en gagnant les plus grands trophées (la Ligue des champions avec l’OM, ndlr). Mais Saint-Etienne reste Saint-Etienne, on a tous été bercés par ça. L’éducation footballistique, l’éducation de mon métier a été faite à Marseille (il y a évolué comme joueur de 1985 à 87 puis de 1995 à 98, et enfin comme entraîneur adjoint, de 1999 à 2001, ndlr) avec le respect des valeurs de l’endroit dans lequel j’étais. Et partout où je passe, je me suis imprégné de l’esprit, de la mentalité, du respect. Partout où j’irai, ce sera comme ça. »

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Propos recueillis par Edward Jay