Coupe du monde des clubs: pourquoi un club amateur de Tahiti, l'AS Pirae, va participer à la compétition

La nouvelle est tombée dans les derniers jours de décembre. Comme un cadeau de Noël inattendu. Au départ, certains ont même cru à une blague, à tel point qu'il leur a fallu un peu de temps pour réaliser. Les joueurs de l'AS Pirae, un club situé au nord-ouest de Tahiti, s'apprêtent à disputer la Coupe du monde des clubs. Le 3 février, ils auront rendez-vous au stade Mohammed-Bin-Zayed à Abu Dhabi pour y défier Al Jazira, champion en titre des Emirats arabes unis, pays hôte de cette compétition qui s’étalera jusqu'au 12 février.
S'ils réussissent l'exploit de passer ce premier tour, ils défieront Al-Hilal, entraîné par Leonardo Jardim et champion d'Arabie saoudite, avec en jeu une place en demi-finale pour y affronter Chelsea. Deux succès permettraient donc à l'AS Pirae de se retrouver face au vainqueur de la dernière Ligue des champions.
Une belle opportunité grâce à deux forfaits
Bien sûr, la formation coachée par Naea Bennett, ancien international tahitien, n'en est pas encore là et participer à ce Mondial est déjà pour elle une belle satisfaction. Pour ce tournoi qui réunit comme d'habitude les clubs champions des six confédérations continentales, plus le champion du pays organisateur, le représentant de la Confédération du football d'Océanie devait initialement être le Auckland FC. Mais le club a dû a dû jeter l'éponge en raison des mesures sanitaires très strictes et des restrictions de déplacement en vigueur en Nouvelle-Zélande. La Fifa s'est alors tournée vers Tiga Sport, champion de Nouvelle-Calédonie... qui a déclaré forfait à son tour, n'ayant pas réussi à présenter à temps les documents nécessaires en matière de vaccination.
La chance a donc été donnée à l'AS Pirae. Une opportunité inespérée et une grande première pour le football polynésien. "Pour nous, c'est que du plaisir et du bonheur de pouvoir côtoyer les grandes équipes, a raconté à France TV Info Jonathan Torohia, le gardien de cette équipe. Je ne pense pas qu'on réalise encore qu'on va participer à ce tournoi. Quand on va arriver là-bas, ça va être médiatisé, c'est là qu'on va voir que c'est une autre dimension." Le leitmotiv est clair : ne rien regretter. "Al Jazira est une équipe qui est au-dessus de la nôtre, mais c’est jouable. On a notre façon de jouer et on va essayer de bien peaufiner les réglages, la cohésion et notre façon de défendre en groupe", a promis Naea Bennett dans un entretien pour Actu.fr.
Plusieurs joueurs positifs au Covid
Club amateur évoluant dans le championnat Elite de Polynésie française, l'AS Pirae n'a évidemment pas pour habitude d'évoluer à un tel niveau. Mais certains connaisseurs se souviennent peut-être de son parcours en Coupe de France en 2015. Cette année-là, le club avait été sorti au huitième tour par la GSI Pontivy, pensionnaire de CFA2 après un match totalement fou. Les Morbihannais l'avaient emporté 6-5 au bout de la prolongation face aux coéquipiers d'un certain Marama Vahirua. L'ancien Nantais a depuis rangé pour de bon ses crampons (et sa pagaie), mais il aura forcément un œil sur le parcours de son ancienne équipe, qui pourrait malheureusement être privée de plusieurs éléments.
Sept joueurs de l'AS Pirae dont cinq titulaires ont été testés positifs au coronavirus et n'ont à ce titre pas pu embarquer dans l'avion à destination d'Abu Dhabi. "Nous nous organisons pour trouver des solutions en étroite collaboration avec la Fifa, comme par exemple, décaler le départ des sept joueurs positifs", a précisé la communication du club, expliquant par ailleurs que le budget nécessaire aux tests PCR pour une délégation de 35 personnes s’élève à plus de 3.500 euros et qu'il "est compliqué pour une association sportive à but non lucratif de supporter de telles dépenses, en plus de toutes celles engagées par ailleurs". Il n'y a plus qu'à espérer que le conte de fées ne se transforme pas en cauchemar.