France-Argentine: une Copa America et une Coupe du monde, l'incroyable triomphe de Scaloni

Absolument personne en Argentine n’aurait misé un kopeck sur un tel destin, surtout pas lui, l’humble natif de Rosario, comme Lionel Messi, qu’il aura fini par rallier à sa cause. La méfiance était trop grande à son égard. Et pourtant, quatre après avoir été propulsé intérimaire de la sélection, alors qu’il n’avait pas la moindre expérience du poste en tant que n°1, Lionel Scaloni (44 ans) est devenu champion du monde avec l’Argentine (3-3, 4 tab à 2 face à la France), mettant ainsi fin à 36 ans d’une interminable attente.
Le chauffeur de la "Scaloneta" a embarqué tous ses joueurs sur la longue route qui a mené l’Albiceleste au Qatar, évitant tous les écueils qui se sont dressés sur un parcours sinueux. Car il fut semé d’embûches pour celui qui a été propulsé aux commandes d’une sélection que tous les autres entraîneurs du cru fuyaient après le départ de Jorge Sampaoli en 2018.
Dans un pays où la passion a tendance à déborder du cadre, il a fallu convaincre les sceptiques, de Diego Maradona qui ne le pensait “pas capable de diriger la circulation”, aux joueurs qui “n’avaient pas trop confiance au début”, de l’aveu de Rodrigo De Paul, intense en finale. "Le football est un sport mais en Argentine, même si c'est difficile à comprendre, c'est beaucoup plus qu'un sport”, expliquait Scaloni samedi avant la finale.
Plus fort que Menotti et Bilardo
L’ancien international a éteint les critiques et retourné l’opinion publique en opérant un changement de génération et en injectant du sang neuf à une équipe qui avait grand besoin de renouvellement, autour de son maître à jouer Lionel Messi. Des joueurs se sont révélés aux côtés de la Pulga, et le travail entrepris n’a pas tardé à porter ses fruits.
En l’espace de trois ans, Scaloni a acquis une véritable légitimité qu’il doit à des résultats convaincants: une série d’invincibilité de 36 matches, une Copa America que les Argentins attendaient depuis 1993, avant la consécration avec ce titre mondial quihisse l’Argentine au firmament du football.
Lionel Scaloni refusait jusqu’à maintenant de se comparer à ses illustres prédecesseurs César Luis Menotti et Carlos Bilardo, artisans des sacres de 1978 et 1986. "Je ne peux pas me placer au même niveau qu’eux", estimait-il. En fait, depuis ce soir, ce sont eux qui ne peuvent plus se comparer à lui.
Le simple chauffeur de la fourgonnette dont se méfiaient les supporters a accompli ce que ni Menotti ni Bilardo n’avaient réussi avant lui: un doublé Copa America-Coupe du monde. Le voici devenu une légende du football argentin.