France-Uruguay: qu'est-ce que la "garra charrua" que doivent craindre les Bleus?

Opposée vendredi (16h) à l’équipe de France en quarts de finale de la Coupe du monde en Russie, l’Uruguay a la réputation d’être une équipe rugueuse, qui ne lâche jamais rien et qui est prête à s’arracher sur chaque ballon pour triompher. Un état d’esprit définit par une expression propre à ce petit pays d’Amérique du Sud et ses 3,5 millions d’habitants. En Uruguay, on parle ainsi de "garra charrua" pour décrire ce qui englobe à la fois la hargne, la solidarité, le don de soi et la culture de la gagne.
"La garra charrua va chercher des origines historiques pour expliquer ce qui est inexplicable, c’est-à-dire les titres olympiques de 1924, 1928 et le titre mondial de 1930", nous explique Gerardo Caetano, ancien champion national avec le Defensor Sporting en 1976, désormais historien, politologue et professeur à la faculté des sciences sociales de Montevideo.
"Il y a une force extraordinaire"
"On a parlé de la garra charrua en 1930. C’était une équipe qui jouait comme une équipe avec beaucoup de solidarité entre ses membres. L’équipe pouvait répondre aux moments forts de l’adversaire. La garra, ensuite, c’était la fausse idée de gagner en dépassant la norme, en mettant beaucoup de force. Le maestro Oscar Tabarez l’a bien dit. Sa vision de la garra, c’est la rupture d’une continuité", souligne-t-il.
"Les Uruguayens ont retrouvé la notion originelle de la garra. La capacité de résister aux moments forts adverses. Aujourd’hui, il y a une force extraordinaire et c’est un facteur décisif", poursuit Caetano. Animés par cet état d’esprit, les hommes de Tabarez ont terminé en tête de leur poule en Russie avec trois victoires en trois matchs, avant de faire tomber les champions d’Europe portugais en huitièmes.
"On le voit dans ce Mondial, c’est une succession de moments défavorables et favorables. L’équipe a une force vivante pour résister aux moments forts de l’adversaire et elle transpose cette force dans ses moments forts et, généralement, elle gagne. L’Uruguay retrouve aujourd’hui cette notion de garra, cette capacité animique à résister aux moments faibles et prendre le dessus sur ses moments forts. Et cela se voit encore plus pour ce petit pays en période de Coupe du monde", détaille Caetano, qui précise que "l’Uruguay est un pays laïc mais très superstitieux". Et de conclure: "Vendredi, tout le monde va regarder le match avec cette croyance."