Mondial 2022: proche des joueurs marocains, le rappeur Alrima "y croit" contre le Portugal

Le salon s'est changé en parcage, puis rapidement en piste de danse. Maillot rouge sur le dos, Alrima a célébré la victoire historique du Maroc face à l’Espagne, mardi à la Coupe du monde 2022 (0-0, 3 tab à 0), avec ses deux fils aînés, Ishaq (3 ans) et Aboubakar (4 ans). Le plus âgé vient d’intégrer l’AJ Auxerre dans la catégorie U6. La famille s’est donc installée dans une maison de l’Yonne pour s’adapter à son planning d’entraînement. C’est là, dans son canapé beige velouté, que l’artiste de 29 ans a vu Achraf Hakimi tromper Unai Simon. Au bout du suspense.
"Cette panenka, avec la célébration du pingouin, c’est incroyable Je suis dans un état second, laisse tomber. Je n’arrive toujours pas à y croire. J’ai le Maroc dans le sang, je suis trop fier. C’est une dinguerie", confie-t-il lorsqu’on l’appelle deux jours plus tard. Dans l’euphorie de ce succès face à la Roja, Alrima a sorti le morceau "Ana Maghrebi", en hommage à son pays d’origine.
Le coup de fil ému de la mère de Regragui
Dans le clip, disponible sur sa chaîne YouTube (où il compte plus d’1 million d’abonnés), il apparaît en tenue traditionnelle et avec le survêtement de l’équipe marocaine. Des images des supporters au Qatar ont été insérées à la dernière minute. "Ça fait un an que j’avais coffré ce titre, raconte Faouzi (son vrai prénom). J’avais un peu calmé la musique, mais tout le monde me demandait de le sortir. Alors pour le Maroc, j’ai décidé de le faire. Je ne prends pas un euro sur ce morceau, il n’est même pas sur les plateformes. C’est juste pour le pays."
Issu d’une famille originaire de Fès et de la région du Rif, "Alriri" a notamment grandi dans l’Essonne, au sud de la région parisienne, entre Evry et Ris-Orangis. Après son mariage, il a ensuite emménagé à Corbeil, la ville de Walid Regragui. Sa mère est d’ailleurs une amie proche de celle du sélectionneur des Lions de l’Atlas, qui l’a appelée mardi soir après l’exploit de son fils. "Elle était émue", sourit Alrima, lui-même conquis par le travail du coach de 47 ans, nommé fin août en remplacement de Vahid Halilhodzic.
"Ounahi, c’est le sang"
"Regragui, c’est un gars de chez nous, du 91. Il fait un boulot énorme. C’est une dinguerie le changement qu’il a apporté. C’est là que tu vois que l’entraîneur y est pour quelque chose. Il a la foi et il a réussi à transmettre ça à ses joueurs en très peu de temps, c’est fort, applaudit Faouzi, qui est lui-même connecté avec plusieurs membres de l’effectif. J’essaye de ne pas trop les embêter parce qu’ils sont dans leur compétition, mais on s’envoie quelques messages après les matchs, avec le capitaine Romain Saïss ou Sofyan Amrabat. Que de la force et de l’amour."
Alrima connaît aussi un peu Hakimi, même si le lien est moins régulier depuis que latéral droit évolue au PSG: "A l’époque, c’est lui qui m’avait envoyé un message quand il jouait en réserve au Real Madrid, avec les jeunes". En revanche, il est bien branché avec Azzedine Ounahi, le milieu de terrain d’Angers, encensé par le sélectionneur espagnol Luis Enrique. "C’est un fréro à moi. Il est vraiment top, c’est le sang. Je l’ai vu lors du match Auxerre-Angers (mi-août en Ligue 1, ndlr). Il m’avait attendu à la fin. Il m’a passé son maillot, on a parlé un peu et on a gardé un bon contact."
Benatia l’avait sollicité avant un match décisif contre la Côte d’Ivoire
En novembre 2017, Mehdi Benatia, capitaine des Lions de l’Atlas, avait demandé à Alrima un morceau de soutien avant un match décisif en Côte d’Ivoire. Il avait alors sorti "Tahia Maghreb", que les joueurs ont repris en chœur dans le vestiaire après s’être qualifiés pour le Mondial 2018 en battant les Éléphants (2-0). Avec un petit clin d’œil à Serge Aurier, qui avait chambré les Marocains avant la rencontre...
Grand supporter de Paris, Alrima débriefe aussi les performances de son équipe de cœur avec Baba Kam, le manager des streamers Michou et Inoxtag. Et ils parlent forcément de Sofyan Amrabat, l’une des révélations du Mondial, monumental dans l’entrejeu: "C’est le colonel, le caporal. Il a la dalle, il y va à fond. Physiquement, il est impressionnant. En plus, il est propre à la relance. C’est le boss du milieu."
Il envisage de se rendre à Doha
Auteur de deux arrêts décisifs lors de la séance de tirs aux buts contre la Roja, Yassine Bounou (qui n’a encaissé qu’un but dans la compétition) a lui aussi droit aux éloges: "Il est énorme! Il fait partie du top 10 des gardiens mondiaux actuellement. Largement."
A l’heure de se projeter sur le quart de finale face au Portugal, prévu samedi (16h), Alrima se montre confiant malgré la qualité de l'adversaire et le 6-1 passé à la Suisse: "Je pense qu’on peut le refaire, comme contre l’Espagne. Franchement, j’y crois!" Le meneur de jeu amateur, passé par le centre de formation de Nîmes dans son adolescence, ne sait pas encore où il sera pour suivre ce match tant attendu. Probablement pas dans la région d’Auxerre. Peut-être au Maroc, pour vivre ça avec le peuple. Ou pourquoi pas dans les tribunes du stade Al-Thumama de Doha? "On est en train de voir si on peut se rendre au Qatar avec un cousin. Je peux me chauffer, ça peut aller vite!"