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Canada-Maroc: Sofyan Amrabat, le taulier de l'ombre des Lions de l'Atlas

Le Maroc va défier le Canada, ce jeudi (16h), en espérant se qualifier pour les 8es de finale de la Coupe du monde 2022. Les Lions de l’Atlas vont une nouvelle fois compter sur Sofyan Amrabat, le milieu de terrain de la Fiorentina, excellent depuis son arrivée au Qatar. A 26 ans, le petit frère de Nordin Amrabat, fait figure de patron dans l’équipe de Walid Regragui.

Luka Modric et Kevin De Bruyne ne risquent pas de l’oublier. Les chefs d’orchestre de la Croatie et de la Belgique se sont retrouvés dans la zone de Sofyan Amrabat ces derniers jours au Qatar. Et ils n’ont pas vraiment passé un bon moment. Depuis le début de la Coupe du monde 2022, le milieu de terrain du Maroc impressionne dans l’entrejeu. Positionné en sentinelle devant la défense, le joueur de la Fiorentina fait parler sa puissance, sa vista et son aisance technique.

Dans l’ombre d’Achraf Hakimi et Hakim Ziyech, les deux stars de la sélection, il s’affirme comme un vrai taulier. Son envergure et sa capacité à combler les espaces en font un élément essentiel du dispositif de Walid Regragui, qui aligne à ses côtés Azzedine Ounahi (Angers) et Selim Amallah (Standard de Liège). Devant la charnière Nayef Aguerd-Romain Saïss et le gardien Yassine Bounou, Sofyan Amrabat est le premier rempart de la forteresse marocaine, qui n’a pas encore encaissé de but dans ce Mondial.

Installé en sélection par Hervé Renard

Après un nul encourageant face aux Croates (0-0), les Lions de l’Atlas se sont offerts un succès retentissant contre les Belges (2-0). De quoi entrouvrir la porte des 8es. Pour valider leur qualification, ils doivent obtenir au moins un nul contre le Canada, ce jeudi à Doha (16h). Ou à défaut, compter sur un succès de la Croatie face à la Belgique. En cas de scénario favorable, le Maroc atteindrait pour la deuxième fois de son histoire les 8es de finale d’un Mondial, après celui de 1986 au Mexique (défaite 1-0 contre la RFA).

Un défi à la hauteur du talent de Sofyan Amrabat. Depuis sa première sélection lors d’un amical face à la Tunisie en mars 2017 (1-0), le natif des Pays-Bas a peu à peu gagner sa place au sein de l’équipe du royaume chérifien. Lors de la Coupe du monde 2018, il n’avait joué qu’une minute en Russie. Le temps d’entrer en jeu lors de la défaite face à l’Iran (0-1). Hervé Renard l’a depuis installé dans un rôle de titulaire, qu’il a conservé avec Vahid Halilhodzic et Walid Regragui. Auteur d’une CAN très remarquée en début d’année au Cameroun, le droitier de 26 ans a contribué au parcours solide du Maroc, battu en quarts de finale par l’Égypte de Mohamed Salah (2-1, ap).

Le petit frère de Nordin Amrabat

Né à Huizen, à une trentaine de kilomètres au sud-est d’Amsterdam, Sofyan Amrabat est issu d’une famille originaire de Ben Tayeb, une ville située dans la région du Rif, au nord-est du Maroc. Son grand-frère, Nordin Amrabat, est l’un des anciens cadres des Lions de l’Atlas, dont il a défendu les couleurs à 64 reprises (7 buts). L’ailier de 35 ans, passé par Galatasaray, Malaga et Watford, évolue depuis l’été 2021 à l’AEK Athènes, en Grèce. Pour l’anecdote, Sofyan avait d’ailleurs remplacé Nordin lors de son entrée en jeu face à l’Iran il y a quatre ans. Comme une passation de pouvoir entre les deux frangins.

Si l’aîné n’est pas le plus maladroit (les Marocains se souviennent de sa frappe surpuissante sur la barre contre l’Espagne), le cadet a un potentiel nettement supérieur. Capable de dépanner en défense centrale ou en tant que latéral, Sofyan Amrabat ne ménage pas ses efforts sur le pré. Avec sa hargne et son volume de courses, il récupère énormément de ballons et les redistribue souvent proprement. Grand admirateur de Zinedine Zidane, il est d’abord passé par l’équipe U15 des Pays-Bas, avant de choisir de représenter le pays natal de ses parents (il a la double nationalité).

Erik ten Hag a accompagné son éclosion

Après avoir disputé la Coupe du monde U17 en 2013 aux Émirats arabes unis, lors de laquelle le Maroc s’est incliné en huitièmes de finale face à la Côte d’Ivoire de Franck Kessié, Sofyan Amrabat a débuté sa carrière professionnelle sous les couleurs du FC Utrecht, où il a été formé. Lancé à 18 ans en Eredivisie, lors d’une victoire contre le Vitesse Arnhem (3-1), il a ensuite été couvé par Erik ten Hag, qui a accompagné son éclosion au plus haut niveau.

Le milieu d’1,85m a ensuite signé au Feyenoord, avant de rejoindre le FC Bruges (champion de Belgique 2020), puis l’Hellas Vérone, en Italie. Le club de Vénétie l’a ensuite vendu à la Fiorentina en janvier 2020 pour 19,5 millions d’euros. Mais après avoir déjà joué pour Bruges et Vérone cette saison-là, il a dû attendre l’été suivant avant de débarquer au pied du Duomo. Deux ans et demi plus tard, Sofyan Amrabat est devenu un cadre à Florence, où son entraîneur Vincenzo Italiano, suit de près son parcours au Mondial 2022. "Amrabat montre de grandes choses avec le Maroc", a-t-il récemment confié.

Le n°34 en hommage à Nouri

L’international aux 41 sélections a disputé 20 matchs avec la Viola cette saison, dont 13 en Serie A (10 comme titulaire) et sept en Conference League. Sans marquer. Une stat pas vraiment étonnante vu le peu de frappes qu’il tente sur le terrain (sans doute un axe d’amélioration). Désigné meilleur joueur africain de Serie A en 2020 par la Gazzetta dello Sport, Amrabat porte le n°34 de l’autre côté des Alpes en hommage à son ami Abelhak Nouri, d’un an son cadet. Le grand espoir du football néerlandais (lui aussi d’origine marocaine) a été victime d’un malaise cardiaque lors d’un match de préparation de l’Ajax en juillet 2017, qui lui a causé de graves lésions cérébrales.

Sous contrat jusqu’en 2024 avec la Fiorentina, Sofyan Amrabat sera à un tournant de sa carrière l’été prochain. Sa cote est actuellement estimée à 10 millions d’euros par le site Transfermarkt. Mais elle pourrait montée s’il continue sur sa lancée au Qatar. Selon la presse européenne, plusieurs clubs seraient déjà à l’affût pour tenter de le récupérer. Liverpool, Tottenham ou le FC Séville sont cités parmi les prétendants.

https://twitter.com/AlexJaquin Alexandre Jaquin Journaliste RMC Sport