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Qu’est-ce qui est le pire: perdre 3-3 aux tirs au but après une finale légendaire, ou 2-0 sans exister?

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Trop longtemps amorphes, voire ridicules, les Bleus ont fini par se révolter. Mais aussi par buter sur la plus haute marche de la Coupe du monde face à Lionel Messi et compagnie. Le scénario de cette finale aussi mémorable que cruelle attise chez nous, Français, des sentiments contradictoires.

Le débat mérite d’être posé: et si, finalement, le score de cette finale de Coupe du monde n’avait pas évolué après la 79e minute de jeu, avant que Kylian Mbappé n’enfile le costume du révolutionnaire et ne sonne le tocsin de la révolte en la maison bleue? Notre ressenti, dimanche soir au moment d’éteindre la lumière ou ce lundi matin après avoir laissé sonner le réveil un peu plus longtemps qu’habituellement, n’aurait-il pas été un peu plus agréable, du moins un peu moins douloureux?

La réponse se trouvera dans les sensibilités de chacun. En passant d’un sacré fiasco à un duel devenu légendaire, personnifié par celui livré sous nos yeux ébahis par le duo Messi-Mbappé, cette finale de Coupe du monde aura marqué les esprits.

Elle restera comme l’une des plus belles de l’histoire de la compétition, si ce n’est la plus belle. Comme l’un des matchs les plus rocambolesques l’histoire de ce sport, à l’image de ce qu’avait pu incarner en son temps la finale de Ligue des champions 2004-05 entre l’AC Milan et Liverpool.

Mieux vaut des remords que des regrets, vraiment?

Pendant près de 70 minutes, les Français se sont fait marcher dessus. Devant nos écrans, au stade, nous étions aussi frustrés qu’un Olivier Giroud venu balancer de rage sa gourde d’eau après sa sortie juste avant la mi-temps. Aucun tir jusqu’à la 67e minute et cette tête-épaule de Randal Kolo Muani, pas ou peu de signes de rébellion, des imprécisions techniques à n’en plus finir...

Olivier Giroud, le 18 décembre 2022 en finale de la Coupe du monde
Olivier Giroud, le 18 décembre 2022 en finale de la Coupe du monde © ICON

On ne saura jamais vraiment pourquoi – le virus tricolore a-t-il pu coûter cher? –, mais les Bleus ont longtemps livré l’une de leurs pires prestations entrevues depuis un sacré bout de longtemps. Et ce, au pire des moments. Mais sans ce non-trois-quarts de match, aurait-on pu atteindre ces sommets de drama? Les Français, tardivement, ont fini par oser. Mieux vaut les regrets de mourir avec panache que les remords de ne rien avoir essayé, finalement.

Le sentiment d’être un peu ridicules en mondovision s’est évaporé. Les Français, nous compris, se sont remis à bomber le torse, à regarder les Argentins en face-à-face, les yeux dans les yeux. "On a perdu un match de foot, on est passés à rien. C’est le sport", a résumé Emmanuel Macron. Bien que cruel au bout, ce scénario nous aura au moins permis de rêver. Au-delà de la gloire espérée, n’est-ce pas finalement ce que l’on attend, aussi, d’une finale de Coupe du monde?

Romain Daveau Journaliste RMC Sport