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Equipe de France: le souvenir du scénario catastrophe de 1993

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L’équipe de France n’a besoin que de deux matchs nuls ou d'une victoire pour obtenir son billet pour la Coupe du monde 2022, comme cela était le cas en 1993 à l’approche de ses deux derniers matchs, conclus par le traumatisme de France-Bulgarie. Vingt-huit ans plus tard, les Bleus sont vigilants.

L’équipe de France retrouve le Parc des Princes, samedi face au Kazakhstan pour la première fois depuis 2013 et un carton face à l’Australie (6-0), un soir où le public avait taquiné Karim Benzema, buteur après 1222 minutes de disette. Mais c’est un souvenir plus ancien qui remontera dans l'ancien terrain de jeu des Bleus jusqu’à l’édification du Stade de France en 1998. C’est ici, le 17 novembre 1993, qu’une des pages les plus douloureuses du football français s’était écrite. Ici qu’une frappe sous la barre d’Emil Kostadinov à la dernière seconde avait anéanti les rêves des hommes de Gérard Houllier de se qualifier pour la Coupe du monde 1994.

"L’Amérique" de Joe Dassin dans le vestiaire à la mi-temps de France-Israël

La Bulgarie s’était imposée (1-2), le Parc des Princes avait grondé et Gérard Houllier s’en était pris à David Ginola pour son coup franc manqué au départ de l’action. Ce soir-là, tout s’était effondré mais la chute avait débuté un mois plus tôt. Le 13 octobre 1993, les Bleus pointaient en effet en tête de leur groupe à deux matchs de la fin et n’avaient besoin que de deux matchs nuls ou d’une victoire, qu valait à l'époque deux points, pour valider leur billet. Il pensait le composter contre Israël, nation la plus faible du groupe (sans victoire au moment du match), au Parc des Princes déjà.

La frappe victorieuse d'Emil Kostadinov, juste devant Laurent Blanc
La frappe victorieuse d'Emil Kostadinov, juste devant Laurent Blanc © ICON Sport

A la mi-temps, les Français menaient 2-1 et se voyaient déjà de l’autre côté de l’Atlantique quelques mois plus tard en faisant retentir "L’Amérique" de Joe Dassin dans le vestiaire. Relâchement fatal et sanction cinglante 45 minutes plus tard avec une défaite imprévue (2-3). Mais un dernier joker en poche. Un mois plus tard, il ne leur fallait plus qu’un point face à la Bulgarie avant le coup d’envoi. Il le tenait… jusqu’à la dernière action du match (1-2).

"Ça amène de la vigilance", reconnaît Deschamps qui en a "payé le prix"

Sur le terrain ce soir-là, Didier Deschamps, désormais sélectionneur, connaît l’histoire. Il se retrouve dans une situation comptable similaire 28 ans plus tard. Son équipe a besoin d’une victoire ou de deux matchs nuls pour décrocher son billet pour le Mondial 2022. Mais remuer le souvenir de 1993 l’a un peu tendu, lundi.

Sur le papier, les Bleus sont largement favoris face au Kazakhstan, équipe la plus faible du groupe... comme l’était Israël. Deschamps a assuré que ce n’était pas "vraiment pas" quelque chose qui lui était venu à l’esprit. "Il n’y a que vous à titre individuel, a-t-il répondu. Si vous voulez faire des comparaisons... Certes, c’était au Parc des Princes. Ce qui est derrière est derrière, on ne peut rien y changer. L’important est de se nourrir de ce qui a pu se passer. Certains joueurs qui sont là aujourd’hui n’étaient pas nés même s’ils connaissent l’historique et ce qui a pu se passer. On est au Parc des Princes et c’est très bien qu’on puisse y jouer ce match décisif."

Même en cas de crash, les Bleus auraient encore un joker

S’ils se manquaient, un succès en Finlande lors de la dernière journée les sauverait. Des résutats favorables dans les autres rencontres du groupe pourraient aussi envoyer les Bleus au Qatar. Surtout, en cas de gros raté, les Bleus ne seront pas éliminés puisqu’ils seront au pire repêchés pour des barrages grâce à leur parcours en Ligue des nations. Mais le compétiteur Deschamps, qui plus est traumatisé par l’échec de 1993, aura mis en garde son groupe contre tout relâchement.

"Ça amène de la vigilance, reconnaît-il. C’était il y a 28 ans, ça passe. Avoir suffisamment de vigilance pour ne pas se croire qualifiés avant de l’être. C’est toujours la leçon, c’est arrivé à d’autres. A titre personnel, je l’ai payé aussi. Que ça ne se répète pas, c’est surtout ça."

Nicolas Couet avec Sarah Griffon, Loïc Tanzi et Jean Resseguié