Cristiano Ronaldo, évidemment...

Ange ou démon... ou les deux qui sait, Cristiano Ronaldo est le nouveau Ballon d'Or. Une distinction logique - -
Son sourire et sa gueule de beau gosse font craquer toutes les jeunes minettes portugaises. Comme elle agace d’ailleurs la plupart de ses adversaires sur le terrain. Ses plongeons systématiques au moindre contact irritent. Fortement. Tout comme ses arasbesques balle au pied déroutent, déstabilisent et transforment à elles seules une rencontre, à condition que celles-ci soient, comme c’est désormais le cas depuis quelques saisons, uniquement réalisées dans un but collectif. Cristiano Ronaldo est tout cela à la fois. Un gigantesque paradoxe, génial souvent, énervant également et ce, à la même fréquence d’ailleurs.
De la concurrence, oui mais…
Pourtant, c’est lui qu’a choisi le jury des 96 votants, des 96 journalistes issus du monde entier amenés à élire le Ballon d’Or de l’année 2008. Il y avait d’autres noms, plus sexy d’ailleurs sportivement parlant ces dernières semaines. Il y avait en autre celui de Lionel Messi, l’incroyable feu follet du FC Barcelone. Le Kaiser Franck Ribéry, handicapé par les résultats en dents de scie de l’équipe de France et plusieurs semaines d’absence pour cause de blessures du côté du Bayern Munich. Celui de Fernando Torres, l’ancien enfant-roi de l’Atlético Madrid, désormais serial buteur dans les rangs des Reds de Liverpool. Ou encore Iker Casillas, champion d’Europe comme son compatriote ibérique mais moins exposé médiatiquement parlant.
Des noms, vous l’aurez donc compris, il y en avait donc à la pelle pour venir concurrencer un joueur qui a vite tôt fait d’affirmer, finalement, tout haut ce que la planète foot, pensait en tout état de cause : « qui a fait mieux que moi cette saison ? Qui mérite plus que moi le Ballon d’Or ? » Si la modestie ne transpire pas, clairement, dans ses propos made in Ronaldo, assuré depuis des lustres, selon l’un de nos confrères, d’avoir acquis le Melon d’Or, une certaine justesse émane de cette analyse. Certes, même s’il n’a pas véritablement porté aux nues sa sélection l’été dernier en Suisse et en Autriche, confirmant bien ce que beaucoup pensent de lui, à savoir, un manque d’initiative et de réussite dans le dernier geste en équipe nationale, Cristiano Ronaldo A survolé l’exercice 2007-2008… de sa classe et de sa vista.
Avant tout un buteur
Lui, le milieu offensif excentré pourtant, s’est découvert des qualités de finisseur tout simplement hallucinantes. Ronaldo a inscrit 42 buts toutes compétitions confondues, dont 31 en Premier League, devançant un Emmanuel Adebayor pourtant auteur cette même saison du meilleur rendement de sa carrière en club (24 buts). Et tordant le cou à plusieurs spécialistes qui déploraient son manque de réalisme dans la surface de vérité. « J’ai connu le diamant brut. Et ce qui lui arrive ne me surprend pas. Son efficacité, il l’avait déjà quand il était jeune et il l’a beaucoup amélioré. Son jeu de passes, ah, son jeu de passes. Il aime donner la dernière passe même s’il reste avant tout un buteur », confie à ce propos Lazlo Boloni, l’ancien technicien de Nancy, de Rennes ou encore du Sporting Portugal. Club des débuts de Cristiano Ronaldo. Club où l’entraîneur roumain a lancé dans le grand bain le prodige de Madère.
Vainqueur de la Ligue des Champions en 2008, double champion d’Angleterre en titre, élu à deux reprises joueur de l’année en Premier League, reconnu également comme étant le meilleur jeune en 2007 sur le sol anglais, soulier d’or européen en 2008, le numéro 7 des Reds Devils n’a cessé de gravir les échelons, de s’attirer les distinctions depuis son arrivée, en 2003, du côté de Manchester United. Son entraîneur, Sir Alex Ferguson, celui qui le protège, qui le couve et qui l’a, à deux reprises ces dernières années, dissuader de répondre aux sirènes du Real Madrid, disait de lui à l’époque : « A 22 ans, il a les mêmes qualités que Maradona et Pelé. Désormais, c'est à chacun de décider s'il est aussi bon que Maradona et Pelé ».
L’heure de la maturité ?
Cristiano Ronaldo en a 23 aujourd’hui. Mais pour nos spécialistes RMC, pas de doute, le bonhomme ira loin. Rolland Courbis : « Vu son âge, je pense que ce ne sera pas son seul Ballon d’Or. Un joueur aussi agréable à voir jouer… ça serait emmerdant qu’il puisse avoir une blessure. Il est costaud certes mais il a aussi un jeu qui appelle la blessure. Est-ce qu’il fera une grande carrière sans risques ? C’est tout ce que je lui souhaite. Mais il ne met pas seulement les défenseurs chargés de le marquer à mal, il les rend ridicules. Et quand on est défenseur, ce n’est pas évident à digérer. »
Pour Luis Fernandez, sa nouvelle distinction doit le faire mûrir. Le rendre plus perfectible aussi, à l’image de la dernière finale de la Ligue des Champions où il avait, bien malgré lui, failli manquer de faire perdre le trophée à son club (il manque son tir au but, ndlr) « Il devra être exemplaire, il devra être bon, confirmer, continuer à montrer qu’il est le meilleur joueur au monde car, quand on te discerne ce prix, c’est que tu as atteint ce statut ». Autrement dit, ne pas applaudir un arbitre lorsque celui l’avertit d’un carton jaune comme ce fut le cas lors du derby gagné par United face à Manchester City. Par exemple…
« L’image de grosse tête qu’on lui renvoie est un peu exagérée. Cristiano est un jeune qui est très exposé aujourd’hui, qui est aimé de beaucoup de monde. Il a toujours été respectueux envers moi, envers les gens d’une même équipe et envers sa famille. » Désormais inscrit dans le livre d’Or des grands joueurs de l’histoire, Cristiano Ronaldo va devoir s’assagir. Et continuer à nous faire rêver, à inventer des gestes dont seul lui a le secret. La mission s’annonce compliquée, difficile puisque cela fait bien longtemps qu’un Ballon d’Or ne s’est pas emparé du titre plus d’une seule saison. Mais le gamin a de la ressource. Et du potentiel. Alors à lui de le prouver, une fois de plus.