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Enquête sur le Mondial 2022: Michel Platini sort libre de garde à vue

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Michel Platini est sorti de sa garde à vue, ce mardi soir vers 1h, à Nanterre. Le Français a été entendu dans le cadre de l'enquête pour corruption sur l'attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar.

Pas de nuit en garde à vue pour Michel Platini. Le Français, ancien président de l'UEFA et vice-président de la Fifa, est sorti libre vers 1h ce mardi soir des locaux de l'office anticorruption de la police judiciaire (OCLCIFF), à Nanterre, près de Paris. 

"La garde à vue est levée", a annoncé William Bourdon, l'avocat de l'ex-star de l'équipe de France de football, peu avant 1h du matin, dénonçant "beaucoup, beaucoup de bruit pour rien". "Cette garde à vue a été perçue par Michel comme injuste et hors de proportion", a-t-il ajouté. 

A sa sortie, Michel Platini, les traits tirés, a en effet expliqué: "Alors que je devais arriver comme auditeur libre, on me met tout de suite en garde à vue, ça fait mal". 

"Ça a été long", a-t-il ajouté, précisant que des questions lui avaient été posées "sur l'Euro 2016, la Coupe du monde en Russie, la Coupe du monde au Qatar, le PSG, la Fifa". "J'ai toujours été serein car je me sens complètement étranger à n'importe quelle affaire", a-t-il encore affirmé.

"Nous ne considérons en aucune façon que Michel Platini puisse être considéré comme suspect de quoi que ce soit, pas plus hier, aujourd'hui, que demain. C'est donc pour nous une affaire terminée", a renchéri son avocat.

Des proches de Sarkozy également entendus

Michel Platini avait été placé en garde à vue mardi matin, dans le cadre de l'enquête française ouverte en 2016 pour corruption lors de l'attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar.

L'ancienne conseillère sports de Nicolas Sarkozy, Sophie Dion, a également été mise à garde à vue mardi matin. Elle est sortie libre dans la soirée. Claude Guéant, l'ex-secrétaire général de l'Elysée, a été entendu en audition libre.

Ces auditions se sont tenues dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet national financier (PNF) en 2016 pour "corruption privée", "association de malfaiteurs", "trafic d'influence et recel de trafic d'influence" pour examiner les conditions d'attribution des Coupes du monde de football 2018 et 2022.

Le même jour, le 2 décembre 2010, le Mondial 2018 avait été attribué à la Russie (face notamment à l'Angleterre éliminée dès le 1er tour) et à la surprise générale, le Mondial 2022 au Qatar, vainqueur au dernier tour face aux Etats-Unis.

La désignation de ce richissime émirat gazier, où les températures brûlantes en été rendent la pratique du football difficile voire impossible, avait immédiatement déclenché des soupçons de corruption, et été l'un des déclencheurs de la grave crise qui a secoué la Fifa à partir de 2015.

En octobre 2015, l'ancien président de la Fifa Sepp Blatter avait ajouté à la polémique en mettant en cause la France. Selon sa version, "un arrangement diplomatique" existait pour que les Coupes du monde 2018 et 2022 aient lieu en Russie puis aux Etats-Unis. Un plan qui aurait échoué à cause de "l'interférence gouvernementale de M. Sarkozy" qui aurait entraîné, toujours selon le Suisse, une volte-face de Michel Platini, président de l'UEFA.

Une réunion secrète à l'Elysée dans le viseur de la justice

La justice française s'intéresse en particulier à "une réunion secrète" au Palais de l'Elysée le 23 novembre 2010, à laquelle participaient Nicolas Sarkozy, Tamim ben Hamad al-Thani (alors prince héritier du Qatar devenu émir en 2013), et Michel Platini, révélée par France Football. Son but supposé: s'assurer que Platini voterait pour l'émirat. Un "tissu de mensonges", s'était indigné l'ancien numéro 10 des Bleus.

Interrogé par RMC Sport ce mardi, Sepp Blatter a fait part de sa "grande surprise" face à la "réouverture de cette enquête" qu'il pensait "terminée". Pour le Suisse, qui a déjà évoqué cette histoire dans son livre "Ma vérité", le fameux déjeuner à l'Elysée en 2010 où Nicolas Sarkozy avait invité Michel Platini et l’émir actuel du Qatar, Tamim Ben Hamad Al Thani, n’était "pas du tout de la corruption". 

"Platini m’a téléphoné pour me prévenir qu’il avait eu ce repas et il m’a dit que le président lui avait demandé si lui et ses amis pouvaient voter pour le Qatar dans l’intérêt de la France. Il m’a averti que le dossier que nous avions fait pour l’organisation de la Coupe du monde 2018 en Russie et 2022 aux Etats-Unis avait du plomb dans l’aile", rappelle Blatter. "Mais je n’oserai jamais parler de corruption." 

Sepp Blatter a pour sa part été suspendu six ans par la Fifa "de toute activité liée au football" pour un paiement controversé de 2 millions de francs suisses (1,8 million d'euros) à Michel Platini, lui aussi suspendu quatre ans. En mai 2018, ce dernier a été mis "en l'état" hors de cause par la justice suisse qui enquêtait sur ce versement.

la rédaction avec l'AFP