Comment Deschamps a freiné les ardeurs des Bleus

Face aux discours ambitieux de Morgan Schneiderlin et de Bacary Sagna, qui ont ouvertement fait part de leur envie de gagner la Coupe du monde, Didier Deschamps est monté au créneau auprès de ses joueurs, leur rappelant qu’ils n’avaient rien gagné.

Il est 11h30, ce vendredi, à Ribeirao Preto. Face aux médias, Morgan Schneiderlin lâche cette phrase étonnante : « Pour être honnête avec vous, l'objectif principal de tous les joueurs de l'équipe de France, c'est d'être champion du monde. » Quelques minutes plus tard, Bacary Sagna lui emboite le pas et reste sur la même longueur d’ondes : « On a tous envie d’aller au bout. » Des propos qui surprennent l’assistance. D’ordinaire si mesurés, les Bleus clament désormais haut et fort leurs ambitions. Pourtant, à les écouter, il n'y a pas eu de plan de leur part pour changer leur communication lors de cette Coupe du monde.

« On ne s'est pas dit : ‘‘On va changer le discours et on va parler de gagner la Coupe du monde’’. On en parle entre nous, c'est vrai, mais il n’y a rien de convenu », confie l’un des 23 Bleus. Depuis leur qualification pour les 8es de finale, les Bleus ont quand même changé d’état d’esprit. Lors d’une réunion en petite comité, qui suivait un dîner partagé tous ensemble, Patrice Evra a notamment dit à ses coéquipiers que cette équipe pouvait faire quelque chose pendant la Coupe du monde. Qu’elle en avait les moyens, mais qu’il ne fallait surtout pas se relâcher.

Derrière, il n’y a pas eu de concertation des joueurs. Leur discours a simplement été influencé par leurs dernières soirées communes, quand les Bleus ont partagé leurs rêves. « C'est vrai qu'on parle de plus en plus d'aller au bout. On se dit qu'on a le droit de rêver et d'être ambitieux, mais on n’est pas arrogant » rapporte de nouveau ce même joueur. La journée de repos a également contribué à renforcer la confiance des Tricolores. « Tous leur proches leur parlent de l'euphorie, de l'engouement qui règne en France, témoigne un membre de l’entourage d’un des 23. Eux aussi commencent à en parler entre eux. Ils sentent que ce groupe peut réaliser de très belles choses et ça transpire dans leurs propos devant les journalistes. »

Pas de recadrage, mais des discussions avec les joueurs

Ces déclarations, un brin présomptueuses, ont eu le don d’agacer Didier Deschamps. Après la conférence de presse de vendredi, le sélectionneur a évoqué le sujet avec ses joueurs, leur expliquant qu'ils ne pouvaient pas tenir des propos aussi ambitieux devant les journalistes. Deschamps, lui, a toujours tenu le même discours aux joueurs depuis la qualification pour les 8es : « Vous avez rempli une partie du contrat, mais une nouvelle Coupe du monde démarre et vous n’avez encore rien gagné. » L'ancien entraîneur de l'OM a donc fait une petite mise au point sur les propos que les Bleus devaient avoir, leur rappelant qu’ils ne devaient pas se croire plus beaux qu’ils ne l’étaient.

« Il a eu des mots très sympa, pédagogues, rapporte un proche du sélectionneur. Didier ne veut pas que les joueurs tombent dans le jeu de se croire désormais favoris. Il ne veut pas freiner leur motivation, mais contrôler leur communication. Il n'y a pas eu de recadrage. Juste des discussions. » C’est ainsi qu’on a vu Yohan Cabaye et Laurent Koscielny procéder ce samedi à un léger rétropédalage concernant les ambitions des Bleus. Ne parlant plus d'objectif, mais de rêve. Preuve que quand Deschamps parle, les joueurs opinent.

M.Bo avec J.S