Deschamps : « Attention à l’excès d’effervescence »

Didier Deschamps s’est montré très satisfait de la victoire des Bleus face à la Géorgie (3-1), qui leur permet de se hisser en tête du groupe. Il redoute cependant un excès de confiance, avant d’affronter l’Espagne, mardi, au Stade de France.

Didier, entre la victoire de la France et le nul de l’Espagne, considérez-vous cette soirée comme parfaite ?

La soirée aurait été parfaite si on n'avait pas pris ce but mais bon, on a atteint notre objectif de prendre les trois points. Avec le match nul de la Finlande en Espagne, ça prouve bien la difficulté des matches de haut niveau. Le nôtre n'a pas été simple. La difficulté dans ces matches-là, c'est d'ouvrir le score. Après, on se libère un peu plus psychologiquement. Après le deuxième but dès l'entame de la deuxième mi-temps, on pensait plus à gérer consciemment ou inconsciemment par rapport à ce qui nous attend mardi.

Un mot sur la performance de Mathieu Valbuena…

Il est décisif que ce soit à travers ses passes ou ses buts donc tant mieux. Il maintient le niveau qu'il a eu aussi sur les matches d'octobre et novembre donc c'est très bien.

Etes-vous convaincu par les premiers pas de Varane et de Pogba?

L'un et l'autre ont fait voir beaucoup de qualités potentielles. Après, c'est une étape. Aujourd'hui, ils peuvent dire qu'ils sont internationaux A. Après, évidemment, il y a à travailler, à faire attention à beaucoup de choses mais ils ne sont pas inhibés, il n'y a pas de peur, ni de crainte, ils sont libérés, donc c'est bien. Ça fait un ensemble homogène avec des plus expérimentés et puis pour ceux qui pensent que je ne fais pas confiance aux jeunes, quand il y a la qualité, je leur fais toujours confiance.

Encore un match sans marquer pour Benzema. Cela commence-t-il à vous inquiéter ?

Il fait partie d'un collectif dans un rôle où il aimerait être plus décisif mais je l'ai laissé aussi jusqu'au bout car ça fait un petit moment qu'il n'a pas joué 90 minutes, donc pour avoir le rythme, c'est bien. Il a fait de bonnes choses, après, bien sûr que j'aurai préféré pour lui qu'il marque ce petit but. Il a eu les occasions mais ça ne lui a pas souri ce soir.

Il a tout de même reçu des sifflets du public.

Evidemment je préfère que quand un joueur manque un geste le public le soutienne plutôt qu'il se manifeste. Après, je ne peux pas les empêcher. Le public français est exigeant mais par les temps qui courent c'est difficile aussi. C'est à nous et aux joueurs de renverser la tendance.

L’association Benzema-Giroud vous a-t-elle convaincu ?

Moi ce qui m'intéresse c'est l'animation des quatre puisque l'on était dans un nouveau système. Après, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Il y a eu de bonnes choses mais ça ne suffit pas de dire "on a deux bons attaquants, ils vont jouer ensemble". Il y a une complémentarité à trouver et à répéter. Aujourd'hui, ils ont fait 90 minutes par le passé, c'était 45 minutes. Ce système-là a l'avantage d'avoir une présence axiale plus importante mais ça implique des équilibres à trouver et ce n'est pas toujours évident.

Ne craignez-vous pas un sursaut de l’Espagne, après sa contreperformance contre la Finlande ?

On ne va pas se plaindre non plus. Il vaut mieux jouer l'Espagne en ayant deux points d'avance au coup d'envoi qu'en en ayant deux ou trois de retard. Après, il ne faut pas non plus tomber dans l'excès d'effervescence comme si on était qualifiés. La meilleure équipe, elle sera en face de nous, donc le match qui nous attend sera forcément compliqué. Mais il n'y a pas à avoir d'appréhension, on va livrer bataille en reconnaissant le potentiel de cette équipe d'Espagne.

Propos recueillis par J.S. et P.Ta.