
France-Bulgarie 1993 : les Bleus de l'époque ont-il soigné la plaie ?

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Il y a ceux qui éludent. Tel Didier Deschamps. « Je n’ai même pas envie de parler de ça. Sincèrement. Ce n’était même pas moi. Je ne m’en rappelle plus », balayait le sélectionneur mardi en conférence de presse. D'autres, comme Bernard Lama, confient ne plus y penser. Ce soir de novembre 1993, qui a d’abord laissé la France sans voix avant de susciter sa colère, reste l’un des plus dramatiques épisodes du sport moderne tricolore.
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« Sur le moment, on était comme anesthésiés par le chaos. On a vécu ça un peu comme dans un brouillard. Il n’y a pas de bruit. Je revois les couloirs, témoigne Philippe Tournon, chef du service de presse des Bleus en 1993 et qui a repris du service sous l'ère Deschamps. Ça reste un événement considérable, inoubliable, et à bien des égards inexplicable. Beaucoup de choses sont encore très vives et très présentes dans mon esprit. Après, la vie reprend son cours. Il a fallu gérer des situations de crise. »
« Tout le monde n’a pas fait son autocritique »
Floqué de son numéro 3, Emmanuel Petit était sur la pelouse ce soir-là. A 23 ans, celui qui évoluait alors à l’AS Monaco était l’un des jeunots du groupe. Il avoue avoir souffert des critiques qui ont suivi la défaite. Mais pour lui, la page est tournée. Effacée par le triomphe de 98. « Ça fait longtemps qu’on a digéré tout ça. On en reparle très rarement avec les autres joueurs, confie Petit. On a écrit de très belles pages depuis. Ce sont des choses qui ont été très vite évacuées. »
Evacuées, vraiment ? « Tout le monde n’a pas fait son autocritique, estime Bernard Lama. Il n’y a qu’à écouter les déclarations de certaines personnes, qui étaient en charge du groupe pour savoir qu’elles ne se sont pas remises en question. » « Ça reste un traumatisme pour certains, prolonge Petit. On a vu la bagarre assez récente entre Gérard Houllier et David Ginola. Ça avait aussi été très tendu avec des garçons comme Eric Cantona. » Vincent Guérin évoque le « gâchis monstrueux » d’une génération dorée. « Quand on voit que les deux pays qui sont sortis de notre groupe sont allés dans le dernier carré de la Coupe du monde un an plus tard, là les regrets sont très forts », souligne Henri Emile, ancien intendant des Bleus. C’était il y a 23 ans. Nabil Fekir avait quatre mois. On n’a pas fini d’en parler.
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