Just Fontaine: "Raymond Kopa était un frère pour moi"

Raymond Kopa et Just Fontaine - AFP
Just Fontaine, que ressentez-vous après la disparition de Raymond Kopa ?
Je suis doublement atteint. J’ai appelé madame Kopa il y a une dizaine de jours pour avoir des nouvelles. Je téléphonais de temps en temps pour savoir si c’était grave ou pas. La dernière fois que j’ai appelée, elle m’a dit que ça allait beaucoup mieux. Et là, dix jours après… voilà.
Que représentait-il pour vous ?
C’était un frère pour moi. En Suède (lors du Mondial 1958 où la France a atteint la 3e place, ndlr), on était dans la même chambre. On a eu le temps de parler de football. On y est resté trois semaines et ça a très bien marché. Je savais lire ce que faisait Raymond. Je savais que je devais attendre qu’il ait fini de dribbler pour partir dans les espaces. Il m’a fait marquer beaucoup de buts.
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Notamment lors de la Coupe du monde 1958 en Suède…
Kopa, Fontaine, Piantoni, c’est la triplette centrale. Il y a un gaucher, un dribbleur et un buteur… On n’a pas besoin d’autre chose. En plus on était entouré de Jean Vincent qui était ailier gauche, un gars qui se repliait vite pour défendre. On a marqué 23 buts en six matches. Moi j’en ai marqué 13.
Y a-t-il un but que vous retenez en particulier ?
Oui, un jour à Lyon, sur une contre-attaque, il est 20m derrière moi qui suis en pointe. Comme il venait de faire des efforts, qu'il était fatigué, il passe la ligne du milieu de terrain, et me dit : « vas-y shoote. » J’étais à 35m du but. Le ballon tape la barre, les deux poteaux et entre dans le but. On a gagné 1-0 ce jour-là. Je lui ai dit : « Je ne vais pas en marquer des comme ça à chaque fois que tu me dis de shooter. »
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