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Knysna, Ferguson, Domenech, Zidane... L'interview intégrale de Patrice Evra dans Rothen s'enflamme

Patrice Evra était l'invité exceptionnel de l'émission Rothen s'enflamme sur RMC ce jeudi, dans le cadre de la sortie de son livre "I love this game". Une heure passionnante, durant laquelle l'ancien joueur a tout dit, de Knysna à sa brouille avec Jérôme Rothen, avec un mot pour Kylian Mbappé.

En 2019, Rothen et Evra, amis de longues dates, s'invectivent après une vidéo enflammée de l'ancien Mancunien à la suite de la qualification de Manchester United. le ton est monté très haut. Cette venue d'Evra dans Rothen s'enflamme c'est aussi une réconciliation (NDLR)

La brouille avec Rothen après la vidéo lors de PSG-Manchester en 2019

"C’est un truc de fou, vous lui avez donné une émission! En plus Jérôme s’enflamme parce que vraiment Rothen il s’enflamme tout le temps. Oui, la vidéo après Manchester, c'était pour répondre à un ministre! Il nous a chambré tout le match et nous a fait une tête comme ça avec ses 'Ici c’est Paris! Ici c’est Paris!' et je me rappelle que plusieurs fois Paul Pogba a essayé de lui répondre et que je lui disais d’attendre la fin du match car je sentais qu’on allait passer. Voilà, après j’ai fait cette vidéo et j’ai fait exprès de ne pas bien filmer le ministre car je ne voulais pas qu’il porte plainte pour avoir été filmé à son insu. J’ai crié 'Ici c’est Manchester!' parce que je lui répondais. Et puis voilà, le lendemain ou le soir-même… Au lieu de parler de la prestation catastrophique du Paris Saint-Germain, Jérôme a dit 'Et l’autre qui s’enflamme'.

Jérôme me connait. Il sait que si on me donne un peu cela m’enflamme et je pars tout de suite. Et en plus c’est quelqu’un que j’estime car comme je le dis dans une vidéo, on a mangé dans la même assiette. Là, cela m’a blessé. Je me suis excusé et je m’excuserai auprès de ses parents. Je prendrai leur numéro car Jérôme sait combien j’aime son père et je le respecte. C’est du passé. J’ai toujours apprécié Jérôme et son franc-parler même si plusieurs m’ont déjà dit que Jérôme était ceci ou cela. S’il a quelque chose à te dire, il te le dit en face. Il ne m’a pas appelé pour un problème de mauvais numéro et après il connait le Pat'."

>> Ecoutez l'intégrale de l'émission Rothen s'enflamme avec Patrice Evra par ici

Le duo Rothen-Evra à Monaco

"Jérôme et moi quand on était à Monaco, on a passé tellement de bons moments. Après sur le terrain, on s’embrouillait quand je faisais une mauvaise touche… Mais c’est ça que j’aimais de lui. Je n’aime pas les personnes qui parlent derrière ton dos et Jérôme était direct. Tout ce que je raconte dans le livre, c’est le Jérôme que je connais. On a ensuite eu cette embrouille mais il restera dans mon cœur et c’est l’essentiel. On aime, on se charrie et on se fait des blagues mais on se respecte. C’est le plus important.

Jérôme, il a fait une seule connerie, c’est de partir au PSG. Mais c’était un choix du cœur. A Monaco, avant qu'il signe la bas, on avait tous regardé un match du PSG. Il était encore monégasque et il a célébré. Je lui ai dit: 'Jérôme tu es un malade, tu n’as pas encore signé au PSG'. Il a fait un choix du cœur et il avait cette énorme envie de signer au Paris Saint-Germain. Mais à Monaco c’était le roi. Tout le monde l’adorait et l’adulait. C’était Jérôme Rothen."

Le match Monaco-Real contre les Galactiques en 2004

"J’avais répondu à un journaliste en demandant ce que cela leur faisait de jouer contre Patrice Evra et Jérôme Rothen. Il y avait cette insouciance parce qu’on était tellement confiants. Didier Deschamps (entraîneur de Monaco à l’époque) m’avait dit que j’étais fou et que je le foutais dans la mer**. C’était contre le Real Madrid et il me disait d’arrêter de penser que l’équipe suivrait si Jérôme et moi on était costauds.

Avant le huitième contre Moscou, et alors que c’était notre première Ligue des champions, j’avais déjà dit que c’était une catastrophe si on ne passait pas. Didier m’avait appelé en disant qu’avec une défaite il aurait pu perdre son poste. Je lui avais dit que cela allait aller, qu'on était costauds. On ne faisait que rigoler. On était insouciants, on était juste confiants. Quand on nous parle des Galactiques, on a joué les vrais Galactiques. On a perdu 4 à 2 à Bernabeu et ils avaient déjà réservé leur hôtel pour l’étape suivante. Mais quand ils sont arrivés au fameux Louis-II. Didier dans sa causerie avait dit qu’ils allaient marquer en premier mais que l’on allait gagner le match. [Givet, Squillacci et Rodriguez] Avant les matchs ils avaient une machine pour se mettre des coups de jus (de décharges électriques) et des gifles. On était dans un autre monde. On était là 'Cent patates! Cent patates!' sur les primes avant le match. Mais c’était l’insouciance. On était malades (sourires).

Son état d’esprit à Manchester United

"On peut résumer ça en disant que je suis devenu adulte à Manchester. A Monaco c’étaient des périodes où j’étais vraiment heureux et où le foot c’était vraiment juste une fête et une joie. En arrivant à Manchester je suis devenu un robot. Didier Deschamps disait que gagner c’était important. Pour Sir Alex Ferguson, gagner c’était normal. Cela fait que même moi, certaines fois où j’ai célébré les titres je faisais semblant d’être content parce qu’il y a cette habitude.

Chaque jour on s’entraîne parce qu’il faut gagner, il faut gagner le championnat, il faut gagner la Ligue des champions. Il y a cette pression continuelle tous les jours. Moi je bloquais toutes émotions et certains trouvaient que je n’avais pas de cœur et que je faisais semblant d’être heureux ou que je n’étais jamais triste. J’étais une machine à gagner, une machine de guerre. J’en voulais toujours encore plus."

Sa relation avec Ferguson et Deschamps

"Je pense que ce sont des personnes qui ont vraiment compté dans ma carrière et qui sont différentes. Mes entraîneurs..., je dis tout le temps que Sandro Salvioni a été le premier à me faire jouer à gauche (à Nice). Après Salvioni il y a eu Didier. J’ai tout de suite eu un attachement particulier avec lui. Avant Monaco, Guy Roux voulait que j’aille à Auxerre et j’ai rencontré Didier et on a parlé. J’ai tout de suite eu du respect pour lui. Didier c’est aussi quelqu’un qui ne m’a jamais fait de compliments parce qu’il savait que je n’avais pas besoin de compliments. Il y avait vraiment vraiment un énorme respect et on est devenu de vrais amis.

Sir Alex Ferguson je dis toujours que dans ma relation avec le boss, je n’ai jamais eu peur de Ferguson. Mais j’ai toujours eu peur de le décevoir. Voilà vraiment la différence.

Gary Neville et l'Angleterre

Gary parle à tout le monde de ce tacle qu’il m’a fait. Il me fait un tacle et prend le ballon, on connait les tacles à l’anglaise mais il me touche un peu. Je suis par terre et il passe et me dit le mot en F. J’ai dit ok, pas de soucis. Comme par hasard, dix secondes après il y a une transversale sur le côté. J’ai sauté les deux pieds et je l’ai taclé à la gorge. Il a fait un salto et a failli se casser le cou.

Wayne Rooney..., tout le monde est arrivé pour me dire que j’étais un malade. Ferguson arrête l’entraînement et on va à l’intérieur. Gary Neville arrive dans le vestiaire et me fait: 'T’es malade! Tu aurais pu me casser le cou!' Je lui réponds: 'La prochaine fois tu t’excuseras'. Mais la façon dont j’ai été calme, ils se sont dit que j’étais fou. C’est vrai qu’après ce tacle, Gary Neville ou les autres joueurs, ils se sont dit qu’ils n’allaient pas blaguer avec moi. Comme Cantona le dit, en Angleterre tu es comme un dieu et on t’accepte comme tu es.

Sur Mbappé, Messi et l'image

Tu peux faire des erreurs et moi je n’aime pas les personnes trop clean. C’est comme Mbappé, quand il parle on a l’impression que c’est un ministre, un politicien. Moi je veux qu’il dérape. Mais ce n’est pas lui, ce n’est pas sa personnalité. Attention, je ne demande pas à quelqu’un d’être impulsif, de tacler à la gorge ou de frapper un supporter. Quand Cristiano fait ses interviews, il dit qu’il est le meilleur et certains vont dire qu’il est arrogant. En Angleterre c’est le respect, la confiance. Non mais je ne veux pas qu’il faute. Moi à chaque fois que j’ai fauté, merci mon caractère, j’ai réussi à me relever. Je ne veux pas qu’il faute mais moi personnellement je veux quelque chose de plus vrai. C’est bien encadré. Il est formaté, c’est tout.

Lionel Messi il ne faute pas parce qu’il ne fait pas d’interview. C’est normal. Il est malin et ne fait pas beaucoup d’interviews. Kylian, de l’étranger je vois beaucoup d’interviews de lui après les matchs…Mais Lionel Messi quand on a joué avec lui, on a un autre retour. Parce qu’il ne se montre pas et ne s’affiche pas. Ce qu’il fait, c’est une bonne stratégie.

La fois où il en a voulu à Sir Alex Ferguson

"Après la finale de FA Cup contre Chelsea (en 2007) où il m’avait mis remplaçant, je ne lui ai pas serré la main dans le vestiaire. Ce qui m’avait fait mal sur cette finale, qu’en plus on avait perdu face à Chelsea, c’est que la veille il y avait eu un article où ils étaient allés interroger des potes à moi dans mon quartier et où ils disaient que j’avais été un ex-dealer, un voleur ou un gangster. C’était en première page du Sun. La veille de la finale, Ferguson était me voir en disant 'désolé mais les Glazers m’ont appelé et tu as sali l’image du club et je ne peux pas te faire jouer'. Il rigole en disant qu’il plaisante.

On fait l’entraînement et je joue avec Cristiano…donc sûr de moi. Le lendemain matin, quelqu’un toque à ma porte et je croyais que c’était le room-service donc j’avais la musique à fond et je dansais. C’était Ferguson. Il rentre et me dit: 'Mon fils, Gabi Heinze va commencer'. Il trouve des excuses en disant que je vais rentrer et faire gagner le match. Je m’échauffe pendant au moins 80 minutes et je ne rentre même pas. En plus on perd le match. Je me rappelle, j’ai pris la médaille et je l’ai jetée. Il a voulu me serrer la main et j’ai refusé puis j’ai dit à mon agent qu’il fallait que je parte de ce club. J’avais fini meilleur arrière gauche, j’avais joué la demi-finale et les gens me demandaient si j’étais blessé. J’ai répondu d’aller demander au coach. J’étais vraiment enragé. Ce n’était pas tant le fait de ne pas jouer mais c’était le fait de faire une blague et après de ne pas me faire jouer. Je n’ai jamais osé lui demander pourquoi. J’ai gardé mon calme et Ferguson a appelé deux jours plus tard pour s’excuser et reconnaître son erreur. J’ai toujours l’impression de ne pas avoir joué car je venais de la cité et parce que mon passé a ressurgi. Voilà ce qui m’a blessé."

Sur sa première chez les Bleus et la brouille avec Lizarazu

"Je sais que Liza a essayé de mentir en disant qu’on n’a jamais eu de sélection ensemble. Jérôme Rothen peut en témoigner, c’était avant la finale de Ligue des champions avec Monaco. Je chambrais même un joueur, je ne sais plus qui, en demandant s’il voulait des places pour la finale. On était très chambreurs. Et là Thierry Henry, alors que je n’avais jamais vu Lizarazu, lui dit que la relève était là. Liza me lance un regard en disant: 'On t’a dit que j’avais pris ma retraite?' Je suis arrivé et j’ai dit bonjour, il ne m’a jamais salué. Je n’ai aucun problème avec Liza. En plus on joue le même poste et je sais respecte vraiment sa carrière énorme en équipe de France ou en club avec le Bayern. Mais voilà, Thierry Henry a fait une blague de mauvais goût. Cela a instauré…ensuite je n’ai jamais discuté avec Liza."

Sur une rencontre de Rothen avec Zizou et ceux de France 1998

"Il était en train de faire ses soins et Jérôme est arrivé pour lui dire bonjour. Zizou ne l’a même pas calculé (rires). Je me suis dit 'Welcome'. [Sur ceux de France 98 qui ne parlaient pas aux jeunes] J’entendais ils disaient aux autres: 'ô Jeune'. Mais moi on m’aurait dit cela, je le montais en l’air. On m’appelle par mon prénom. Mais là c’était de la méchanceté. Moi quand des jeunes joueurs arrivent je les prends sous mon aile et je les conseille. Il y avait chez eux un côté, 'c’est à nous l’équipe de France et il n’y a pas de place pour vous'."

Quand il s’est brouillé avec Gallas pour le capitanat

Nicolas Anelka peut en témoigner. C’était avant le match face au Costa Rica quand je descends du bus, Raymond me prend à part. Il me fait retirer mes écouteurs et me dit que je suis le capitaine. Tout de suite j’ai demandé pour William Gallas qui pouvait le prendre comme une trahison envers le capitaine Thierry Henry. La première chose c’est que j’ai été gêné d’accepter ce brassard. Thierry Henry était numéro 1 mais n’était plus titulaire et William était le vice-capitaine. Raymond m’a dit que le brassard cela ne se refuse pas et j’ai dit ok.

Quand on rentre dans le vestiaire, tout de suite William est venu. Nicolas Anelka sait que William a boudé tout le stage. A un moment j’ai été le voir dans sa chambre en lui disant d’aller voir le coach pour reprendre son brassard car je n’en voulais pas. Je ne voulais pas lui faire à l’envers. William a tellement boudé que Domenech voulait même l’exclure du groupe en disant: 'Si tu continues à faire la gueule comme ça, je te dégage du groupe'. Mais je comprends aussi William et le sélectionneur ne lui a même pas parlé. Déjà ça c’était un gros problème."

Son rôle de capitaine au Mondial 2010

"Des gars comme Nico (Anelka) ou Thierry (Henry) me disaient que ça allait me retomber sur la gueule. Mais je disais que ce n’était pas grave, que j’avais les épaules larges. J’ai vraiment pris ce rôle à fond. Nico et Jérôme (Rothen) peuvent en témoigner, je donne tout. Je ne vais jamais trahir le groupe. Je suis comme ça. Je pense au bonheur des autres avant le mien. A chaque fois que j’allais au déjeuner, j’avais des cheveux blancs. J’étais fatigué. Il y avait tout le temps des problèmes : pour un peignoir, pour la bouffe halal… Certaines personnes mangeaient la bouffe pour les musulmans. Makélélé crachait sur ses côtes d’agneau, il disait : "Je n’en donne à personne." (rires) Ça c’était pendant l’Euro. Je n’étais pas prêt comme j’ai pu l’être en 2014. A l’arrivée je pensais plus aux autres plutôt qu’à mes prestations. Ça a changé en 2014, j’ai fait de la méditation.

Son avis sans concession sur Domenech

A un moment, même les joueurs se sont mis contre moi. On me disait : "Arrête de le défendre, il est zéro, il est bidon." Je leur disais: "Oui, mais même si on met le cuistot sélectionneur, on joue pour la France, on doit être derrière lui." Mais c’était compliqué. Les gens n’étaient pas heureux à l’entraînement. A un rassemblement, il a ramené un chef d’orchestre et il nous a fait chanter. Barthez est sorti directement. J’ai vu Vieira chanter! Et puis le chef d’orchestre a tout arrêté pour dire: "Regardez Evra, il n’a pas la bonne attitude, il ne chante pas." J’ai dit : "Mais je ne suis pas venu en équipe de France pour chanter. A un moment il faut arrêter les conneries. C’était le cirque."

Le souvenir d’un stage en Tunisie avant le Mondial 2010

J’ai réussi à convaincre Nico (Anelka) de rester. Je lui ai dit qu’on avait besoin de lui pour l’équipe de France. Il m’a dit : "Je veux partir." Je l’ai retenu.

La mi-temps de France-Mexique en 2010

Domenech attend une bonne dizaine de minutes avant de parler. Nico (Anelka) refait ses lacets et il dit : "Va te faire enculer avec ton équipe, il n’y a pas de problème, je ne joue plus." Il (Domenech) n’a même pas entendu. J’interviens. On peut encore se qualifier. J’ai dit : "Arrêtez vos conneries, on a besoin de Nico." J’ai dit à Nico de remettre ses chaussures. J’arrive à le convaincre, Nico remet ses chaussures. Et l’autre (Domenech) dit : "Non, Gignac s’échauffe, c’est mort." On reprend la deuxième mi-temps avec la tête à l’envers. Nico s’est senti agressé. J’ai tellement un grand respect pour Nico, il ne m’a jamais envoyé balader.

Ce qui s’est passé après France-Mexique

J’ai voulu convaincre Nico (de s’excuser). Nico m’a dit : "Pas de soucis, je m’excuse auprès du groupe et du sélectionneur, mais je ne peux pas le faire en public. Ce n’est pas ce que j’ai dit (par rapport à la fameuse Une de L’Equipe, ndlr) et mes avocats sont dessus. Je ne vais pas aller m’excuser publiquement d’un truc que je n’ai pas dit." Quand ils m’ont dit qu’ils allaient expulser Nico, j’ai dit à Domenech : "Ça va être la plus grosse erreur, vous allez détruire ce groupe, ce groupe va partir en vrille." Il m’a dit : "OK. S’il s’excuse devant le groupe et devant moi, pas de soucis." Je suis allé dans la chambre à Nico pour le convaincre. Je demande où est le coach. On me dit qu’on n’arrive pas à le trouver. C’est comme s’il avait disparu. Dans ma tête, je me dis que Nico va changer de décision. Et puis là je monte et je vois le coach tranquille avec Jean-Pierre Escalettes. Ils sont en train de rigoler. Je dis au coach qu’on l’attend depuis une heure et que Nico est prêt à faire ses excuses. Le coach me dit : "C’est trop tard, c’est au-dessus. Au-dessus, c’est le président de la République."

Est-ce Nicolas Sarkozy qui a pris la décision d’expulser Anelka?

Je ne vais pas dire que c’est lui, mais quand Raymond m’a dit "c’est au-dessus"… Il faut demander à Henry, c’est le seul qui a parlé avec le Président. Les gars, c’est une histoire politique. Il ne faut pas se mentir. La France était en crise, il y avait la grève contre les retraites… C’était politique. Comme dit toujours Didier (Deschamps), on a donné à manger aux cochons.

Le non démenti de Domenech sur la Une de L’Equipe

J’ai demandé comment ils avaient pu laisser cet article sortir. C’était faux. Il (Domenech) m’a dit qu’il ne l’avait même pas entendu. C’est la réponse de Raymond. Il fallait un bouc émissaire.

La réaction des Bleus après l’exclusion d’Anelka

Evra: Quand on voit Nico habillé en civil avec son sac… Ils l’ont dégagé comme une merde. J’ai dit aux gars qu’on allait faire une réunion pour dire au revoir à Nico. Ce n’était pas pour protester mais pour dire au revoir à Nico. Nico part. Je dis aux gars : "Vous l’avez entendu, ce n’est pas ce que Nico a dit. Ça fait vraiment mal. On souhaite bonne chance à Nico. Qu’est-ce qu’on fait ?" On commence à parler entre nous. Un jeune du groupe, dont je ne vais pas donner le nom, dit alors : "On ne joue pas le dernier match !" Je dis : "Attention. Une Coupe du monde, c’est un rêve d’enfant, on ne peut pas faire ça, il faut qu’on trouve une autre solution." On dit : "OK. On ne s’entraîne pas, de toute façon c’est un décrassage. On n’a pas besoin de s’entraîner. Ça partait de là, on a juste voulu protester."

Anelka: A ce moment-là, vous n’auriez pas dû prendre le bus pour aller à l’entraînement. A la base, c’était un boycott de l’entraînement. Evra m’a appelé pour me dire : "On est obligés d’y aller parce qu’il y a des jeunes. Donc on veut y aller sinon la presse va dire qu’on ne respecte pas les fans." Là ils ont pris le bus.

Evra: Nico a raison. En plus, on a nos baskets. J’ai une réunion avec Raymond et Abidal. Eric, toujours calme, dit : "Tu me dégoûtes du football, j’ai honte de toi, je ne veux plus jouer. Je ne jouerai plus jamais pour l’équipe de France tant que tu seras le sélectionneur." J’ai dit à Eric de se calmer pour que ça ne retombe pas sur lui. On ne peut pas refuser de jouer pour l’équipe de France, j’ai essayé de le calmer. J’ai réussi à le calmer. Raymond m’a demandé ce qu’on allait faire. J’ai dit : "On ne va jamais trahir le groupe. Mais il va se passer quelque chose." Je ne lui ai pas dit qu’on n’allait pas s’entraîner. On descend, on va voir les gosses, on se regroupe, et on remonte dans le bus. Le chauffeur démarre. Et là Raymond envoie quelqu’un pour prendre les clés du chauffeur et les confisquer. On ne pouvait plus rentrer. Raymond est monté après dans le bus en disant : "Vous voulez faire les gamins ? Et ben vous allez voir, ça va vous retomber sur la gueule." Quand Raymond monte dans le bus, je lui demande s’il peut me donner le papier pour que j’aille le lire devant la presse. J’allais faire la plus grosse erreur de ma carrière. Mais Raymond dit : "Non, je vais lire ce papier. Vous êtes une bande de gamins." Le problème, quand ça a été jugé après la FFF, c’est que c’est à cause de ce papier qu’il a été viré. En lisant ce papier, il a été à l’encontre de la FFF.

La grève des Bleus

Ce que je regrette, c’est de ne pas avoir pensé à ma gueule. C’est la seule décision prise en commun par ce groupe. J’ai oublié mes responsabilités de capitaine. J’ai pensé que je ne pouvais pas trahir mon groupe.

Le cas Gourcuff

A ce moment-là, tout le monde voulait sa peau. Il y avait plein de mensonges. On disait qu'il était terrorisé par des racailles. J’allais voir Yo en lui disant que Ribéry ne lui avait jamais mal parlé. Je lui ai dit de parler. La vérité, c’est que des gens lui ont dit de rester en retrait : "ça va se taper sur les racailles, toi tu es le petit Français." Ça m’a déçu parce que je l’ai défendu. Il perdait des ballons parce qu’il avait trop de pression. Je crois que c’est Henry qui lui dit : "Yo, après ta saison en Ligue 1, Manchester City s’intéresse à toi, il faudrait aller dans un grand club." Il a répondu : "Non, moi je n’ai pas encore le niveau, je ne peux pas." Les gars se sont dit que quelque chose n’allait pas. Le pire, c’est que j’ai été voir Raymond en lui disant : "On a un problème, il faut jouer avec deux attaquants parce que Nico a besoin de soutien." Raymond m’a dit : "Vous voulez couper la tête de l’agneau ? Ne t’inquiète pas, je vais lui couper la tête, il ne jouera pas demain." J’ai dit : "Je ne suis pas venu pour ça. Ce n’est pas mon rôle. Je voulais parler de Nico." C’est Raymond qui lui a coupé la tête. Gourcuff était dans le bus avec Gignac en train de rigoler. Je lui dis : "Yo, tu te rends compte que demain tu ne joues pas alors que tu es un phénomène ? Tu trouves ça normal?" Il m’a dit qu’il avait trop de pression, qu’il préférait ne pas jouer, qu’il se sentait plus heureux comme ça.

Une embrouille Florent Malouda-Djibril Cissé

C’était incroyable. C’était un tacle à l’anglaise. On avait l’impression qu’on avait tué Djibril vu son cri. Raymond dit à moi et Thierry : "Allez voir Malouda dans sa chambre pour lui dire qu’il ne va pas débuter le Mondial." On lui a dit: "Ce n’est pas notre responsabilité." Il a dit : "Ah bon ? OK, je vais aller lui parler."

Son avis très clair sur Domenech

Est-ce que c’est le pire entraîneur que j’ai connu? Oui. Je n’ai aucun problème avec lui. Ma mentalité, c’est que je n’aime pas prendre l'entraîneur comme excuse. C’est pour ça que je l’ai défendu. J’ai eu le même problème quand Ferguson est parti et que David Moyes est arrivé (à Manchester United). Tous les joueurs étaient contre Moyes. Je suis le seul à avoir été dans son bureau pour lui dire de changer ça et ça. A un moment, on est tous responsables. Un entraîneur doit tirer le maximum de ses joueurs. Plusieurs joueurs ne voulaient pas jouer pour Domenech.

Ses critiques sur Thuram (qui avait demandé en 2010 qu’Evra ne joue plus jamais en équipe de France)

Lilian, ce qui m’a déçu, c’est que c’est une légende du foot français. Il parle dans les médias. Il m’a blessé, ça m’a fait mal. Dire que je ne dois plus revêtir le maillot de l’équipe de France, j’ai été blessé. J’ai trouvé son numéro, il n’a pas répondu. Il a refait une interview. Il aurait pu me rappeler. En vouloir à quelqu’un c’est difficile pour moi. A un moment, j’avais même dit qu’il ne devait plus venir au Château (Clairefontaine). On m’a dit un jour qu’il était là. Je suis sorti. A cette époque, c’était frais, ça allait mal se passer. Si je le croise aujourd’hui, je lui dis bonjour normalement. J’ai assumé mes responsabilités quand on m’a convoqué. On m’a sanctionné parce que j’étais capitaine.

Son coup de pied sur un supporter de l’OM

J’ai dit à mon fils qu’il ne faut pas faire de geste violent. Marseille fut un moment incroyable dans ma carrière. J’adore ce club et je continuerai à aimer ce club. Ce supporter n’est pas un supporter ni un ultra de l’OM. Il m’a dit qu’il allait égorger mes enfants. Je suis un être humain, pas un robot. J’ai le sang chaud. Quand on me provoque… Il a pris. J’ai encore des poils de sa barbe sur ma paire de crampons, elle est dans un musée.

>> Regardez l'interview en vidéo sur la plate-forme RMC BFM PLAY

Sur Courbis et Luis Fernandez

Je n’en veux pas à Rolland (Courbis) ou Luis (Fernandez). Si on m’attaque, j’attaque et je chambre. Avoir de la haine contre quelqu’un, on ne peut pas. Je suis en paix avec moi-même.

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