"La rage de ne pas perdre": portés par leur caractère, les Bleuets visent une finale inattendue à l’Euro Espoirs

Ils auraient pu prendre le vol retour il y a dix jours, après une phase de poule débutée laborieusement. Après un nul décevant face au Portugal (0-0), les Bleuets patinaient face à la Géorgie pour leur deuxième rencontre (3-2), menés 2-1 et un pied et demi dans l’avion. Jusqu’à l’improbable renversement et une victoire qui leur a permis d’accéder à la phasé à élimination directe.
Et là aussi, en quart de finale contre le Danemark, menés sur le même score, ils ont gagné 3-2 en marquant deux fois, aux 84 et 85e minutes.
"Une certaine confiance pour ne pas lâcher"
"On a montré qu’on pouvait renverser les situations. Même si le mieux est de ne pas s’habituer à ça et finir le match le plus tôt possible", sourit le défenseur central Castello Lukeba. "Mais c’est vrai que ça démontre un caractère très fort dans l’équipe".
D’où les Bleuets tiennent-ils cette force mentale? Peut-être dans les expériences de ces derniers mois. Deux fois, donc, pendant cet Euro, ils ont renversé leur adversaire. En novembre aussi, ils étaient menés 2-0 par l’Italie puis l’Allemagne, avant de finir à 2-2. "J’avais ressenti une grosse force de caractère, un mental, une certaine confiance pour ne pas lâcher", se souvient le sélectionneur Gérald Baticle. "J’avais résumé en disant: on a eu la rage de ne pas perdre. Et on a construit sur cet état d’esprit. On a cette foi, cette confiance en nous et ce mental qui permet de rester dans les matchs, revenir et aller chercher les joies sans les dernières secondes."
Un état d’esprit fidèle à celui des JO - même si l’équipe a énormément changé - lors desquels les Français avaient arraché la prolongation en finale après avoir été menés 3-1 par l’Espagne. La présence de joueurs déjà expérimentés pour leur âge aide aussi (Merlin, Lukeba, Restes, Matsima…) à gérer les moments de doutes.
"Vous avez beau avoir la force mentale, il faut que les jambes suivent"
Si les Bleus finissent bien, c’est aussi parce qu’il leur reste de l’énergie en fin de rencontre. Après huit à dix jours de repos pour les joueurs, le staff des Espoirs, emmenés par le préparateur physique Alan Berrou, a concocté un joli programme. "Vous avez beau avoir la force mentale, il faut que les jambes suivent. Et là, le physique… On s’est remis au travail", se satisfait Baticle. "On a fait deux semaines de reprise intenses, ils ont adhéré, ont donné leur meilleur d’eux même, se sont fait mal et le travail paie."
Résultat: la France a inscrit cinq buts à partir de la 80e minute depuis le début de l’Euro et c’est au moins deux de plus que toute autre équipe dans ce laps de temps. "Je ne pense pas qu’il y ait une habitude", prévient Lukeba. "On est des compétiteurs, on sait qu’un match dure 90 minutes voire plus, tant que l’arbitre n’a pas sifflé on a toutes nos chances de revenir."
Et la dizaine d’absences dans l’équipe, liées aux refus des clubs de libérer les joueurs, aux transferts ou à la Coupe du monde des clubs n’empêche pas cette belle dynamique. "Tout se fait par étape", relativise le sélectionneur. "On s’attendait à affronter ces difficultés. On s’est adapté mais ce qui est important ensuite c’est la qualité du travail du groupe, l’adhésion de chaque joueur à ce qu’on propose. L’union, la communion entre eux pour l’objectif commun. Cette adhésion nous a donné beaucoup d’ambition." Les près de 12.000 personnes qui rempliront le stade de Kosice (Slovaquie) ne demandent qu’à voir ça.