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Le Graët : « J’espère que la France entre dans un très bon cycle »

Noël Le Graët, président de la FFF

Noël Le Graët, président de la FFF - -

Invité de Luis Attaque, le président de la FFF repart en campagne sans le dire pour sa réélection le 15 décembre. Celui qui est allé chercher Deschamps parle sans langue de bois de l’équipe de France qu’il veut voir gagner à Madrid mardi contre l’Espagne.

Noël Le Graët, êtes-vous candidat à votre succession ?

Je répondrai à la fin du mois, on a trois matches importants à venir, les Espoirs, les féminines, et l’équipe A en Espagne même si je ne néglige pas le match amical contre le Japon. Je m’aperçois que plein de gens ont envie d’être candidat. L’envie est une chose, mais ceux qui votent aussi. Je n’ai pas beaucoup lu et écouté. Il faut être candidat le 15 novembre à minuit, la campagne démarre le 20 (élection le 15 décembre, ndlr).

Que vous inspire la baisse de popularité du football, ces dernières années ?

(Enervé) La sinistrose n’existe pas ! Le nombre de licenciés est resté stable l’an dernier, il y avait 1,9 million. Aujourd’hui, c’est à peu près identique. Pour les dirigeants, on est en progrès, et en féminin, on est très largement au-dessus. Le football n’a pas baissé, c’est une hérésie de dire que j’arrive en sauveur ! Je ne comprends pas ce genre d’arguments ! Aujourd’hui, le football ne souffre pas autant que d’autres catégories professionnelles. C’est plus difficile d’être ouvrier que d’être footballeur. Le foot est éternel.

Christophe Bouchet a attaqué votre bilan…

Il a quand même fait 1% de voix aux dernières législatives. C’est plutôt pas mal pour un début.... Ça prouve que certains amis ont voté pour lui, c'est déjà bien, il faut du courage pour faire ça.

Quelles sont les priorités du prochain président ?

Celui que sera candidat devra faire attention au bon mariage entre les pros et les amateurs, c’est une des missions essentielles.

Quelle est votre position par rapport à la taxe, dite Hollande, d’imposition à 75% pour la part supérieure à 1 millions d’euros de revenus annuels ?

Ecoutez, le football professionnel manifeste son mécontentement par rapport à une mesure décidée par l’Etat, mais on demande à tous les Français de faire un effort. Il y a quatre ans, Fillon avait dit qu’il était à la tête d’un pays en dépôt de bilan. Aujourd’hui, il faut faire un effort, les footballeurs le feront. C’est dommage fiscalement, mais je ne vois pas une mesure dire qu’il y a un changement de fiscalité sauf pour les footballeurs. Ils apporteront leur contribution dans la mesure où c’est pour deux ans, et pour les Français de toutes catégories. Je crois que pendant deux ans, tout le monde doit faire l’effort.

Comment restaurer l’image du football professionnel ?

Il y a eu des attitudes… On souffre depuis l’Afrique du Sud, ça a été l’image la plus détestable. Mais les joueurs font leur métier avec sérieux. Ils aiment l’équipe de France, il y a eu des écarts condamnables et condamnés, mais je trouve qu’on en fait trop pour le foot. J’aimerais que les gens soient plus attachés aux joueurs, ça me gêne qu’ils soient attaqués à ce point. Vous imaginez qu’il y en a un seul ce soir qui est venu à Clairefontaine parce qu’il a peur d’être suspendu ? On a besoin de progresser en image et en comportement, mais ils font beaucoup d’efforts.

Souhaitez-vous revoir Nasri chez les Bleus ?

Nasri a pris trois matches, mais Deschamps a logiquement continué avec le groupe qui a commencé l’aventure au Havre au mois d’août. J’aime bien Nasri, c’est un excellent technicien, il a des qualités naturelles au-dessus, c’est un joueur intuitif, malin. Lorsque l’occasion se présentera ça m’étonnerait que Deschamps le garde de côté.

Faut-il supprimer les primes ?

Elles sont supprimées ! Il n’y a plus de primes de qualification ni de primes de matches amicaux. Si l’équipe de France va au Brésil, la Fifa versera une prime à toutes les fédérations, et les joueurs seront intéressés à hauteur de 30%. C’est signé, il n’y a plus de primes.

Va-t-on continuer à voir l’équipe de France au Stade de France ?

De façon contractuelle, on doit jouer quatre matches par an. On est obligé de joueur au Stade de France, un beau stade mais trop cher à mon goût à la location et pas nécessairement adapté à un certain nombre de matches amicaux. On veut revoir les conditions. C’est comme tous les contrats, on a signé à un moment. Aujourd’hui, la ministre veut renégocier, donc on va le faire.

Pourquoi n’avez-vous pas conservé Laurent Blanc ?

Si je l’avais souhaité, j'aurais pu faire une proposition. On a eu une rencontre pour éventuellement prolonger. On ne s'est pas retrouvé un certain moment. Je dirais qu’il n'y a pas eu de volonté farouche de sa part et je n’ai pas eu de volonté farouche non plus de le prolonger. Avant l’Euro, il n’y avait pas une réelle envie de le remplacer, mais au fil des jours, il est apparu que Blanc et la Fédération n'avaient pas un avenir important.

Vous aviez déjà dans l’idée d’appeler Didier Deschamps ?

Je connais bien Deschamps, il était capitaine des Bleus pendant la période dite glorieuse, je connais bien aussi Guy Stéphan. Quand on choisit quelqu’un on la conviction qu’il a toutes les qualités, c’est ce que je crois, c’est un sacré gagneur, et il a la volonté d’imposer un style de jeu.

Quel est l’objectif du sélectionneur ?

L’objectif est d’aller au Brésil. On a gagné en Finlande on a gagné contre la Biélorussie, il y a deux ans on n’avait pas gagné contre la Biélorussie. Ce match contre l’Espagne est important. La France a besoin d’être plus compétitive. L’Espagne est un gage de réussite, pas facile à atteindre, mais il faut bien préparer ce match. Le but est de gagner à Madrid.

Si la France se qualifie Deschamps sera-t-il reconduit automatiquement ?

C’est marqué dans son contrat. S’il ne se qualifie pas c’est marqué dans son contrat, il n’est pas renouvelé mais il peut y avoir discussion. Il a un contrat pour l’Euro 2016, en cas de qualification au Brésil, on garde le même sélectionneur. Il y a des cycles, j’espère que la France entre dans un très bon cycle.