Le Graët : "Le football reste debout"

Noël Le Graët - AFP
Noël Le Graët, êtes-vous encore très touché par les événements tragiques de la nuit dernière ?
Oui, évidemment. Ce sont des circonstances dramatiques. Je veux souligner le sang-froid des spectateurs. Ma satisfaction, c’est que les gens ont pu sortir du stade avec beaucoup de dignité, sans précipitation, sans incident, sans accident. L’organisation a été très performante, avec 80.000 personnes qui se sont parfaitement bien conduites. La sécurité au Stade de France a été assurée de façon exemplaire, même si à l’extérieur il y a un accident dramatique, et le public a été remarquable. Il n’y a donc eu ni mouvement de foule, ni panique. Les gens ont été responsables et ont écouté les consignes.
Qu’avez-vous dit à vos joueurs juste après cette rencontre ?
Les joueurs étaient étonnés de ce qu’il se passait. Je leur ai expliqué ce que je savais à ce moment-là, les difficultés au Stade de France, mais aussi ce qu’il se passait dans Paris. Ils avaient évidemment des messages sur leur portable. C’était un peu logique de les informer.
Vous avez forcément senti des joueurs touchés par ce qu’il se passait…
Evidemment. Quand on bat l’Allemagne 2 à 0, on voit des sourires dans un vestiaire. Là, personne ne pensait au match. C’était d’abord très logique de passer un petit moment avec eux. Ils avaient besoin de savoir ce qu’il se passait.
« Le football doit montrer qu’il est toujours digne »
Antoine Griezmann a forcément dû avoir très peur pour sa sœur, présente au Bataclan …
Il l’a vécu très difficilement jusqu’au moment où il a eu la certitude que sa sœur allait bien. Il l’a eue au téléphone assez rapidement et heureusement. Elle est en très bonne santé et il est évidemment très soulagé.
Le match face à l’Angleterre va-t-il avoir lieu mardi ?
Oui, bien sûr. On joue contre l’Angleterre. Il n’a jamais été question de ne pas jouer ce match. On sera à Wembley comme prévu, il n’y a aucun changement de programme. Le football ne peut pas s’arrêter. La France est debout. Ce qu’il se passe est dramatique. Le football doit montrer qu’il est toujours digne. Les footballeurs n’ont pas peur, ils sont lucides et seront présents.
Est-ce qu’il y a eu des hésitations ?
De ma part, aucune.
« L’Euro 2016 se jouera dans de bonnes conditions »
Comprenez-vous la tristesse et l’émotion de certains joueurs, qui pensaient à peut-être arrêter le stage ?
La décision de jouer était prise. On ira donc à Wembley sans problème, avec des joueurs qui vont évidemment se reprendre. Ça sera un match amical, qui n’a pas une importance sportive importante. Mais il est logique de montrer que le football continue. On veut donner une image d’hommes qui sont conscients, debout et volontaires. Jouer ce match en Angleterre est donc aussi un message pour montrer que la vie continue et que la France est toujours là…
A sept mois de l’Euro, faut-il avoir des inquiétudes concernant l’organisation de la compétition ?
Non car la vigilance sera accrue. Il est certain que ce qu’il s’est passé hier est loin d’être anodin. On aura bien évidemment des réunions importantes avec le ministère de l’Intérieur, avec qui nous sommes toujours en contact, avec les autres Fédérations et les autres Etats. Au niveau de la sécurité dans les stades, les progrès sont incontestables. Mais nous devons encore améliorer ou appréhender tous les problèmes qui pourraient se poser. En tout cas, les services de l’Etat sont extrêmement compétents. Notre Fédération est liée à ça et on aura donc une certaine expérience. L’Euro 2016 se jouera dans de bonnes conditions.