Sagnol : « Didier Deschamps essuie pas mal de plâtres... »

Sélectionneur des Espoirs, Willy Sagnol a vu ses joueurs l’emporter en Arménie ce jeudi (4-1). Invité de Coach Courbis, l’ancien international évoque les Bleuets mais aussi leurs grands frères des Bleus. Sans langue de bois.

Trois victoires en trois matches des éliminatoires de l'Euro Espoirs 2015 avant le choc face à... l'Islande, leader du groupe, lundi soir (20h30)

 « En Arménie, ça pouvait être un match piège mais les joueurs l’ont bien abordé dès le début. Ils se sont rapidement mis à l’abri. Sur nos trois matches, on a montré beaucoup de volonté offensive, ce qui fait qu’on a pris pas mal de risques derrière. Mais c’est le deal qu’on a avec les joueurs. Quitte à se mettre en difficulté derrière, autant essayer de marquer des buts quand on a le ballon. Il y a ce match en Islande qui arrive. Il fallait arriver là-bas avec le plein de confiance, emmagasiner encore un peu plus de certitudes et c’est ce qu’on a fait. On peut presque considérer ce match comme une petite finale du groupe même s’il ne va pas décider tout de suite du classement final. C’est mieux de faire un bon résultat là-bas pour se préparer à une fin de campagne un peu plus tranquille. »

Thauvin-Benzia, une mauvaise image depuis cet été mais sélectionnés en Espoirs

« S’ils sont encore avec nous, et titulaires, c’est qu’ils ne nous déçoivent pas quand ils portent le maillot bleu. Thauvin, on ne l’avait pas pris en août et en septembre. J’ai jugé que c’était une sanction suffisante. La forme n’était peut-être pas appropriée mais sur le fond, c’était juste du business entre deux clubs. Les quelques minutes qu’il a jouées à chaque match avec l’OM n’étaient pas forcément extraordinaires. On voyait qu’il manquait beaucoup de rythme. C’est pour ça qu’on a pris la décision, avec le staff, de le faire débuter en Arménie. On s’est dit que c’était un joueur qui avait besoin de jouer pour retrouver le rythme et le plaisir sur le terrain. On l’a fait jouer en deuxième attaquant à côté d’Anthony Martial. Je ne savais pas s’il pouvait tenir tout un match physiquement donc je ne voulais pas le mettre sur un côté, où on doit faire énormément d’efforts défensifs comme offensifs. J’aime beaucoup Thauvin, c’est un joueur imprévisible et c’est bien d’avoir ce profil dans l’axe car ça déstabilise souvent les défenses adverses. C’est un profil beaucoup plus offensif qu’un Nasri, par exemple. C’est un dynamiteur de défense, plus un profil à la Ribéry. »

Zizou sélectionneur, une bonne idée à long terme ?

« Si on parle à long terme, tout est possible. Zizou vient de débuter dans le métier. Entre ce qu’il va montrer, ce qu’il va avoir envie de faire et les opportunités qui vont se présenter à lui, ça fait beaucoup d’incertitudes pour ce poste de sélectionneur. Après, on connaît tous ce qu’il a fait sur le terrain. S’il pouvait avoir la bonne idée de faire la même chose en tant qu’entraîneur, ce serait tout bénéfice pour la France. »

L'équipe de France au Mondial 2014... utopie ou réalité ?

« J’espère que cette équipe va se qualifier pour le Mondial. Si on veut avoir un Euro 2016 réussi en France, en termes sportifs, passer par la case Brésil serait une très bonne chose car les joueurs gagneraient en expérience, en approche du très haut niveau. En théorie, on pourrait même dire que cette qualification est indispensable pour l’avenir. Après, ça reste du football, avec toutes les incertitudes que l’on peut connaître. »

Le désamour autour de l'équipe de France

« C’est dans l’air du temps. Si l’équipe de France n’avait pas gagné la Coupe du monde en 1998 et fait une finale en 2006, les Français auraient certainement d’autres attentes. On s’est beaucoup servi du foot depuis quelques années pour éluder certains problèmes extra-sportifs qui avaient plus à voir avec la politique ou le social. On a utilisé le foot comme défouloir et ça me dérange un peu même si les gens ont le droit de penser ce qu’ils veulent. Les attentes sont devenues plus grandes avec les bons résultats et aujourd’hui, ces attentes sont restées alors que le contexte est différent. Didier Deschamps essuie pas mal de plâtres. Il essuie 2010, 2012 et en partie 2008. Si on laissait un peu tranquille les joueurs et le sélectionneur, si on les laissait juste essayer de faire de leur mieux, on pourrait peut-être passer un peu plus de temps à penser jeu et avenir. Le souci, c’est qu’on cherche toujours à remuer certaines choses. Tout le monde lit la presse et c’est un climat un peu malsain qui pèse sur les performances des Bleus et sur certaines envies de jeu que pourrait avoir cette équipe. »

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Coach Courbis