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Equipe de France: où en est l'Islande, trois ans après son Euro historique?

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Elle avait un appétit d’ogre, et des fans en or. Pour sa toute première participation à un championnat d’Europe, l’Islande avait séduit les observateurs du monde entier à l’été 2016, jusqu’à son élimination en quart de finale contre la France (5-2). Mais alors que les deux formations vont se retrouver lundi soir lors des éliminatoires de l’Euro 2020 (20h45 au Stade de France), que reste-t-il de la surprenante équipe nordique? Comment a-t-elle évolué depuis trois ans?

Des résultats catastrophiques

Après s’être révélée en France à l’été 2016, l’Islande a surfé sur sa bonne dynamique lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2018, pour se qualifier pour sa toute première phase finale d’un Mondial. Mais l’année 2018 a été catastrophique pour les Islandais, qui n’ont pas enregistré une seule victoire… en 13 matchs disputés. La sélection a d’abord préparé sa Coupe du monde par trois défaites et un nul, avant de finir dernière de sa poule en Russie avec un nul contre l’Argentine (1-1), mais deux défaites contre le Nigeria (2-0) et la Croatie (2-1).

La Ligue des nations à l’automne a ensuite été un calvaire. Placée dans la poule de la Suisse et de la Belgique en première division, l’Islande a tout simplement concédé quatre revers en autant de journées, dont un 6-0 contre la Suisse et un 3-0 contre la Belgique. Finalement, c’est lors de son match amical à Guingamp contre la France, en octobre, qu’elle a été le plus proche de la victoire. Mais après avoir mené 2-0, elle a encaissé deux buts en fin de rencontre pour finir sur un 2-2, le même résultat que contre le Qatar lors de son tout dernier match de l’année.

En allant s’imposer en Andorre vendredi soir (2-0), les Islandais, désormais 38es au classement Fifa, ont donc remporté leur premier match depuis octobre 2017! Autant dire que ce n’est pas une équipe pleine de confiance qui va débarquer à Saint-Denis.

Un nouveau coach, mais un effectif très (trop?) stable

Si l’on prend les dernières feuilles de matchs de l’Islande, la différence majeure avec l’équipe version 2016 se trouve sur le banc, puisque deux changements de sélectionneur ont eu lieu ces dernières années. D'abord adjoint de Lars Lagerbäck en 2011 puis co-sélectionneur à partir de 2014, Heimir Hallgrimsson avait pris seul les commandes de la sélection après le beau parcours à l'Euro 2016. Mais ce dernier a décidé de ne pas poursuivre l’aventure après le dernier Mondial, et a donc été remplacé par le Suédois Erik Hamren en août 2018.

Au niveau des joueurs, en revanche, l’Islande fait dans la continuité. Vendredi, en Andorre, 9 des 11 joueurs de l’équipe-type de l’Euro 2016 ont de nouveau débuté la partie: le gardien Halldorsson, les défenseurs Saevarsson, Arnason, Ragnar Sigurdsson et Skulason, les milieux Johann Gudmunsson, Gunnarsson et Bjarnason, et le maître à jouer Gylfi Sigurdsson. Le seul changement se trouve en attaque, étant donné que le duo composé de Bodvarsson et de l’ancien Nantais Sigthorsson n’a même pas été convoqué. C’est désormais le buteur d’Augsbourg Finnbogason qui prend place à la pointe de l’attaque.

Une telle stabilité a des avantages, puisqu’elle permet de créer des automatismes entre les différents joueurs, tous parfaitement au fait du plan de jeu, mais elle illustre aussi une certaine pauvreté du réservoir islandais. Ces dernières saisons, à l’exception du jeune attaquant d’Alkmaar Albert Gudmundsson (21 ans), courtisé par la Premier League, aucun Islandais n’a semblé en mesure d’exploser dans les championnats majeurs.

Pas non plus de révolution dans le jeu et l’état d’esprit

Depuis le dernier Euro, l’Islande n’a pas non plus connu de révolution en terme de jeu. Certes, Gylfi Sigurdsson (Everton), la caution technique de l’équipe, est monté d’un cran pour évoluer derrière l’avant-centre, mais l’Islande évolue quasi-systématiquement avec quatre défenseurs et quatre milieux. On a vu en octobre lors du match contre les Bleus (et encore en Andorre) qu’elle reste efficace dans le jeu aérien et sur les phases arrêtées, mais la différence par rapport à 2016 est qu’elle ne peut plus miser sur l’effet de surprise, ses adversaires ayant largement eu le temps d’étudier ses forces (comme ses faiblesses).

Sans tomber dans le cliché, elle peut en revanche toujours s’appuyer sur une grande cohésion, et sur cet état esprit "accrocheur". L’Islande peut aussi compter sur ses fidèles. L’armée de vikings qui avait enchanté l’Europe avec ses clappings n’a pas été dissoute malgré une perte d'intérêt dans le pays, et il devrait encore y avoir un petit contingent de fans, lundi soir, dans les tribunes du Stade de France (20h45).

Clément Chaillou