Nasri, la faute de trop

Samir Nasri - -
« J’ai déjà dit à Samir ce que j’avais à lui dire, je ne vais pas le répéter. Apparemment, le message n’est pas passé. » Dimanche matin, quelques heures après de nouvelles et violentes insultes du joueur français à l’égard d’un journaliste de l’AFP provocant, Laurent Blanc avait bien du mal à dissimuler son agacement. C’est peu dire que le dérapage du numéro 11 tricolore Samir Nasri l’a mis mal à l’aise. « C’est très regrettable, a-t-il ajouté sur le plateau de Téléfoot. Ce sont des propos très violents. C’est très mauvais pour son image personnelle. Ça, c’est son problème. C’est aussi très mauvais pour l’équipe nationale. Si le sélectionneur doit aussi gérer les joueurs devant la presse, ça devient très difficile… Et si je dois gérer les réactions d’après-but, je ne sais pas comment on va faire… »
Une allusion même pas déguisée au « Ferme ta gueule » du Français au journal L’Equipe pour « fêter » son but face à l’Angleterre (1-1). Sur ce premier dossier épineux, le sélectionneur avait d’ailleurs donné un conseil au Citizen : « Je lui ai dit ce que je ferais si j’étais à sa place. La meilleure solution était d’avoir une explication avec le ou les personnes concernées. » Il ne l’a pas écouté. Forte tête, Samir Nasri ? En tout cas, capitaine Lloris a lui aussi bien du mal à défendre son partenaire : « Samir n’est pas un problème au niveau du groupe. Mais lorsqu’il y a des problèmes avec la presse, ça peut déteindre sur l’effectif. »
Le Graët : « C’est intolérable »
Comme à l’Euro 2008 lorsqu’il se prit le bec avec William Gallas et Thierry Henry, l’ex-Gunner, qui disputait en Ukraine sa deuxième phase finale d’un grand tournoi international, s’est donc davantage illustré par ses écarts de conduite. Celui de samedi soir est peut-être de trop. Peut-on imaginer une sanction de la Fédération française de football ? Nasri sera-t-il écarté face à l’Uruguay, en match amical, le 15 août au Havre ? Noël Le Graët se laisse le temps de la réflexion.
« Il a eu des paroles malheureuses. On en parlera à la Fédération, assure le patron de la FFF qui a prévu d’en discuter avec le joueur. Je ne connais pas les circonstances, mais c’est intolérable. Je comprends les réactions négatives. Ce garçon est à fleur de peau. C’est assez bizarre car il avait envie de bien faire. Mais il n’arrive pas dominer ses pulsions. La presse ne l’a pas défoncé (sic) à ce point. Quand il ne fait pas de bons matches, c’est normal qu’on le dise. » Une chose est sûre : en pleine opération reconquête depuis le fiasco de Knysna, la FFF ne remercie pas Nasri.
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Crevoisier : « Des coups de pied au cul qui se perdent ! »|||
Il y a moins d’un an, lors de la Coupe du monde de rugby, le sélectionneur du XV de France, Marc Lièvremont, qualifiait ses joueurs de « sales gosses ». Laurent Blanc aurait pu en dire autant. Outre le cas Nasri, Jérémy Ménez a été insultant à l’égard de l’arbitre contre l’Espagne (2-0). Hatem Ben Arfa a carrément remis en cause les choix du sélectionneur contre la Suède (2-0). Enfin Yann M’Vila, sorti en cours de match face aux Espagnols, a refusé de taper dans la main de son remplaçant, Olivier Giroud, et de Laurent Blanc, « pour ne pas faire un détour ». Ex-membre de la DTN, Jacques Crevoisier réalise des tests de personnalités et de motivation pour des clubs aussi prestigieux qu’Arsenal et Liverpool. Il ne s’en est pas remis : « Certains joueurs sont plus préoccupés par leurs performances individuelles. Ils ont des ego démesurés et n’arrivent même pas à les cacher. Samir Nasri est un charmant garçon. Mais si, quand il marque un but, sa première idée est de se brancher avec un journaliste, ce n’est pas bon. J’en ai autant à dire sur M’Vila ou sur Ben Arfa. Il y a quand même des coups de pied au cul qui se perdent ! Si vous mettez Ménez, Nasri, M’Vila, Ben Arfa, au niveau de l’attitude, ça fait quelque chose de très désagréable. Nasri ou Ménez, que je connais depuis longtemps, finissent par me fatiguer. Je reconnais qu’ils ont du talent mais quand est-ce qu’ils vont progresser ? »