Ce que l'on sait des violences contre des supporters du Maccabi Tel-Aviv à Amsterdam

Des violences ont éclaté à Amsterdam après le match de Ligue Europa remporté 5-0 par l'Ajax contre le Maccabi Tel-Aviv, jeudi 7 novembre. Plusieurs supporters du club israélien ont été agressés, sur fond de contexte de guerre à Gaza. "Il n'y a aucune excuse au comportement antisémite manifesté la nuit dernière par les émeutiers qui ont activement cherché des partisans israéliens pour les attaquer et les agresser", a dénoncé la ville d'Amsterdam dans un communiqué.
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- Des violences commises en l'espace de quelques minutes
Peu après 23h, le match se termine. La sortie du stade se déroule sans encombre, sous la surveillance de l'Unité mobile de la police néerlandaise. 800 agents étaient mobilisés. Les supporters du Maccabi Tel-Aviv n'ont pas quitté l'enceinte immédiatement, mais peu après le départ des autres spectateurs, comme le veut le protocole habituel de sécurité vis-à-vis des supporters visiteurs. À minuit, le média local AT5 fait état d'un "calme dans la ville". Environ une demi-heure plus tard, la police informe d'une intervention des forces anti-émeutes à plusieurs endroits de la ville, notamment près des berges sud et sur le Dam. Il est question d'affrontements entre "des jeunes et des supporters du Maccabi", mais aussi de heurts avec les forces de l'ordre.
Manifestement tournées avant le déploiement de la police, des images apparaissent sur les réseaux sociaux après minuit. Elles montrent des supporters du Maccabi Tel-Aviv violemment frappés dans les rues de la ville. Certaines vidéos amateures font entendre des individus crier "Free Palestine". "Ça, c'est pour les enfants tués!", dit un agresseur en référence à la guerre à Gaza.
"Les émeutes sur la place du Dam et aux alentours ont consisté en de brefs incidents qui se sont résolus très rapidement lorsque nous sommes arrivés sur place. Il n'y a pas eu de blessés pour lesquels nous avons dû appeler une ambulance. Il se peut qu'il y ait eu des blessés qui ne se sont pas présentés ou qui se sont soignés eux-mêmes, mais nous n'avons pas été sollicités", a déclaré un porte-parole de la police. On apprendra plus tard que cinq personnes ont été hospitalisées et que 62 arrestations ont été effectuées. Mais la majorité des interpellations auraient eu lieu avant et pendant le match, selon De Telegraaf.
À 1h du matin, sur la place emblématique de la capitale, la situation est sous contrôle. Des supporters du Maccabi Tel-Aviv s'y trouvent et sont en sécurité. Des bus sont affrétés et placés sous escorte policière pour qu'ils rentrent dans divers hôtels.
- Des personnes seraient portées disparues
Des médias israéliens ont fait état de supporteurs du Maccabi Tel-Aviv portés disparus après les violences. Les autorités néerlandaises n'ont fourni aucune information à ce sujet. D'après De Telegraaf, des personnes sont effectivement recherchées. Mais des vols et pertes de téléphone pourraient expliquer ces disparitions.
- Les supporters du Maccabi Tel-Aviv ont causé des incidents avant le match
Des incidents ont éclaté à Amsterdam dès la veille du match. Des supporters du Maccabi Tel-Aviv, réputés pour avoir participé à de violents affrontements dans d'autres pays, ont notamment arraché des drapeaux palestiniens accrochés à des fenêtres. L'un de ces drapeaux a été brûlé sur la place du Dam, selon De Telegraaf. Lors de cette déambulation, des chauffeurs de taxi ont été pris à partie. Par la suite, d'autres fans du club israélien ont été contraints de se retrancher au Holland Casino. L'intervention de la police a évité des affrontements supplémentaires.
Par ailleurs, d'autres images montrent que des supporters du Maccabi Tel-Aviv ont scandé des chants provocateurs, insultants et haineux en lien avec la guerre à Gaza: "Mort aux Arabes! Laissez l'armée d'Israël gagner, on va b*** les Arabes!", selon la traduction de NBC News. Puis dans le stade, le parcage des fans israéliens n'a pas respecté la minute de silence organisée avant le coup d'envoi en hommage aux victimes des inondations meurtrières en Espagne.
- Des chauffeurs de taxi et des jeunes en scooter suspectés
Pour les violences survenues jeudi soir, les premiers éléments de l'enquête rapportés par les médias néerlandais suggèrent que les suspects sont principalement des chauffeurs de taxi et des jeunes qui circulaient à scooter.
Des groupes Telegram auraient servi à communiquer entre eux, sur lesquels des rumeurs évoquaient la présence de présence de militaires israéliens et d'agents des services de renseignement israéliens (Mossad) parmi le cortège de supporters du Maccabi.
- Vague d'indignation internationale
Dès l'aube, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dénoncé des violences "effroyables" et annoncé l'envoi de deux avions avions à Amsterdam pour secourir des supporters du Maccabi Tel-Aviv. "Les images difficiles de l'agression contre nos citoyens à Amsterdam ne seront pas ignorées", a-t-il assuré. Le nouveau chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, a fait savoir son intention de se rendre sous peu à Amsterdam pour une "visite diplomatique urgente".
Le Premier ministre néerlandais Dick Schoof a qualifié d'"inacceptables" les "attaques antisémites contre des Israéliens". "Je suis en contact étroit avec toutes les personnes concernées", a-t-il ajouté.
En France, ces heurts rappellent que les Bleus affrontent Israël au Stade de France le 14 novembre. Un match que Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, compte bien maintenir avec du public: "Certains demandent la délocalisation du match France-Israël. Je ne l'accepte pas: la France ne recule pas car cela reviendrait à abdiquer face aux menaces de violence et face à l'antisémitisme".