
Séville-Inter: au bout d'une saison XXL, Lukaku peut faire mieux que Ronaldo
Plus de dix ans de carrière au haut niveau, et près de dix ans de critiques. Depuis ses débuts chez les professionnels à Anderlecht en 2009, Romelu Lukaku doit composer avec des détracteurs qui se plaisent à railler le moindre de ses ratés. Le Belge ne serait pas assez élégant balle au pied, pas assez rapide, pas assez clinique face au but. En bref, pas suffisamment complet pour être considéré comme l’un des meilleurs attaquants au monde. Son frère Jordan résumait plutôt bien la chose dans une interview à Eleven Sports en début d’année: "On a essayé de l'enterrer 1.000 fois. Tous les attaquants avec qui il était en concurrence, soi-disant ils étaient tous meilleurs que lui. Romelu est gentil, il n'est pas comme moi. Il ne parle pas, il montre son mental, sa persévérance, ne dit que des choses positives. Et malgré tout ça, on lui chie dessus."
Un schéma parfait pour lui
Mais ces derniers mois, les anti-Lukaku se font beaucoup plus discrets. Tailler un attaquant sur le point de faire mieux qu’un certain Ronaldo Luis Nazario de Lima devient de plus en plus compliqué. Avec 33 buts inscrits cette saison toutes compétitions confondues pour sa première année à l’Inter Milan, Lukaku est sur les traces de la légende brésilienne à l’heure de défier le FC Séville ce vendredi soir en finale de la Ligue Europa (21h sur RMC Sport 1 et RMC Story). En 1997-1998, pour sa première saison chez les Nerazzurri, Ronaldo avait claqué 34 buts en 47 matchs. Une saison conclue par une victoire… en Coupe de l’UEFA (depuis rebaptisée Ligue Europa). Titulaire lors de la finale au Parc des Princes aux côtés d’Ivan Zamorano et Youri Djorkaeff, l’ancien Barcelonais avait participé au festival contre la Lazio de Pavel Nedved (3-0) en inscrivant le troisième but de son équipe.
Les moins jeunes s’en souviennent forcément. Lancé en profondeur, il avait échappé à la vigilance d’Alessandro Nesta, avant d’étourdir le portier italien Luca Marchegiani d’une série de feintes de corps et de terminer par une frappe du droit dans le but vide. Du génie pur. Lukaku n’aura jamais sa technique. Passer en revue trois ou quatre joueurs ne fait pas partie de son ADN. Mais les défenses de Serie A et celles qui ont croisé sa route cette année sur la scène européenne ont pu se rendre compte à quel point il a progressé sous les ordres d’Antonio Conte. Le 3-5-2 cher à l’entraîneur italien semble fait pour lui. Son duo avec l’Argentin Lautaro Martinez représente un poison pour n’importe quelle équipe.
Conte sous le charme
"Romelu est un joueur atypique. Même s'il mesure 1m90, même s'il est imposant physiquement, il est aussi rapide. Il peut être un point d'appui en attaque, mais il peut aussi prendre la profondeur, comme un joueur de football américain. J'ai insisté pour que nous achetions ce joueur et je crois qu'il a encore une grande marge de progression", se félicitait Conte le mois dernier. Passé de Manchester United à l’Inter l’été dernier contre un chèque de 74 millions d’euros, Lukaku ne doit pas non plus regretter d’avoir quitté l’Angleterre. Précieux par son jeu dos au but et ses remises en une touche, intelligent dans ses déplacements et tueur dans la surface, il n'a jamais semblé aussi fort. C'est simple, même Daniel Riolo, très critique par le passé à l’égard de l’international belge de 27 ans, est tombé sous le charme.
"J’ai envie de faire une déclaration d’amour à Lukaku. Il ne me plaisait pas. Tous les gens qui écoutent l’After savent à quel point j’ai pu être dur avec lui. Mais aujourd’hui je l’adore. J’adore ce qu’il fait sur le terrain, j'adore son dévouement. Il misait peut-être trop sur sa masse physique. Il est dans un schéma tactique qui est parfait pour lui. Il est extraordinaire", confiait Riolo lundi dernier après le carton de l’Inter contre le Chakhtior Donetsk en demi-finale de la Ligue Europa (5-0). Comme Lautaro, Lukaku avait claqué un doublé ce soir-là. Un nouveau doublé face à Séville lui permettrait de sublimer sa merveilleuse saison en faisait mieux que Ronaldo. Rien que ça.