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Son avenir, les critiques, la Coupe d’Europe,…: Christopher Galtier se confie

Christophe Galtier

Christophe Galtier - AFP

Derrière Robert Herbin (663) et Jean Snella (516), Christophe Galtier est le troisième entraîneur avec le plus de matches à la tête de l’ASSE (345). En poste depuis décembre 2009, il a mené les Verts quatre fois de suite en Europe, gagné des derbies et dépoussiéré l’armoire à trophées. Avant le déplacement à Manchester United, ce jeudi (21h05), le technicien de 50 ans a accepté d’évoquer, en longueur, sa belle aventure dans le Forez.

L’obsession de Saint-Etienne pour l’Europe

« Chaque saison, depuis quatre ans, l’AS Saint-Etienne est en Europe. Et saison après saison, on s’est amélioré sur le plan européen et ça a une incidence sur notre parcours en championnat. Mais je pose la question : Est-ce qu’à Saint-Etienne on peut vouloir tout donner pour l’Europe et être performant en championnat ? Je crois que c’est difficile par rapport à nos moyens. Est-ce qu’il faudrait que je fasse comme d’autres clubs, après ce sont des stratégies qu’il faut assumer, c’est-à-dire que l’Europe doit permettre de faire jouer des jeunes ? Je ne crois pas que dans le Chaudron on puisse accepter, non pas de bafouer l’Europe, mais de dire qu’on ne met pas la meilleure équipe possible parce qu’il y a des matchs de championnat le dimanche. Le constat que je fais, c’est que saison après saison les résultats européens se sont améliorés et que malheureusement ça a une incidence sur notre parcours en championnat. »

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Les critiques sur le jeu développé

« Je n’ai pas de problème avec les remarques. Je constate. On est à la lutte pour être européens avec Marseille, qui a acheté un joueur 9 millions plus bonus (Morgan Sanson, ndlr) et un autre à 30 millions (Dimitri Payet), avec Lyon qui a fait un joueur à 17 millions (Memphis Depay). Ça montre l’écart qu’il y a. La réalité est là, pas autre part. Alors je sais, le jeu défensif, etc… Je vais attendre de voir quand d’autres clubs seront européens, qu’ils joueront jeudi et dimanche, comment sera leur jeu. Il y a un tel amour, une telle ferveur à Saint-Etienne. Mais l’amour rend aveugle, on en perd la lucidité. Et moi je suis obligé de garder cette lucidité. Et je ne cherche pas d’excuse, aucune excuse. Je constate que, saison après saison, c’est plus difficile. Je reçois même des courriers qui disent : « Si vous n’êtes plus motivé, partez ». Mais c’est faux. Je suis sûrement plus motivé cette saison que d’autres avant, parce que c’est dans la difficulté que je me reconnais. Pour garder notre position, il faut qu’on aille tous puiser, les joueurs et moi, au plus profond de soi-même. »

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Sa relation avec les présidents Romeyer et Caïazzo

« Ça marche très bien. Le seul problème, c’est que je suis de plus en plus dans l’affectif parce que ça fait huit ans. Ce n’est pas un problème, je plaisante. Il faut se dire les choses, comme dans un couple, mais le problème c’est que là on est trois (rires). Avec Roland Romeyer, ça peut péter. Avec toujours beaucoup de respect, jamais d’insultes bien évidemment. Il y a à la fois la hiérarchie et aussi l’âge. Mais ça peut péter. Des fois, il y a trente secondes où c’est très électrique, sur des points de vue différents, comment on pourrait améliorer les conditions de travail, comme par exemple avoir une nouvelle salle de projection vidéo. Ça va être très difficile ce que je vais dire, car j’ai perdu mon papa au mois d’août, mais c’est comme un père de plus de 70 ans et un enfant de 50 ans qui n’est plus un enfant, mais qui est quand même son enfant. Avec Bernard Caïazzo, c’est un peu différent. Il est plus politique, plus à l’aise dans les conversations pour arriver à contourner les conflits. Ils sont différents, très complémentaires et ça fait huit ans que je travaille en étroite collaboration avec eux. Souvent je pense que quand il y aura une fin à cette histoire-là, ce sera la fin d’une collaboration professionnelle mais jamais la fin d’une relation amicale et affectueuse. »

Des demandes pour augmenter les moyens pour le mercato

« Jamais. Je connais les moyens du club. Parfois je leur demande de faire attention de ne pas faire croire aux gens qu’on peut être comme les autres. On a d’autres atouts, mais on n’a pas les moyens des autres. Mais je ne leur demande pas de me donner plus de moyens. Je sais ce qu’on peut faire. Les supporters, je les comprends, mais à l’heure où l’on se parle le club a deux propriétaires : Bernard Caïazzo et Roland Romeyer. On n’est pas sur des gens qui ont des fortunes comme peuvent avoir les investisseurs qui sont rentrés dans notre football. Il faut respecter ce qu’ils font depuis des années, le travail qui est fait. On ne pourra pas rivaliser avec les autres clubs. Est-ce qu’un jour les deux propriétaires du club vont s’ouvrir sur l’extérieur ? Je ne sais pas et je n’ai même pas à porter un jugement là-dessus. »

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Son aventure à Saint-Etienne peut-elle encore durer ?

« Oui, ça peut durer. Je suis loin d’être malheureux, par contre je ne veux pas rester pour battre des records de longévité ou de matchs par rapport à deux illustres entraîneurs qui ont créé l’histoire du club. Je ne suis pas là pour ça. Je ne suis pas parti. A partir du moment où les objectifs sont cohérents par rapport aux moyens donnés, il ne peut pas y avoir de frustration. On peut avoir du plaisir à faire éclore de jeunes talents. Quand je regarde Dimitri Payet faire un très grand Euro, je me dis qu’on a réussi avec lui. Pourtant, un jour il est parti avec sa valise prendre le train et m’a dit : « Je vais à Paris ». Non Dimitri, tu vas rester. Quand je vois Aubam’ (Aubameyang) à Dortmund, Kurt (Zouma) à Chelsea, Faouzi (Ghoulam) à Naples, Blaise (Matuidi) à Paris, Josuha (Guilavogui) à Wolfsburg, je prends du plaisir à les voir au très haut niveau. Je ne suis pas jaloux. Je prends du plaisir à développer et voir éclore de jeunes talents, qui peuvent après être des joueurs de classe européenne. »

Edward Jay