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Foot féminin: des joueuses de D1 espagnole racontent les "barbaries" imposées par leur entraîneur

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D'anciennes joueuses d'Alhama, en D1 espagnole, ont dénoncé le comportement de l'entraîneur Randri Garcia, accusé d'avoir proféré des insultes sexistes et d'avoir envoyé une photo à caractère sexuel à ses joueuses. Certaines assurent avoir vu "des barbaries" et le décrivent comme "un harceleur professionnel".

"L'affaire" Randri Garcia agite l'Espagne depuis quelques jours. Cette semaine, la presse espagnole annonçait que l'entraîneur d'Alhama (D1 féminine), aurait envoyé une photo à caractère sexuel à ses joueuses. Ces dernières seraient victimes d'insultes sexistes, de manque de respect, de traitement humiliant et d'un comportement inapproprié de la part de leur entraîneur, en poste depuis 2018.

17 joueuses, via un communiqué, ont démenti les informations parues, affirmant qu'elles ne se sont jamais "senties harcelées par des gestes ou des actions" qui pourrait porter atteinte à "leur dignité". Pourtant, Relevo a recueilli les témoignages de cinq anciennes joueuses d'Alhama qui ont côtoyé Randri Garcia.

"Ce n'est pas un harceleur sexuel, c'est un harceleur professionnel"

Beatriz Hernandez a été l'une des premières à dénoncer publiquement les agissements du coach espagnol. "Il nous a détruit en tant que joueuse et en tant que personne. Il nous a même dit: 'vous avez plus de queue que moi'. J'ai oublié beaucoup de choses scandaleuses qu'il m'a dites, c'est comme si mon esprit avait été réinitialisé. Mais elles finissaient chaque match en pleurant. Et il (Randri Garcia) nous disait: 'Ne vous inquiétez pas, d'autres viendront qui feront mieux'", explique-t-elle.

De son côté, une autre joueuse - sous couvert d'anonymat - relate les "barbaries" dont certaines filles ont été victimes. "C'est la personne la plus froide que j'ai rencontrée dans ma vie. Quand il est venu me serrer dans ses bras... c'était très étrange. J'ai dit: 'Non, s'il vous plaît'. Mais ce n'était pas à cause de quelque chose de bizarre, mais parce que nous étions tous les deux mal à l'aise. Parfois, il arrivait sur le terrain et ne nous saluait même pas."

"Je savais que j'allais me jeter dans la gueule du loup"

Les témoignages recueillis par Relevo sont accablants pour l'entraîneur Alhama, décrit comme un menteur. "Il prétendait toujours qu'il ne se mêlerait jamais de notre vie privée, mais c'était un mensonge. Je me souviens d'un jour où je jouais très mal, explique Beatriz Hernandez. Il est venu me voir et m'a dit: 'Quoi, tu es lesbienne ? Tu es amoureuse ?' Il m'a demandé si j'avais dormi chez moi [...] Il jouait sur le fait qu'il était le propriétaire du club et que son père en était le président, ils savaient qu'il ne serait jamais viré."

L'ancienne défenseur d'Alhama (2016-2019) avoue s'être jeté "dans la gueule du loup" malgré les avertissements de son père. "Je savais déjà comment fonctionnait ce club, mais on pense toujours que ça ne nous arrivera jamais. Mon père venait toujours me voir jouer au football, et quand j'ai commencé à jouer pour Alhama, il a déménagé."

Cinq joueuses actuelles confirment les agissements de Garcia

Si 17 joueuses ont nié les faits reprochés à Randri Garcia, cinq autres ont publié un communiqué dans lequel elles reconnaissent le traitement que leur a infligé leur entraîneur. L'une d'entre elles avoue s'être sentie dans "une dictature" et avoir su "parfaitement que ce qui se passait n'était pas normal".

"Mais s'il y a encore des gens qui disent 'ce n'est pas grave', 'c'était une blague' ou 'comme vous êtes sensibles, vous les femmes', ils se trompent et ça fait mal. Le mal est déjà fait", a déclaré l'une des protagonistes à Europa Press, dans des propos rapportés par la presse espagnole.

AS