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Pourquoi c’est compliqué d’atteindre l’égalité salariale hommes-femmes en France dans le foot

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A l’inverse des Américaines, les joueuses de l’équipe de France de football ne bénéficient pas de l’égalité salariale avec les Bleus. Une réalité qui s’explique par un net écart de palmarès et qui ne constitue pas encore la priorité des footballeuses tricolores.

L’équipe américaine féminine de football a obtenu une victoire historique. Pas sur le terrain, où les coéquipières de Megan Rapinoe et Alex Morgan restent au sommet de la hiérarchie mondiale mais bien en-dehors où les Américaines ont remporté leur bataille avec leur fédération. Mardi, les doubles championnes du monde en titre ont obtenu gain de cause dans leur quête d’égalité salariale avec l’équipe masculine.

"U.S. Soccer s'est engagé à fournir un salaire à taux égal à partir de maintenant pour les équipes nationales féminine et masculine lors de tous les matches amicaux et tournois, y compris la Coupe du monde", prévoit l’accord signé entre les joueuses et l’USWNT. Aussi importante soit-elle, une telle avancée n’est pas encore à l’ordre du jour en France. Une situation qui interroge mais ne semble pas encore devenir problématique selon la capitaine tricolore Wendie Renard.

"On sait que le football américain a beaucoup d’avance sur le football européen parce que là-bas le soccer est vraiment le sport numéro un. En fait il n’y a pas photo, a expliqué la défenseure française mardi soir après le succès des Bleues dans le Tournoi de France. Aujourd’hui, elles ont des titres, elles ont un palmarès donc elles peuvent se permettre d’avoir cette lutte avec leur fédération. En terme médiatique, elles sont vraiment populaires alors que c’est très peu le cas en Europe avec les équipes nationales. C’est sûr que c’est intéressant mais il faut continuer à travailler pour gagner. Et puis quand tu gagnes tu as plus de pouvoir pour demander des choses."

Une différence contractuelle

Les joueuses américaines qui se trouvent en sélection sont salariées de la Fédération américaine de football. Au contraire de la France où les internationales sont liées avec des clubs privés et mises à la disposition de l’équipe de France pour les rencontres internationales.

Il semble donc impossible, pour des questions de droit du travail, d’imposer un minimum salarial aux entreprises privées qui emploient les footballeuses et les rémunèrent en fonction des contrats de sponsoring, toujours inférieurs à ceux des équipes masculines. Les joueuses tricolores bénéficient également de primes versées par la FFF et leurs montants restent indexés sur la somme que touche l’instance pour une participation et leurs performances lors d’une compétition.

La bataille des infrastructures

Première lauréate du Ballon d’or en 2018, la Norvégienne Ada Hegerberg a lancé une autre bataille en faveur du football féminin. Depuis des mois et des années, la Norvégienne de l’OL réclame un meilleur accompagnement des équipes au niveau des infrastructures. Avant de penser à l’égalité salariale, l’attaquante veut d’abord pouvoir exercer son métier dans des conditions optimales. Ces dernières semaines, la Scandinave a multiplié les demandes auprès des instances françaises et européennes pour mieux développer le football féminin.

Un avis partagé par de nombreuses joueuses dont la capitaine des Bleues Wendie Renard. "Avant tout, ce n’est pas l’égalité qui est intéressante. Ce sont déjà les structures, a expliqué la coéquipière d’Ada Hegerberg ce mardi après le match des Bleues contre les Pays-Bas. Je le dis souvent mais les structures dans les clubs et le quotidien (sont importants). Après c’est sûr que quand tu arrives à gagner des titres avec l’équipe nationale tu peux demander des choses à la fédération. Pour l’instant notre palmarès est vierge et on se bat déjà sur le terrain pour faire honneur à notre pays. Cela évolue bien en Europe et on ira vers cette égalité dans les années à venir et c’est normal car je pense qu’on le mérite aussi."

Jean-Guy Lebreton avec Anthony Rech