FFF: "Je ne vois pas en quoi le football aurait un problème particulier avec l’homophobie", estime Diallo

Le président de la Fédération française de football Philippe Diallo, à l’instar de son prédécesseur Noël Le Graët, considère que le football français n’a aucun problème avec l’homophobie. "Je ne vois pas en quoi le football aurait un problème particulier avec l’homophobie", a objecté le dirigeant nouvellement élu au Parisien, deux semaines après son intronisation officielle à la tête de la FFF. Tout semble cependant indiquer le contraire.
Depuis deux ans, Ouissem Belgacem, ancien pensionnaire du centre de formation de Toulouse, raconte, à qui veut bien l’entendre, comment il a dû renoncer à sa carrière de joueur de football professionnel en raison de son homosexualité. Retiré du monde du football, l’ancien arbitre Nicolas Pottier est venu raconter à notre micro comment des portes lui ont été fermées en raison de son homosexualité.
Principal instigateur du week-end de football dédié à la lutte contre l’homophobie, Yoann Lemaire se rend chaque année dans les clubs et constate à quel point le problème est grave, et sous-estimé par les instances. "Pour moi, les principes sont clairs. On doit éduquer, c’est ce qu’on fait. Ça ne se sait pas toujours mais on a des programmes spécifiques, avec le Fondaction notamment. Des associations viennent dans les centres de formation. Ce travail, on le fait mais on a bien vu quelques résistances. Ça reste très marginal", soutient Diallo.
Diallo: "On doit éduquer et parfois sanctionner"
Le dernier week-end de mobilisation organisé en mai par la LFP dans le cadre de la journée mondiale de lutte contre l’homophobie a pourtant prouvé que le chemin est encore long. Le message universel promu par les instances du football n’est pas du goût de tous les joueurs, loin de là.
Cinq d’entre eux, dont les noms ont filtré dans la presse, ont ainsi refusé de porter le maillot arc-en-ciel, et il est permis de penser que d’autres sont passés sous le radar. Les joueurs identifiés se justifient le plus souvent en expliquant ne pas vouloir faire la promotion d’une idéologie, alors qu’il s’agit de rappeler, comme le fait d’ailleurs Philippe Diallo dans les colonnes du Parisien que, "quelle que soit son origine, son orientation sexuelle, tout le monde doit avoir sa place".
"Mais peut-être que la réflexion doit être de savoir comment mieux faire passer le message. On doit être dans un travail de pédagogie, éduquer et parfois sanctionner", propose Philippe Diallo au Parisien.
Dans de nombreux pays, l’homosexualité est passible de peines de prison, voire de la peine de mort. C’est le cas au Sénégal, dont Idrissa Gueye et Donation Gomis sont originaires. Ces deux joueurs ont boycotté le maillot arc-en-ciel ces deux dernières années, tout commele Toulousain Zakaria Aboukhlal et le Nantais Mostafa Mohamed qui a invoqué des "convictions personnelles" et "croyances" (religieuses) pour expliquer leur décision.
"Il faut dire à ces joueurs que porter ce maillot n'est pas défiler à la Gay Pride, rappelait Valentin Rongier dans La Provence, en réaction à la polémique. C'est juste pour dire qu'il faut combattre l'homophobie parce qu'il y a des injustices, des gens qui se font frapper, tuer parce qu'ils sont homosexuels et qu'en 2023, ce genre de situations ne doit plus arriver."