Fifa - Blatter : "Platini est innocent, comme moi"

Son audition devant la Commission d’appel de la Fifa
« Mon audition de mardi était un peu spéciale par rapport aux précédentes avec la commission d'éthique. La commission d'appel de la Fifa est composée uniquement de personnes de la Fifa. Je me suis senti plus à l'aise avec eux. »
La multiplication des affaires de corruption
« Je suis le premier à être déçu de cette affaire de corruption. On dit que c’est Blatter qui est responsable de tout. C’est beaucoup trop facile. La justice américaine a pris en main la Fifa et ses membres. Ce sont des personnes qui viennent d'Amérique du Nord et du Sud qui ont commis des délits dans leurs confédérations. Et La Fifa n’a pas de droit de regard sur les activités des confédérations. Je ne peux pas être la conscience morale de ces personnes. »
La fin de son ère à la Fifa
« Je suis triste de mon départ de la présidence de la Fifa. Il faut voir tout ce qu'on a fait pour le football. Le football n'a jamais été aussi bon qu'actuellement. On le joue partout. Le départ qu'on me prépare, c'est d'une tristesse. Il y a des situations contre lesquelles vous n'avez pas d'arme. Et d'un coup, vous n'avez plus d'amis. Je suis content d’arriver à la fin de mes responsabilités. Quarante-et-un an, c’est beaucoup. Mais je ne peux pas me séparer du football et de la Fifa. Je ne peux pas dire que c’est fini et que je ne fais plus rien. On a développé le football avec l’aide de la télévision. Je ne peux plus prendre une autre responsabilité dans le football. Mais j’aimerais bien que cette Fifa continue d’exister comme avant. Malgré tous ces scandales, la Fifa, c’est plus de 40 employés. La Fifa continue de fonctionner. »
Une image écornée
« Ça ne tue pas l’image de la Fifa, ce n’est pas vrai. Le football continue d’exister. Il est devenu un mouvement beaucoup trop grand pour qu’il soit hypothéqué. Dans les grandes entreprises mondiales, il y a de temps en temps des fautifs et on les change. C’est ce qu’on fait. Je suis responsable mais je ne suis pas le seul. Mais il ne faut pas oublier que le football est un sport de passion. »
La suspension pour 12 ans de Jérôme Valcke, son ancien bras-droit
« On n’est pas au tribunal ici. Vous pouvez m’attaquez moi, je peux me défendre. Mais vous ne pouvez pas attaquer Valcke. Il n’y a pas de preuve de ce qu’on lui reproche. L’histoire de son avion privé, ce n’est pas une affaire d’éthique. C’est une affaire de gestion de budget. Est-ce qu’il a vendu des billets pour la Coupe du monde 2014 ? On n’en sait rien. Sa condamnation est peut-être justifiée sur un autre plan, mais pas sur un plan éthique. »
Un coup monté des Américains ?
« Les Américains ont décidé de prendre le contrôle de la Fifa. Il y a eu cette fameuse conférence de presse où ils ont dit que la Fifa était une organisation mafieuse qu'il fallait détruire. »
L’attribution des Coupes du monde 2018 et 2022
« Pour les Coupes du monde 2018 et 2022, il y avait une idée économique. On voulait faire quelque chose pour le marché et nos partenaires économiques. Comme ça, ils pouvaient anticiper. Mais en même temps, il y avait un accord tacite : pour 2018, la Coupe du monde devait revenir en Europe. On n'était jamais allé à l'Est. Donc la Russie était un candidat valable. Et pour 2022, on devait revenir en Amérique du Nord. Le seul pays qui avait le potentiel, c'était les Etats-Unis. Mais c'est tombé à l'eau. »
Le soutien de Sarkozy en faveur du Qatar
« Je n’en veux pas particulièrement à Sarkozy. Pas du tout. Les Coupes du monde sont attribuées par des interventions politiques. Et cette intervention politique française a fait changer cet accord tacite. Et si on avait choisi les Etats-Unis, on n’aurait pas tous ces problèmes. Moi, je n’étais pas pour la Coupe du monde au Qatar. Après, j’ai travaillé dessus quand ça a été décidé. Je n’ai jamais eu des pressions des Qataris. »
Ses rapports avec Platini
« Je ne parle pas de traîtrise par rapport à Platini. Il a juste changé d’avis. Il m’a téléphoné après son entrevue avec Sarkozy pour me prévenir. Je ne crois plus qu’on soit ennemis avec Platini. Selon ses dernières déclarations, il me trouve sympathique. En septembre, quand on est passés devant le comité exécutif de la Fifa, on s’est demandé pourquoi. Depuis ce jour, je n’ai plus parlé avec Platini. Ni au téléphone, ni à l’écrit. »
Le versement controversé en faveur de Platini
« Il y a eu un accord oral (concernant le versement d’1,8 million d’euros à Platini en 2011), qui est également un contrat. C’est dans la loi suisse et dans le code d’organisation de la Fifa. Un contrat peut être fait oralement. Platini est innocent. Comme moi. Il n’y a rien là-dedans. C’est une affaire comptable. Pas une affaire d’éthique. Il y avait un contrat qui existait. Et on doit l’honorer. C’est ma philosophie. »
Un enrichissement personnel sur le dos de la Fifa ?
« Nous ne donnons pas les chiffres de mon salaire. C’est une telle curiosité. Moi, je n’ai jamais demandé un salaire. J’ai toujours pris ce qu’on m’offrait. Je n’ai jamais touché de l’argent que je n’ai pas gagné en travaillant. Je ne suis pas un homme riche. Je vis confortablement. J’ai un appartement dans mon village natal et un autre de vacances. C’est tout. Je suis un serviteur du football. Je continuerai toujours dans cette voie. La Fifa a marqué ma vie. Et j’ai marqué la vie de la Fifa. »
La prochaine élection de la Fifa (26 février)
« Quatre des cinq candidats ont parlé avec moi. Je ne peux pas prendre parti. Ce n’est pas possible. Plusieurs fédérations nationales m’ont demandé pour savoir pour qui ils devaient voter. Je leur ai dit de leur faire en leur âme et conscience. Ça ne sera pas facile pour le nouveau président de mettre en route les réformes que j’avais annoncées. C’est ce que je regrette le plus. On m’a suspendu donc je n’ai pas pu travailler là-dessus. On a décapité la Fifa avec les suspensions de moi-même, de Jérôme Valcke et de Michel Platini le même jour, après une instruction très rudimentaire et sans avoir été écoutés par le tribunal. »