Gabon: Ndong refuse de jouer, Lemina s'en mêle

Ceux qui suivent le football africain savent qu'aucun rassemblement du Gabon, ou presque, ne se déroule sans une petite polémique. Mais celle-ci est autrement plus sérieuse. Alors que le championnat de football local est arrêté depuis deux ans, l'Association nationale des footballeurs professionnels du Gabon (ANFPG) a tenté en milieu de semaine de profiter de la présence des Panthères à Bongoville pour se faire entendre.
Emmenée par l'ancien Rennais et ex-international Stéphane Nguéma, une petite délégation est allée manifester devant l'hôtel de l'équipe nationale, pour alerter Pierre-Emerick Aubameyang, Bruno Ecuele Manga et les autres, et éventuellement obtenir leur soutien dans ce combat pour une reprise du championnat. Sauf que la délégation en question, sous les fenêtres des internationaux, a été... arrêtée par les forces de l'ordre. Ce qui a semble-t-il provoqué des tensions dans le vestiaire des Panthères.
Ndong boycotte un match pour soutenir ses compatriotes...
Sur les réseaux sociaux, le milieu gabonais Didier Ndong (Yeni Malatyaspor) a ainsi annoncé jeudi soir qu'il ne disputerait pas le match contre la Libye ce vendredi (17h), par soutien aux interpellés.
"La notion de solidarité est celle qui m'habite le plus. Loin d'être un hypocrite, je ne serai pas à Franceville pour la simple et bonne raison qu'en aucun cas je ne tolère les arrestations de Stéphane Nguema et d'autres anciens joueurs internationaux, a écrit Ndong. Pour avoir milité pour le retour du championnat local, Stéphane Nguema a été lâchement arrêté. Mais ils ne se sont pas arrêtés là, en plus de ça, ils l'ont gardé toute la nuit dans un poste de gendarmerie du Haut-Ogooué. Pour moi c'est inadmissible, Stéphane a porté haut les couleurs du Gabon, il est un exemple pour moi, mieux, une fierté nationale. Il a tout mon soutien. Pour marquer ce soutien, j'ai refusé de monter dans l'avion qui mène à Franceville."
... et se fait tacler par Lemina
Louable, cette prise de position a pourtant valu à Ndong un tacle... de son coéquipier Mario Lemina. "Au moins supporte-nous, nous les hypocrites", a grincé le Niçois en commentaire.
Critiqué par de nombreux supporters gabonais pour cette attaque gratuite, Lemina s'est ensuite longuement expliqué. "On est vraiment navré de ce qui s’est passé pour nos anciens internationaux, car à ce niveau-là nous ne sommes pas maîtres de la situation, a-t-il écrit dans un deuxième temps. Le problème qu’eux cherchent à traiter depuis plusieurs années est bien plus profond que ce que vous croyez, et moi-même je les soutiens dans cette cause, comme tous les joueurs présents. Mais ce qui n’est pas bien dans cette histoire, c’est de jouer de cette situation grave qui touche le pays." Et de poursuivre avec mystère: "Quand vous allez connaître la vérité sur certaines choses, vous-mêmes vous allez être choqués".
Aubameyang, lui, se veut prudent
Et le capitaine, dans tout ça? Interrogé jeudi en conférence de presse, Pierre-Emerick Aubameyang, qui jouera bien (comme Lemina) contre la Lybie, a fait en sorte de ne pas trop se mouiller. "On n'est pas du tout dans l’indifférence par rapport à cette situation, a d'abord expliqué l'attaquant d'Arsenal. On espère tous que le championnat gabonais reprenne, on est tristes par rapport à cela. Après, en ce qui concerne les ex-coéquipiers, ils ont été joueurs, ils savent très bien combien c’est important de bien se préparer. On a souvent eu des problèmes les années passées avant les matchs… Ils ont fait ce déplacement, ils auraient pu attendre la fin du match quand on sait à quel point cette rencontre est importante pour la qualification. Je n’aime pas polémiquer, j’espère juste que la situation va se régler."
Troisième du groupe G, à six longueurs de l'Egypte, le Gabon est quasiment éliminé de la course au Qatar. Pour maintenir un infime espoir en vue de la dernière journée, les Panthères devront battre la Libye, tout en espérant une défaite (peu probable) de l'Egypte en Angola.