La méforme de Domenech

Une question fait énormément débat au sujet de la tactique des Bleus. Franck Ribéry blessé, fallait-il faire entrer Samir Nasri et le faire ressortir pour le remplacer par Jean-Alain Boumsong après l’expulsion d’Eric Abidal ?

Rolland Courbis : C’est une question délicate, car après un mauvais résultat on peut souvent penser que cela aurait été obligatoirement mieux si on avait procédé différemment. Là, ce n’est pas tout à fait le cas. Je pense que, dans le métier de sélectionneur et la gestion d’un match, il y a des choses qui sont interdites, et c’est ce qui s’est passé avec Nasri mardi soir.

Je ne mets pas cela sur le compte de l’incompétence de Raymond Domenech, mais plutôt sur sa méforme pendant cet Euro et ce n’est pas un déshonneur de dire d’un sélectionneur qu’il peut avoir des périodes de forme ou de méforme. On appelle cela parfois « les caprices du football », mais à un certain moment le football est assez logique.

Lorsqu’un garçon comme Samir Nasri rentre en cours de match, sans échauffement, pour pallier la blessure catastrophique de Franck Ribery et qu’il y a ensuite l’expulsion d’Abidal, nous nous retrouvons, avant le changement, avec trois défenseurs, trois milieux et trois attaquants. Il fait rentrer très logiquement un défenseur, mais il aurait fallu garder les trois milieux et sortir un des attaquants. Et si on me demande de choisir, je garde Benzema et Govou. Henry, qui fait une saison difficile et qui est en apnée à partir de la soixantième minute, eh bien malheureusement il sort, on l’applaudit, il donne son brassard de capitaine à quelqu’un d’autre et on passe en 4 défenseurs, 3 milieux de terrain et 2 attaquants qui sont capables sur un contre de faire la différence.

Au lieu de cela, c’est Nasri qui sort et trois attaquants qui restent à qui on demande de remplir le rôle de Nasri, qui est milieu de terrain... C’est tout à fait incompréhensible, incohérent et impensable. Alors on ne va pas dire que Raymond est incompétent, on va dire que sur ce coup Raymond a été mauvais. On est tous mauvais sur certains coups et cela vient souvent d’une méforme. On ne peut pas dire que la gestion de Nasri, sur ce coup-là, c’est la faute à « pas de chance ». « Pas de chance », je ne le connais pas, moi, mais Raymond Domenech, je le connais, c’est le sélectionneur.