La super-ligue européenne serait relancée par le président du Real et la Fifa

La chose avait été dévoilée en novembre 2018, lors des révélations des Football leaks: les 16 clubs les plus riches du continent auraient élaboré un plan de construction d’une super-ligue européenne, championnat totalement indépendant et séparé du reste des compétitions nationales.
Le but était financier. En organisant un championnat continental fermé et exonéré des contraintes comptables de l’UEFA, les clubs auraient pu développer leur médiatisation internationale et décupler leur rentabilité économique.
Une super-ligue avec 40 équipes et deux divisions
Seulement, sitôt l’information sortie, la plupart des équipes, dont le Paris Saint-Germain, avaient nié la chose et affirmé leur volonté de rester dans des ligues nationales. Pourtant, cela suivrait toujours son cours, si l’on en croit les informations dévoilées par le New York Times, dans l’édition du 5 décembre.
Le président du Real Madrid, Florentino Perez lui-même, aurait rencontré des dirigeants de grands clubs européens ainsi que Gianni Infantino, le président de la FIFA, afin de "remodeler le football européen".
Selon Tariq Panja, journaliste au New York Times, ce que propose Perez n'est rien de moins qu'un "changement de pouvoir révolutionnaire". Son projet serait le suivant: un championnat sur deux divisions, regroupant chacune 20 équipes des 5 grandes ligues européennes, la Premier League, la Liga, la Serie A, la Bundesliga et la Ligue 1, ainsi que quelques clubs invités d’autres championnats, dont l’Ajax Amsterdam, en Eredivisie, ou le FC Porto, en Primeira Liga.
Cette ligue continentale serait fermée, entre les 40 clubs, et garantirait des affiches spectaculaires tous les weekends, dont certaines rencontres organisées l’après-midi, afin de toucher un public international. La possibilité serait même donnée de délocaliser des matchs hors de l’Europe, en Asie ou en Amérique, afin de toucher plus de monde.
Florentino Perez, lorsqu’il a présenté le projet, a mis en avant les possibilités économiques démultiplicatrices, avec une hausse considérable des droits TV, des recettes marketing, merchandising et sponsoring. De même, en imposant une ligue fermée privée et totalement indépendante à l’UEFA, les clubs se libéreraient de la contrainte comptable du fair-play financier.
Une opposition féroce des ligues nationales et de l'UEFA
La proposition rencontrerait très probablement une résistance féroce, notamment de la part des ligues nationales. En un instant, une telle compétition décimerait la valeur des matchs des championnats et conduirait fatalement à leur disparition. L’European Leagues, le syndicat européen des ligues, avait interpellé les acteurs du football, lors d’un meeting organisé en octobre 2019, du danger que représenterait le projet d’un championnat fermé continental.
De même, l’UEFA serait totalement vent-debout contre un tel projet. En prenant les meilleures équipes, cela pourrait détruire la valeur de la Ligue des champions, le moteur financier de l’instance du football européen. Le président de l'UEFA, Aleksander Čeferin, a d'ailleurs transmis une réponse virulente au journaliste du New York Times.
"J’ai lu ce plan dément, explique-t-il. S’il faut y croire, cela vient d’un seul président de club (pas le propriétaire) et d’un administrateur du football isolé. Ce serait dur de penser à plan plus égoïste et égocentrique. Cela ruinerait clairement le football dans le monde, pour les joueurs, pour les supporters et pour tous liés au jeu. Tout ça pour le bénéfice d’un minuscule nombre de personnes. Heureusement, il y a toujours trop de bon sens dans le football pour que ce genre de concept fou réussisse. En fait, c’est tellement improbable que je ne peux pas croire que quelqu’un l’ait imaginé."
On voit bien qu’en soumettant le projet auprès de la FIFA, avec Infantino, et non auprès d’Aleksander Čeferin, Florentino Perez chercherait à accélérer le processus et à mettre fin à la suprématie de l’UEFA. Le but est clairement de s’autonomiser et de viser un développement économique mondial, en dehors des clous de la réglementation européenne du football.
Si les choses devaient se faire, elles devraient commencer à partir de 2024, lorsque le format des coupes d’Europe sera repensé.
Affaire à suivre donc …