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Abidal : « Laurent Blanc ressemble à Guardiola »

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A Barcelone, Eric Abidal est adoré. Compétitif, animateur du vestiaire blaugrana avec Gérard Piqué et Lionel Messi, il est devenu un cadre respecté. En France, son image, largement écornée après la débâcle en Afrique du Sud, commence tout juste à se redorer. Au cours d´une entrevue de quarante cinq minutes, à peine perturbée par un texto de Franck Ribéry, le défenseur des Bleus a tout évoqué : Laurent Blanc, le ballon d´or, Barcelone et bien entendu cette équipe de France où il semble avoir gagné sa place.

Vous êtes l´un des joueurs les plus appréciés par Pep Guardiola et le public de Barcelone. Comprenez-vous ce décalage avec le public français ?
Il vient d´où le problème ? Au Mondial, la presse a tout inventé. Les histoires avec Yohann (Gourcuff), Ti Franck, les meneurs... On disait que Franck frappait Yohann. Faut pas s´étonner qu´il ne parle plus aux médias français. Vous l´avez flingué. Moi, on a dit que j´empêchais les gens de sortir du bus, que j´organisais tout... Le seul truc que j´ai organisé en Afrique du Sud, c´est ma chambre.

Du coup, vous avez cru votre carrière internationale arrêtée ?
Un nouveau coach arrive, il entend ce que l´on dit.

C´est ce qui bloquait Laurent Blanc a votre avis ?
Il m´a assuré que non. Le coach, je ne le connaissais pas. Je l´ai découvert avant le match contre les Anglais. Et là, surprise, ça a bien marché...

Vous avez tout de suite vu la différence avec Raymond Domenech ?
Je respecte tous les coachs avec qui je suis passé. Avant, c´était beaucoup de duels, les entraînements étaient très physiques. Laurent Blanc, c´est pas pareil. Son discours, ses entraînements ressemblent à ceux du Barça. Ils sont basés sur des jeux de position, le contact avec le ballon. On n´a pas le droit de balancer devant. Je suis content de retrouver ce système de jeu.

Pensez vous avoir tué la concurrence au poste d´arrière gauche ?
J´en sais rien. J´ai des consignes en défense, je les respecte. Et avec le ballon, si je le donne proprement, je sais que j´ai fait mon boulot. C´est ce que le sélectionneur souhaite, que je fasse comme au Barça.

Blanc a-t-il libéré les joueurs mentalement ?
Il imposé un autre style. Les joueurs prennent du plaisir. Dans le discours d´avant match, il te met en confiance. Il ressemble beaucoup à Pep Guardiola.

A l´occasion de France-Brésil, la suspension sera levée pour Franck Ribéry. Doit-il revenir ?
Pour moi, Franck est incontournable. On s´envoie régulièrement des SMS, il dit que je ne lui file pas de nouvelles. C´est la famille, comme Nico (Anelka).

Vous pensez que l´équipe de France peut vite se reconstruire ?
Il faut trouver l´osmose : OK, moi j´ai Malouda devant moi, on se connaît par coeur, très bien. Et après ? C´est pas facile d´être sélectionneur, il faut trouver les gens complémentaires en peu d´entraînements. Il ne suffit pas de mettre deux doublettes. Au Barça, je sais comment la passer à Xavi, Iniesta ou Messi. Et eux, c´est encore pire ! Il se connaissent depuis dix ans.

Rendez vous compte de la chance que vous avez d´être dans la meilleure équipe du monde ?
C´est fabuleux.

Tous les joueurs avec qui vous évoluez ont gagné tout ce qui était possible dans une carrière. Comment faites vous pour vous maintenir à ce niveau ?
La force des grands joueurs, c´est de savoir se remotiver. A Barcelone, c´est facile. Tu es obligé de gagner tous les matches. Même un match nul à l´extérieur est considéré comme un mauvais résultat. L´entraîneur a aussi un rôle là-dedans, celui de garder tout le monde sous pression. Nous jouons gros, mais lui aussi. Et Pep, qui a été un grand joueur et un grand capitaine du Barça, sait exactement ce qu´il faut faire. Ce qui ne veut pas dire qu´il ne nous gueule pas dessus, hein ! Il le fait très bien quand il le faut ! Mais dans le fond, la réussite de Barcelone, c´est sa manière de jouer. Chaque matin, je me lève avec le sourire car je sais que je vais prendre mon pied. En match, c´est pareil. Quand on prend du plaisir, c´est difficile d´être lassé, non ?

Et pour le ballon d´or, vous voyez qui alors ?
Pour moi, Messi est au dessus. C´est un extra-terrestre. Iniesta, c´est un toucher de balle exceptionnel, Xavi ? Le meilleur organisateur au monde. C´est dur de comparer, ils ne jouent pas au même poste.

Certains disent qu´Iniesta est ce qui se rapproche le plus de Zidane actuellement...
Au niveau de la finesse technique, du toucher de balle, il y a un peu de ça. Mais Zizou n´aimait pas aller sur un côté, il rentrait rarement en dribble dans la surface... Et puis, Andres fait souvent un contrôle pour lui même, pour être dans le sens du jeu et attaquer. Zizou partait de plus bas. (Il réfléchit)... Aujourd´hui, Xavi est peut-être le joueur le plus important du Barça. Quand il n´est pas là, ça se ressent. Il pousse l´équipe vers l´avant. En une seule passe.

Laurent Blanc a voté Xavi...
Il a bon goût.

Un coach qui ne fait pas l´unanimité, c´est Claude Puel à Lyon. Qu´en pensez-vous ?
C´est pas simple pour lui. L´équipe a trop changé en trois ans. Il reste qui maintenant ? Cris, Réveillère et Toulalan. A Lyon on a gagné sept fois de suite le championnat. Dites moi combien de joueurs signaient chaque été ? Un ou deux. C´était facile pour Le Guen, Houllier ou Perrin.

N´empêche, la pauvreté du jeu, Lisandro Lopez qui boude dans son coin...
Lopez, c´est un Argentin, il veut jouer. Alors un système défensif... Je ne défends pas Puel, mais il faut remettre dans le contexte. On s´étonne qu´il joue la défense, mais il le faisait déjà à Lille. Ça marchait, on le citait en exemple et personne ne s´en plaignait.