Barça: Messi et ses entraîneurs, une histoire tumultueuse

Mes que un jugador. Lionel Messi est bien plus qu'un simple joueur au FC Barcelone. C'est une idole absolue. L'homme qui fait jaillir la lumière sur le terrain mais qui peut aussi provoquer l'orage en dehors. Fort de son talent, de son palmarès et de son aura, le sextuple Ballon d'Or est l'élément clé de la réussite blaugrana. Quique Setien en a bien conscience à l'heure de débarquer au Camp Nou. L'ancien coach du Betis Séville, nommé en remplacement d'Ernesto Valverde, va devoir nouer une relation de confiance avec La Pulga, dont il sera le huitième entraîneur au Barça. Sachant que ses prédécesseurs n'y sont pas tous parvenus...
Rijkaard, le père protecteur
Franck Rijkaard a dû gérer l'avènement de Lionel Messi dans le monde professionnel. Une mission périlleuse que l'entraîneur néerlandais a parfaitement réussie. Après l'avoir lancé dans le grand bain à l'âge de 17 ans, lors d'un derby face à l'Espanyol Barcelone au Camp Nou (octobre 2004), le coach batave a su intégrer le jeune crack à son équipe de stars. Sans se précipiter.
En le protégeant parfois un peu, même contre sa volonté. "Quand il ne me faisait pas jouer, je m'énervais. Aujourd'hui, je comprends que c'était la meilleure chose pour moi et je serai toujours reconnaissant envers lui. Je lui ai dit, il fut très important dans sa manière de se comporter avec moi", a expliqué Messi en septembre dernier, après avoir remporté le trophée The Best 2019.
Un compliment qui fait écho à ses propos tenus début 2016 lors d'une interview à la télévision égyptienne. "Peut-être que l'entraîneur le plus important pour moi a été Rijkaard, avait alors expliqué le génie argentin. S'il ne m'avait pas fait confiance et qu'il ne m'avait pas mis dans l'équipe première, peut-être que je n'en serais pas là. Il m'a fait confiance et m'a lancé au bon moment."
Guardiola, des trophées, peu de complicité
"Entraîner le Barça, cela consiste principalement à rendre heureux Leo Messi." Cette phrase de Pep Guardiola est restée célèbre. D'autant que le coach catalan l'a prononcé en 2009, l'année où le Barça a roulé sur la concurrence en remportant six trophées (Ligue des champions, Liga, Coupe du Roi, Supercoupe d'Europe, Supercoupe d'Espagne, Mondial des clubs). Elle résume bien la relation entre les deux hommes. Pour triompher, Guardiola a compris qu'il fallait se concentrer sur le bonheur de Messi, son meilleur atout. Alors c'est ce qu'il a fait. Sur et hors du terrain.
Dans leur livre "le Mystère Messi", les journalistes Sebastian Fest et Alexandre Juillard assurent que l'attaquant a menacé à l'époque de quitter le club s'il n'évoluait pas où il le souhaitait sur le pré. Pas satisfait par le recrutement de l'encombrant Zlatan Ibrahimovic, il aurait même réclamé son départ à Guardiola par texto. Et l'aurait donc obtenu.
Certains observateurs estiment que cette omniprésence de Messi dans la vie du Barça est l'une des raisons du départ de Pep en 2012 (pour prendre une année sabbatique). Interrogé sur ses rapports avec son ancien coach à l'heure de le retrouver en 2015, avant une demi-finale de Ligue des champions face au Bayern Munich, Messi avait répondu: "Depuis qu'il est parti, nous n'avons pas plus de relations que ça". Ça a le mérite d'être clair.
Vilanova, l'amour et le deuil
C'est peut-être l'entraîneur avec lequel il a eu la relation la plus fusionnelle. En prenant la succession de Pep Guardiola à la tête du Barça, Tito Vilanova est sous le charme de Lionel Messi et de son immense talent. La réciproque est vraie. Les deux hommes s'apprécient et s'entendent à merveille. "Messi était comme un étudiant qui venait en cours et qui s'ennuyait parce qu'il connaissait déjà la leçon", disait alors de lui Vilanova. Mais l'état de santé de l'ancien adjoint de Guardiola, qui a également dirigé l'équipe réserve, va perturber l'idylle.
Fin décembre 2012, l'entraîneur catalan est opéré d'urgence après une rechute de son cancer. Jordi Roura, son bras droit, assure un bref intérim durant quelques semaines. Avant que Vilanova ne reprenne son poste en janvier 2013. Mais la maladie le rattrape l'été suivant et l'oblige à quitter ses fonctions. Au printemps 2014, alors qu'il est hospitalisé dans un état inquiétant, Vilanova s'entretient avec Messi pour le convaincre de ne pas quitter son club formateur.
"C'est vrai qu’à cette époque, Lionel Messi n’était pas certain de rester, expliquera Roura plus tard. Je sais qu’ils sont restés plusieurs heures à discuter. À partir de ce moment, Lionel a changé d’avis et a décidé de rester à Barcelone." Dans la foulée, Vilanova décède des suites de son cancer. Un coup dur pour Messi, très affecté, qui fondra en larmes le jour de ses obsèques.
Martino, le choix de Messi
Au moment de trouver le successeur de Tito Vilanova, le FC Barcelone décide de miser sur Gerardo "Tata" Martino. Un choix dicté en grande partie par Lionel Messi. Le coach argentin est originaire de Rosario, comme lui. Les deux hommes s'entendent bien. Mais après une première partie saison spectaculaire, le club catalan laisse échapper le titre en terminant 2e de Liga, derrière l'Atlético de Madrid. De quoi précipiter le départ de Martino, que Messi retrouvera dans la foulée à la tête de l'équipe d'Argentine, de 2014 à 2016.
Depuis que leurs routes se sont croisées, les deux hommes entretiennent des relations cordiales. Sans être non plus très proches. En octobre dernier, le coach de 57 ans, aujourd'hui sélectionneur du Mexique, n'a pas hésité à critiquer le trophée The Best 2019 décerné à son ancien protégé: "Messi n'a pas eu une année assez bonne pour être entre les meilleurs pour ce prix". Pas vraiment le signe d'une amitié débordante.
Luis Enrique, le gros clash
C'est le coach qui a connu le plus de soucis avec Lionel Messi. C'est peu dire que Luis Enrique a eu des rapports tendus avec la superstar lors de son passage à la tête du Barça (entre 2014 et 2017). Malgré la domination de la MSN (Messi-Suarez-Neymar) et le sacre en Ligue des champions (2015), le coach et son meilleur joueur n'ont jamais vraiment été sur la même longueur d'ondes. Et avec leurs deux gros caractères, le ciel catalan a fini par s'assombrir.
En janvier 2015, Luis Enrique et Messi se sont même sérieusement accrochés. "C’était le retour des vacances et voilà, d’un coup pour une faute non-sifflée sur Leo, il a, disons, pété un petit câble. Ça a frictionné, ils se sont dit les choses", expliquera sur RMC Jérémy Mathieu, alors au Barça. La discussion musclée se poursuivra dans le vestiaire et débouchera sur un véritable clash.
Josep Maria Bartomeu et les dirigeants du club trancheront en faveur de leur n°10 et Enrique sera gentiment invité à laisser son joueur tranquille. Jusqu'à son départ en 2017, le coach espagnol entretiendra une relation quasi inexistante avec Messi. Selon les médias locaux, la communication sera fera même longtemps par l'intermédiaire du staff. Ce qui n'empêchera pas le FC Barcelone d'empiler les trophées durant cette période de guerre froide.
Valverde, le coach lieutenant
En signant au FC Barcelone à l'été 2017, Ernesto Valverde a bien conscience que sa réussite passera avant tout par la bénédiction de Messi. Et il s'en accommode très bien. L'entraîneur espagnol gagne la confiance de La Pulga, sans chercher à réduire son influence. Et lui lance régulièrement des compliments face à la presse.
"Ce qui me saute aux yeux, c'est son sens des responsabilités pour l'équipe. À chaque rencontre, dans chaque compétition (...) Ce qu'il réalise est difficile à faire sur un match. Alors pour reproduire ces performances tous les trois jours, sans arrêt, il faut avoir une grande force mentale. Je n'avais jamais vu un tel compétiteur."
L'entreprise de séduction porte ses fruits. Mais la qualité de jeu n'est pas vraiment au rendez-vous sur le terrain. Et Valverde finit par en faire les frais en ce début d'année, malgré une position de leader en Liga et un 8e de finale de Ligue des champions à venir face à Naples (en exclusivité sur RMC Sport).