"Il veut couronner sa carrière par un titre": la Liga, le dernier rêve d’Antoine Griezmann à l’Atlético

Ça y est, Antoine Griezmann va enfin s'asseoir à la même table que Lionel Messi. Ce dimanche (21h), face au Barça, le maître à jouer français de l'Atlético disputera son 520e match en Liga. C’est autant que l’Argentin, et plus que tout autre joueur étranger dans le championnat espagnol.
520 matchs, mais toujours un titre de champion qui lui échappe. Lorsque le Français déclarait manger "à la table de Ronaldo et Messi" en 2018, auprès du journal AS, il n’imaginait sûrement pas qu'il continuerait aussi longtemps à courir après cette couronne tant convoitée en Liga. Ce qui ne l'a pas empêché, depuis, de s'affirmer comme l'une des stars du football outre-Pyrénées.
"Bien sûr que Griezmann mange à leur table", clarifie ainsi Patricia Cazón, suiveuse de l’Atlético au sein du quotidien madrilène. "C’est l’un des meilleurs footballeurs de l'histoire, et s’il avait joué dans une autre équipe on parlerait de lui comme d’un Ballon d’or. C’est dommage qu’en club, le meilleur joueur de l’histoire de l’Atlético ait un palmarès si pauvre."
"Il ne faut pas que ça devienne une obsession"
Et si la neuvième saison chez les Colchoneros était la bonne? Avant le choc contre le FC Barcelone, l'Atlético pointe à une longueur des Blaugranas (qui comptent un match en moins), et à quatre du Real Madrid (qui compte un match en plus).
"Ils sont complètement dans la course", confirme Sebastián Losada, international espagnol passé par l’Atlético dans les années 90. "Quand c’est le club où tu as été presque toute ta carrière, tu as encore plus envie de gagner. Griezmann rêve de ce titre, mais il ne faut pas que ça devienne une obsession."
"Ne pas gagner de titres, c’est arrivé à d’autres grands joueurs. Griezmann veut couronner sa superbe carrière par un titre, mais quoi qu’il arrive ça n’enlèvera rien à tout ce qu’il a fait avant. S’il termine sa carrière sans Liga, ça ne change rien à son mérite, il sera quand même un grand joueur", continue le Madrilène.
Seulement trois trophées à l’Atlético
À bientôt 34 ans, Antoine Griezmann a vécu 430 matchs avec l’Atlético, pour 197 buts. Son armoire à trophées, elle, est bien plus vide que sa fiche de statistiques. Seules une Supercoupe d’Espagne (2014), une Ligue Europa (2018) et une Supercoupe d’Europe (2018) viennent la garnir, en plus d’une Coupe avec le Barça (2021).
Avec le Français, les bons souvenirs sont légion chez les Rojiblancos, mais les supporters aiment un peu moins se rappeler de ses moments les plus marquants. Dans la mémoire collective, on retient son pénalty raté en finale de la Ligue des champions 2016, face au Real Madrid. Autre moment fort: son départ pour le FC Barcelone en 2019, vécu comme une trahison par beaucoup de supporters.
C’est d’ailleurs durant son passage en Catalogne que l’Atléti remporte son 11e titre de Liga, en 2021. "C’était l’idole des fans, et puis son départ a été vu d’un mauvais œil. Mais ce qui fait la grandeur de Griezmann c’est qu’il est revenu et qu’il a réussi à reconquérir le cœur des supporters de l’Atlético", félicite Sebastián Losada, qui avait signé chez les Colchoneros après des années chez le rival, le Real Madrid. "Dans mon cas c’était différent car je n’avais pas le statut qu’il avait. Griezmann, c’était la figure la plus importante de l’Atlético. Il a quand même réussi son retour malgré tous ceux qu’il avait contre lui."
"Griezmann, c’est l’histoire du fils prodige"
"L’histoire de Griezmann, c’est l’histoire du fils prodige", estime Patricia Cazón, journaliste chez AS. "Il est allé à Barcelone, où il a découvert que l’endroit qui le rendait le plus heureux au monde était l’endroit où il avait dit à sa femme qu’il allait rentrer dans l’histoire: l’Atlético de Madrid. C’était très difficile, mais il a regagné l’affection des tribunes. Pour les supporters, c’est à nouveau leur Griezmann, et pour toujours."
Un temps perdue, sa place dans le cœur des fans rojiblancos est aujourd’hui assurée. Sa plaque sur le parvis du Metropolitano ne sera plus saccagée, et il semble destiné à avoir sa fresque sur l’extérieur du stade, comme les légendes avant lui.
Mais cela ne remplacera pas un titre. Serait-il frustré à vie sans cette Liga? "Oui, parce que c’est quelqu'un de très exigeant", confie Patricia Cazón. "Il a un grand titre avec la France, mais il n’a que cette Coupe du monde, et dans 20 ans, quand on se souviendra de Griezmann, on parlera aussi de ses titres."
Sans les Bleus, la bonne année ?
Cette saison, Antoine Griezmann a tout mis en place pour pouvoir prétendre à une Liga. Autour du club, on estime que son rendement affiché durant la première moitié de saison s’explique aussi par sa retraite internationale avec les Bleus, qui lui permet de recharger les batteries pendant les trêves.
Avant de prendre des vacances dans les prochains jours, reste donc à affronter le Barça ce dimanche. Une victoire barcelonaise mettrait les Blaugranas "sur le chemin du titre" selon Diego Simeone. L’Atléti se retrouverait distancé du duo de tête, et perdrait gros dans la course au championnat.
Sur ses huit saisons passées au club avant celle-ci, Antoine Griezmann n’a terminé que deux fois dauphin, en 2018 et 2019. Pour l’instant, son histoire dans la capitale espagnole est aussi celle de rendez-vous manqués, le symbole d’une hiérarchie qu’il n’aura jamais complètement bousculée dans son pays d’adoption. Le Français n’a pu chiper un Ballon d’Or à Cristiano Ronaldo et Lionel Messi, et n’a pu chiper une Liga aux deux cadors d’Espagne.
Un avenir qui devrait s’écrire aux Etats-Unis
"Gagner un titre avec l’Atlético, ce n’est pas pareil qu’avec le Réal ou le Barça", précise Sebastián Losada, ancien des deux clubs madrilènes. "Le supporter du Real est habitué, mais celui de l’Atlético n’a pas si souvent ce genre de joie. Il le savoure et l’apprécie particulièrement." Nul doute qu’un titre, au crépuscule de sa carrière, aurait une saveur toute particulière pour Antoine Griezmann.
Le natif de Mâcon pourrait être en train de vivre ses derniers mois en tant que Colchonero, lui dont le départ, tôt ou tard, pour les Etats-Unis semble inévitable. Reste à en définir la date.