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Aulas-Labrune: pourquoi ils se détestent

Ils ne passeront pas leurs vacances ensemble, comme disait l’autre. La rivalité entre Jean-Michel Aulas et Vincent Labrune a connu de nombreux épisodes ces derniers mois, le dernier en date ce dimanche suite aux incidents dans les tribunes du Vélodrome. Retour sur tout ce qui oppose les présidents de l’OL et de l’OM.

La phrase est lâchée au détour d’un article de So Foot sur la rivalité entre Jean-Michel Aulas et Vincent Labrune. Véritable guerre des egos ou guéguerre mise en scène par ceux que tout oppose (âge, historique et palmarès dans le football, actionnaire de son club ou non) ? Ancien dirigeant de Lille, Strasbourg ou Nantes, Luc Dayan ne néglige pas la seconde proposition : « Mon petit doigt me dit que cela pourrait être un scénario, un jeu sur lequel ils sont complices, un peu comme une mise en scène avant un match de boxe ».

Encore mise en lumière ce dimanche avec les incidents du Vélodrome, et l’utilisation du mot « guignol » par JMA pour évoquer son opposant, l’antagonisme entre le président de l’OL et son homologue marseillais fait beaucoup parler ces derniers mois. Chacun son tour, les présidents des Olympiques en mettent une couche. Une pique par-ci, une pique par là. Mais on a du mal à connaître la véritable origine de ce combat (peut-être bien organisé pour faire parler es deux clubs) dont les rounds ne cessent de se multiplier. « Labrune a peut-être lâché une remarque contre Aulas en off à un agent et cela a circulé car le foot est un petit monde, expliquait Luc Dayan dans So Foot. (…) Et en provoquant Labrune, Aulas peut le déstabiliser et donc affaiblir sportivement l'OM, qui en termes de visibilité, de potentiel marketing et populaire n'a pas d'égal en France. »

Mai 2014 : Bielsa pour allumer la mèche

Entre Aulas et Labrune, le jeu des petites phrases est élevé au rang d’art. Mai 2014. L’OM et l’OL recherchent un entraîneur pour la saison suivante. Marseille opte pour Bielsa. JMA n’hésite pas à critiquer ce choix sur Sport 24 : « On ne va pas prendre un entraîneur qui ne parle pas français, ou avec un staff pléthorique… » Labrune réagit avec vigueur dans La Provence : « En termes d’attente, de ferveur, d’environnement populaire et médiatique, d’exigence de résultats, l’OM n’est pas l’OL. Si l’OL termine cinquième, c’est l’exploit de la saison ; si l’OM termine cinquième, c’est l’échec du siècle. »

De quoi pousser Aulas à s’amuser dans Le Parisien quand Bielsa critiquera son président en conférence de presse début septembre : « Sur la forme, c'est impossible à accepter. Traiter ses dirigeants de menteurs, c'est une faute lourde, tout comme remettre en cause une stratégie qui a coûté beaucoup d'argent. Je ne veux pas gêner les dirigeants de l'OM. Mais si Labrune veut défendre ses actionnaires, et il en a la responsabilité, il est obligé de faire quelque chose. Ça mérite une sanction grave. Moi, je déciderais d'une mise à pied. » Petite leçon de présidence signée Aulas.

Mars 2015 : un but refusé qui enflamme les débats

Le match OM-OL de dimanche a vu les deux présidents s’écharper oralement. Idem lors du précédent OM-OL six mois plus tôt. Raison des débats ? Le but refusé au Marseillais Lucas Ocampos. « On a été victime d’erreurs d’arbitrage », lance Labrune sans trop en rajouter. Aulas ne manque pas l’occasion de le tacler sur Twitter en estimant que le président phocéen avait « perdu une occasion de se taire ».

Avril 2015 : quand Labrune envoie un dossier

Convoqué par le Conseil national de l’éthique pour ses critiques sur les arbitres, et notamment celui du match nul entre Lyon et le PSG (1-1) en février, Aulas reçoit une autre mauvaise nouvelle en avril dernier. Pour enfoncer le clou, Labrune vient d’envoyer à la Fédération française (FFF) un dossier à charge contre le président lyonnais où il retrace seize années de déclarations de ce dernier sur une dizaine de pages : « Il est grand temps que ces agissements soient stoppés et sévèrement sanctionnés (…) afin de réussir enfin à dissuader durablement Jean-Michel Aulas de cesser ses agissements néfastes. » Ni une ni deux, Aulas prend la plume sur Twitter. Le « petit président » Labrune est rhabillé pour l’hiver : « Je ne fais que remettre à sa place ce faux cul ! »

Eté 2015 : concurrence sur les transferts

L’été 2015 est agité à l’OM, où l’avenir de Marcelo Bielsa alimente les rumeurs. Malin, Lyon en profite pour « piquer » Jérémy Morel à l’OM. Puis l’OL tente de draguer Nicolas N’Koulou, dont Aulas prétend qu’il serait déjà dans son club si le joueur était le seul décisionnaire. Forcé à recruter Karim Rekik pour remplacer Morel, Labrune en profite pour chambrer : « Je tiens à remercier l’OL et son président de nous avoir permis de faire venir un joueur de son niveau ». La rivalité sur le marché des transferts se poursuit dans les semaines suivantes.

Convoité par l’OM, Claudio Beauvue débarque finalement à Lyon. Mathieu Valbuena, passé huit ans par la Canebière, arrive à l’OL depuis la Russie. JMA saisit la perche tendue par la conférence de presse de présentation de l’international français pour balancer un petit scud à l’OM en évoquant le choix de Valbuena de venir à Lyon : « Il faut bien progresser ». Labrune n’est pas en reste. Moqué pour avoir laissé partir André-Pierre Gignac et André Ayew libres, le président marseillais utilise l’OL pour se défendre : « Gourcuff, Gomis et Briand sont partis libres de Lyon ces dernières années ».

A.H.