Clermont: "L'impression d'être en garde à vue", le cauchemar de Gastien après les accusations de Slimani

L’affaire a été classée sans suite le 16 novembre, mais elle n’a pas fini de gâcher la vie de Johan Gastien. Accusé de racisme par Islam Slimani lors de Clermont-Brest le 23 octobre dernier, le milieu de terrain souffre encore des répercussions médiatiques importantes de la "pire expérience" de sa carrière. "Il y a eu beaucoup de menaces envers ma famille et mes proches, mes coéquipiers… C’était très dur. On a la chance au club d’avoir un psy, j’y suis pas mal passé", relate aujourd’hui Gastien à SoFoot.
Slimani avait assuré que le Clermontois de 35 ans l’avait traité de "sale arabe". Puis il avait changé sa version très rapidement en zone mixte, assurant que son adversaire lui avait asséné un non moins glorieux "sale blédard". Faute d’éléments probants susceptibles de corroborer les graves accusations de Slimani, la Ligue de football professionnel (LFP) avait logiquement choisi de classer l’affaire.
"Je savais très bien ce qui avait été dit, et ça a été un soulagement quand la commission m’a blanchi après trois ou quatre semaines, confie Johan Gastien. Pendant ce temps-là, on a l’impression d’être en garde à vue. Je n’avais pas envie de retourner au stade ni de rejouer au foot, j’avais peur du regard des autres sur les terrains. Le match suivant, à Nantes, j’avais une énorme appréhension. C’est une expérience de vie que je ne souhaite à personne."
"Ça restera gravé dans ma mémoire"
Si Johan Gastien est toujours un joueur de Clermont, Islam Slimani a quitté Brest pour Anderlecht, après six mois seulement passés en Bretagne, à l'issue d'une aventure qui s’apparente à un échec. Distants de plusieurs centaines de kilomètres, Johan Gastien et l’international algérien n’ont jamais cherché à rétablir le contact pour solder cette affaire.
"Je n’ai pas envie de parler à cette personne. Le racisme est un sujet très grave, et la victimisation n’aide pas non plus, assène Johan Gastien. Je t’en parle là, mais ça me fait encore mal aujourd’hui. Il y a beaucoup de choses qui se disent sur le terrain et je ne suis pas le plus gentil, ils le savent bien à Brest où j’ai joué, mais je n’ai jamais dépassé les bornes comme ça."
Après avoir pensé à porter plainte pour diffamation, Johan Gastien s’est finalement abstenu, pour ne pas remettre une pièce dans la machine et déclencher une longue procédure qui ne lui aurait pas permis de tourner la page.
"C’est derrière moi, maintenant, assure-t-il, toujours à So Foot. J’ai eu de la chance. M. Bastien, l’arbitre à Nantes après cet épisode, m’a beaucoup aidé en venant me parler. Il m’a raconté qu’eux aussi pouvaient vivre des lynchages sur les réseaux. Les adversaires n’ont jamais joué avec ça non plus, c’est cool de leur part. Ça restera gravé dans ma mémoire, les gens n’oublieront pas non plus…"