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Comment Antoine Kombouaré a redonné des couleurs au FC Nantes

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Nommé sur le banc du FC Nantes le 10 février 2021 en remplacement de Raymond Domenech, Antoine Kombouaré est escorté par la réussite depuis son arrivée. Aujourd’hui, les Canaris sont 9es de Ligue 1 et ils joueront début mars une demi-finale de Coupe de France.

Dès son arrivée, il a marqué son territoire et imposé son credo : de la discipline encore et encore. On est le 11 février 2021. Raymond Domenech vient de laisser le FC Nantes dans un état de délabrement très avancé. Les Canaris filent à grandes enjambées vers la Ligue 2. C’est dans ce contexte sportif morose qu’Antoine Kombouaré pose son sac d'entraîneur à la Jonelière.

Ce matin-là, certains joueurs en retard à la séance d’entraînement comprennent d’emblée à qu’ils ont affaire. La visite du président Emmanuel Macron en ville et la neige qui s’est exceptionnellement invitée sur la cité des Ducs ne constituent pas une excuse valable aux yeux du nouveau technicien pour justifier tous ces contretemps… Kombouaré tonne déjà. Et il détonne surtout avec le management laxiste de Domenech, son prédécesseur.

Bien aidé par un premier succès à Angers (1-3) , le Kanak apaise assez vite un vestiaire au bord de l’implosion. Il tranche dans le vif, met de côté des joueurs pour des écarts de conduite (Kader Bamba, Batista Mendy) et ne ménage pas certains supposés cadres (Abdoulaye Touré). Un proche du vestiaire nous racontait en fin de saison dernière : "Kombouaré prône le respect de l’institution et l’intérêt collectif. Dès son arrivée, il a parlé de trois axes forts : travail, professionnalisme et respect. Si un joueur ne lui semble plus dans le projet, il le dégage…"

Il a réveillé un groupe amorphe

Le redressement n’est toutefois pas linéaire. La remontada nantaise s’accompagne d’accrocs. Le 5 avril, après une défaite (1-2) contre Nice, Kombouaré manque de peu d’en venir aux mains avec son défenseur Nicolas Pallois. Le technicien est volcanique, mais son caractère tempétueux réveille un groupe amorphe et en autogestion.

Nantes se maintient en L1 après des barrages remportés sur le fil face à Toulouse. De la 25e journée (succès à Angers) à la 38e journée, le FCN de Kombouaré se classe septième de L1 avec une fin en boulet de canon (quatre succès sur les cinq derniers matchs). Sa place dans l’élite, le club la doit en grande partie à celui qui a été choisi par Philippe Mao, le coordinateur sportif, et Franck Kita, le directeur général délégué du FCN.

Un peu plus d’un an après son arrivée, l’effet Kombouaré agit toujours. Aujourd’hui, les Canaris sont 9es de L1 à deux points seulement de la 5e place et joueront début mars une demi-finale de la Coupe de France. Le pourcentage de victoires sur le banc nantais du Kanak gonfle au fil des semaines. Depuis son arrivée, Kombouaré a remporté 42% de ses 38 matchs de L1, avec une moyenne de 1,47 points pris par rencontre en championnat. Depuis le retour des Canaris dans l’élite en 2013, seul Sergio Conceiçao a fait mieux (50 % de victoires sur seulement 22 matchs).

Une relation (pour l’instant) calme avec son président

Kombouaré n’a pas changé d’un iota sa méthode et son management depuis un an. "C’est carré, c’est strict", souffle le milieu de terrain Ludovic Blas. "Grâce à lui, l’état d’esprit de l’équipe a complètement changé, estime de son côté Fabio. Tout le monde s’engage plus." Les joueurs apprécient son côté paternaliste et surtout sa franchise.

Un proche du vestiaire : "Ce n’est pas un tordu, quand il a quelque chose à dire, il le dit!" Comme quand en octobre, à la mi-temps d’une rencontre, il somme Waldemar, son président, et Franck Kita, son directeur général délégué, de quitter le vestiaire. Kombouaré, dont les relations avec la formation sont fraîches pour ne pas dire glaciales, veut tout maîtriser au niveau du secteur professionnel. Jusqu’à la communication des jeunes pros et des membres de son staff à qui il interdit de parler à la presse. Il est le patron, et le seul.

Il y a dix jours, après la défaite (1-0) à Strasbourg, le technicien nantais tance devant tout le groupe le défenseur Fabio, coupable d’avoir répondu à des critiques de supporteurs sur les réseaux sociaux. Le match suivant, le Brésilien débute sur le banc.

Et sa relation avec le président Kita, d'ordinaire en conflit avec ses coachs ? On prédisait une collaboration tumultueuse entre deux hommes au fort caractère, ce n’est pas (encore) le cas. Les bons résultats aidant, Kombouaré impose légitimement son autorité et ses idées à un président taxé pourtant parfois d’ingérence. Il y a eu des désaccords sur les deux mercatos, mais l’entraîneur a toujours eu le dernier mot.

En janvier, la direction aurait bien recruté un avant-centre, Kombouaré s’y est opposé et a obtenu gain de cause. L’été prochain devrait charrier son lot d’anicroches entre les deux parties… L’entraîneur devra traverser un long mercato estival durant lequel il faudra rebâtir une grande partie de l’équipe en raison des différentes fins de contrats (Coulibaly, Fabio, Cyprien, Geubbels etc.) et des départs actés de Kolo Muani et probables de Simon et Blas.

David Phelippeau