Coupe de la Ligue : Lille, ce club qui a failli devenir grand

- - AFP
Depuis le doublé Coupe de France-Ligue 1 raflé en 2011, Lille n’a pas eu la trajectoire qu’on attendait d’un club qui quittait le vétuste Stadium Lille Métropole pour faire son entrée dans l’enceinte flambante du nouveau stade Pierre-Mauroy. Symbole de l’évolution sportive qu’aurait dû avoir le triple champion de France (1946, 1954, 2011), dans la lignée de l’inauguration du Domaine de Luchin (2007), lieu d’entraînement digne d’un club européen qui plus est berceau d’un centre de formation performant, le nouvel écrin du LOSC n’a pas encore connu d’heures de gloire.
Le PSG et Monaco ont freiné le LOSC
Il faut dire que l’arrivée des Qataris au PSG à l’été 2011 puis celle de Dmitry Rybolovlev à Monaco au mois de décembre, n’ont pas permis au LOSC de suivre le rythme économiquement. Le renflouement des caisses du club, environ 20 millions d’euros chaque saison, l’a ainsi obligé à vendre ses meilleurs joueurs au fil des années (Gervinho, Hazard, Cabaye, Rami, Payet avant Boufal cet été). Une razzia permanente qui suffit aux yeux de Florent Balmont, à expliquer le fait que Lille n’ait pas réussi à surfer sur la vague du doublé. "On a perdu tous nos joueurs derrière. Paris, eux, ils les gardent. Nous, quand on a eu le doublé, on a presque perdu toute l’équipe. De tous ceux qui ont réalisé le doublé, il n’en reste que trois. C’est compliqué après de durer."
"Difficile de continuer à construire une grosse équipe"
Une analyse que confirme Rio Mavuba, qui était lui aussi de la partie en 2011 : "Moi je pense que Lille fait toujours partie des meilleurs clubs français. Après, bien évidemment qu’on a eu des soucis rencontrés, même financièrement. Donc c’était plus difficile pour continuer à construire une grosse équipe. Mis à part la saison dernière où on a fini 10e (8e en réalité), je pense qu’on est plutôt pas mal. Mais c’est sûr qu’après le doublé, l’arrivée du grand stade, on espérait rester encore là-haut et jouer les premiers rôles. Mais il faut tenir compte aussi de l’arrivée de Monaco, qui a eu les Russes, et de Paris. Ça a changé la donne dans le championnat."
"Pour garder Boufal, il faut gagner à l’Euro Millions"
Depuis cette fameuse épopée de 2011, le LOSC a successivement terminé 3e de Ligue 1 en 2012, 6e en 2013, 3e en 2014 et seulement 8e la saison dernière. C’est d’ailleurs ce dernier exercice, suivi d’un début de l’actuel catastrophique (17e après 14 journées), qui valide un constat amer. Et que tout le monde partage au club, à commencer par le président Michel Seydoux, qui déplore une fois de plus l’impossibilité de conserver les meilleurs éléments du club : "L’arrivée des Qataris à Paris avec un budget équivalent à celui du Real Madrid ou du Bayern Munich a légèrement changé la donne. Je pense que vous avez regardé le nombre de points qui sépare le premier du second, il y a un gouffre. Le seul club qui peut retenir des joueurs en France, c’est le PSG. Même Monaco a du mal. Le type qui te dit ‘’Je vais garder Sofiane Boufal’’, il a gagné au Loto, à l’Euro Millions plutôt car le Loto est insuffisant, et il investit tout dans son club."
Trop de dépenses, droits TV insuffisants
Le patron du club nordiste est surtout conscient de l’écart qui existe aujourd’hui entre les revenus des clubs français et leurs homologues européens : "Aujourd’hui, quand le dernier anglais gagne 100 millions de droits TV alors que le (premier) Français va gagner 46 millions avec les nouveaux critères, tu vois que le fossé se creuse de plus en plus vite." Et puis Michel Seydoux ne le crie pas, mais le stade Pierre-Mauroy coûte très cher, environ 4,7 millions d’euros par saison pour la location de l’enceinte, sans compter les frais de fonctionnement. Une charge importante, malgré plus de 24 000 abonnés. Le patron du LOSC, qui comme plusieurs présidents de Ligue 1 espérait vendre son club, s’est d’ailleurs ravisé et envisage de rester un peu plus longtemps car les investisseurs sérieux ne courent pas les rues.
Une fin de saison pourtant excitante
La finale de la Coupe de la Ligue, ce samedi (21h) face au PSG, est donc une belle occasion pour le LOSC de revenir sur le devant de la scène, alors qu’il reste sur une série de six victoires consécutives en Ligue 1 et occupe la 6ème place, à seulement quatre unités du podium. Point de vue statistiques, ce sera la 4ème finale de Coupe de la Ligue pour Frédéric Antonetti (1995 avec Bastia, 2006 avec Nice et 2013 avec Rennes), et pour l’instant l’entraîneur corse n’en a gagné aucune. La marche est d’autant plus grande pour Lille qu’en face, il y aura un PSG revanchard, après son élimination en Ligue des champions. Mais avouons que le jeu en vaut la chandelle.