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Di Meco : ''Personne ne calcule pour ne pas finir troisième !''

Eric Di Meco

Eric Di Meco - AFP

Monaco, l’OM ou Saint-Etienne ? La 38e et dernière journée va distribuer, ce samedi (21h), la dernière place sur le podium de la Ligue 1. Un strapontin qui fait débat. Faut-il éviter ce cadeau empoisonné ? S’il estime que les clubs ne calculent pas, Eric Di Meco comprend les avis tranchés de certains entraîneurs sur la question.

« Le débat a lieu car il a été alimenté par des coaches de Ligue 1. Après, soyons clair, personne ne calcule pour ne pas finir troisième. Ça n’existe pas. Sortez-vous ça de la tête ! On essaie de gagner des matches et on regarde où on est à la fin. Mais comme le débat a été alimenté par des entraîneurs, on peut en parler. On en parle chaque année d’ailleurs. Et pourquoi on en parle ? Parce que le football français a régressé dans la hiérarchie européenne et que désormais, il y a deux tours à passer pour atteindre la Ligue des champions. La question à se poser est simple : est-ce que les clubs français sont armés pour une telle bataille ? Ils vont le tenter mais à l’arrivée, reprendre 15 jours avant, ne pas savoir quoi faire dans le recrutement avant ces matches, est-ce que ça ne te plombe pas la saison suivante ? Certains coaches de L1 répondent que oui.

Après, on nous explique que les budgets ne font pas tout et qu’il suffit de regarder la Russie ou le Portugal pour le vérifier. Je suis désolé mais au Portugal, ils sont deux clubs à jouer le titre. Ils se reposent toute l’année et ils font deux matches pour être champion, donc ils jouent tout sur la Ligue Europa. C’est là qu’ils font fructifier leurs ventes. Les deux compétitions européennes sont une vitrine extraordinaire pour eux. Les Portugais vivent comme ça et ils peuvent s’économiser en championnat. En Russie, ils ont un championnat qui s’arrête en hiver et ils arrivent en forme quand il faut. Mais chez nous, en France, les équipes qui jouent la Ligue Europa à fond sont pénalisées en championnat car il y a des petits effectifs.

« Les présidents qui veulent tout jouer jusqu’au bout me font rire… »

Regardez qui qualifie Séville en demi-finale. C’est le petit Kevin Gameiro, qui cire le banc en championnat. C’est dire l’effectif qu’ils ont… Je veux bien qu’on se compare à Séville, mais ce n’est pas le même monde. On ne peut même pas garder certains joueurs. L’OM, par exemple, va être obligé de faire partir Gignac et Ayew car c’est trop cher ! Quand on connait le foot, on se rend compte de la difficulté de la tâche. Rolland (Courbis, ndlr) n’est pas fada quand il dit ça ! Les présidents qui veulent tout jouer jusqu’au bout me font rire… D’accord, mais alors donnez un effectif de 30 joueurs de valeur égale à vos entraîneurs ! On leur donne des groupes avec 25 professionnels dont une dizaine de joueurs moyens. Et on leur dit d’aller jouer dès le 15 juillet. Elie Baup, par exemple, l’année où l’OM ne marque pas un point dans le groupe de la mort en Ligue des champions, il a joué la compétition avec un effectif moyen, il s’est fait défoncer et il a pris un shoot au bout de trois mois. Les entraîneurs ne sont pas fous. Mais ils se protègent. »

Eric Di Meco