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Geubbels, Maolida, Gouiri... comment l’OL gère ses dernières pépites

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Fekir, Lopes, Aouar… Ces trois Lyonnais seront probablement titulaires ce dimanche pour le choc face au PSG. Formés à l’OL, ils sont les derniers symboles de l’excellence du centre de formation lyonnais. Mais déjà, trois nouvelles pépites s’annoncent : Willem Geubbels (16 ans), Myziane Maolida (18 ans) et Amine Gouiri (17 ans). Très convoitées, elles font l’objet d’une bienveillance toute particulière de la part des dirigeants lyonnais qui comptent bien les conserver encore quelques années. Mais comment s’y prennent-ils ?

Govou, Benzema, Ben Arfa hier. Fekir, Lopes, Aouar aujourd’hui. Et demain ? Depuis deux décennies, l’Olympique lyonnais a pris la bonne habitude de former des joueurs de très haut niveau, plusieurs d’entre eux ayant même porté le maillot de l’équipe de France et atteint le niveau international. Ce dimanche (21h), face au PSG et ses stars, Anthony Lopes, Nabil Fekir et Houssem Aouar devraient être titularisés, comme ce fut le cas mercredi dernier à Guingamp (0-2). En Bretagne, d’autres joueurs "made in OL" sont également entrés en jeu (Jordan Ferri et Amine Gouiri) alors que Mouctar Diakhaby et Mathieu Gorgelin sont restés sur le banc. Autant d’exemples de joueurs que Lyon a su former et… garder.

Aujourd’hui, après la récente éclosion de Houssem Aouar, trois nouveaux phénomènes - tous attaquants - commencent à sérieusement faire parler d’eux dans le Rhône et côtoient quotidiennement le groupe pro de Bruno Genesio : Willem Gobbels (16 ans, 1ère apparition en L1 le 23 septembre dernier contre Dijon), Myziane Maolida (19 ans le 14 février prochain, 1ère apparition en L1 le 5 août 2017, 1er but chez les pros le 23 novembre 2017 contre Limassol) et Amine Gouiri (18 ans le 16 février prochain, 1ère apparition en L1 le 19 novembre dernier).

Si les deux derniers disposent d’un long bail avec l’OL (jusqu’en 2022 pour Maolida, jusqu’en 2020 pour Gouiri), Geubbels, lui, n’a pas encore signé son premier contrat pro et affole les recruteurs étrangers. Une situation pas évidente à gérer pour ces jeunes joueurs tant convoités. "C’est vrai que c’est perturbant pour les jeunes parce que ce n’est pas dans la logique des choses qu’on propose un contrat pro à 15 ou 16 ans, et encore plus une somme d’argent démesurée par rapport à l’âge du joueur", raconte Jean-François Vuillez, directeur du centre de formation OL.

A voir aussi: Comment l'OL veut conserver Geubbels, courtisé par le Bayern et City

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"Nous devons être inflexibles sur le projet sportif et éducatif"

En règle générale, face à ses approches parfois démesurées d’un point de vue financier, l’OL se bat sur deux tableaux pour conserver ses jeunes : le sportif, en incitant les joueurs à rester dans leur bulle pour continuer de progresser, et l’affectif, en insistant sur l’importance d’un environnement propice au travail. Le tout, en restant ferme sur les fondamentaux. "Nous répondons aux offres avec les valeurs que nous transmettons à nos jeunes depuis le plus jeune âge, insiste Vuillez. Nous devons être inflexibles sur le projet sportif et éducatif. Qu’elles que soient les approches extérieures, nous en interne, nous devons nous assurer que quand un jeune passe le portail OL, il va côtoyer des gens qui sont alignés sur les valeurs et le projet."

Concrètement, les formateurs et les dirigeants lyonnais ne cherchent pas à nier d’éventuels contacts extérieurs. Mais ils souhaitent garder une ligne de conduite claire pour que le terrain reste la priorité des footballeurs-ados et de leurs proches. "En tant que formateurs, notre objectif est de rester dans la morale de l’histoire, poursuit le directeur du centre de formation de l’OL. C’est-à-dire leur apporter ce dont ils ont besoin pour performer. C’est pour cela que nous devons être très conscients de ce qu’il se passe dans l’environnement d’un joueur, des propositions qu’il peut avoir, tout en maintenant un haut niveau de formation, de confiance avec le joueur et de lien avec son environnement (famille et agent s’il en a un) pour que toutes les parties puissent être en synergie pour permettre au joueur de passer des étapes dans son club formateur."

Faut-il pour autant nier l’aspect financier des choses et ne parler que rectangle vert ? Evidemment, non. D’autant que les autres clubs savent y faire pour multiplier les promesses et appâter les jeunes joueurs et leurs parents. Ainsi, les salaires proposés peuvent être multipliés par dix en cas de départ. "Si on compare l’argent qu’un club comme l’OL va donner à un jeune avec ce que va donner Manchester United ou Manchester City, bien sûr que United ou City va donner plus, avoue Frédéric Guerra, agent de joueurs. Il ne va pas venir chercher la mariée avec une 4-cylindres…"

"Les familles sont souvent bien plus impatientes que les joueurs"

Attention toutefois à ne pas tomber dans le piège: "Il y aura beaucoup plus d’argent dans le club qui convoite le joueur par rapport à son club formateur, poursuit Guerra. Pour autant, il va aussi y avoir des exigences plus importantes (changement de pays, de culture, d’amis, de nourriture, de langue, de pelouse…). Tout ça mis bout à bout, oui le soir dans son lit, le jeune joueur se voit bien à Londres ou Manchester. Mais quand il est à Londres ou Manchester, il se rend compte à quel point tout lui manque. Alors que l’argent de son club formateur lui suffisait largement pour vivre mais aussi pour commencer à mettre de côté financièrement. C’est ce jeu que les parents doivent comprendre. Ils doivent en prendre conscience parce qu’une fois qu’ils sont partis, ils sont partis."

Dans ses périodes de négociations intenses, le rôle de l’agent est évidemment primordial afin de tempérer l’enthousiasme et l’impatience du joueur et, surtout, de ses proches. "C’est mon boulot de trouver les arguments. Les clubs qui viennent chercher ces jeunes sont malins. En faisant circuler les informations auprès de la famille, ils mettent la pression sur l’agent. Mais il vaut mieux qu’un jeune mûrisse sur l’arbre qui l’a fait naître. On a le temps de se déplacer. Déraciner un gamin aujourd’hui avec de l’argent, je pense que ça ne sert qu’à la famille et l’environnement. Les familles sont souvent bien plus impatientes que les joueurs."

"Patience, confiance !" 

Patience, peut-être le mot le plus important à ce moment de la carrière naissante des jeunes pousses lyonnaises. "Dans ces moments-là, la patience est importante, abonde Jean-François Vuillez. Et il faut tout le temps apporter de la sérénité au jeune joueur." Avec un credo pour le patron de la formation lyonnaise: "Patience, confiance ! Patience, confiance !" Reste à espérer que cette bienveillance soit partagée par la plupart des agents. Car si les têtes des parents peuvent parfois tourner, nul doute que celles des agents ne sont pas à l’abri de la folie des grandeurs financières.

Les représentants de joueurs, du côté de l’OL, semblent en tout cas être adeptes de la sagesse. En témoignent les cas les plus célèbres de ces vingt dernières années, souvent couronnés de réussite. "Je conseille à tous mes joueurs de rester dans leur club formateur, conclut Frédéric Guerra. Quand on est dans son club formateur, on est sans doute plus aimé qu’ailleurs. Et on n’est pas dans une obligation de résultat tout de suite." Alors faisons confiance aux dirigeants de Lyon pour gérer une fois encore de la meilleure des façons l’éclosion au plus haut niveau de Geubbels, Gouiri et Maolida.

Jean-Moïse Dubourg avec Edward Jay