
L’AS Monaco se sépare de Vadim Vasilyev

Vadim Vasilyev - AFP
Une page se tourne à l’AS Monaco. Dans la tourmente, Vadim Vasilyev n’a pas résisté à la tempête qui agite le Rocher cette saison. Le vice-président de l’AS Monaco a quitté ses fonctions, selon un communiqué ce jeudi par l'ASM. Rédigé à la première personne par le président Dmitri Rybolovlev, le communiqué pointe les responsabilités de Vasilyev dans la mauvaise saison monégasque.
"Des erreurs importantes ont été commises"
"Des erreurs importantes ont été commises l’année dernière, ce qui nous a menés aux pires résultats sportifs que le club ait connus depuis sept ans (...). C’est le temps des changements. Et ces changements ne touchent pas que l’effectif, mais également les dirigeants. J’ai ainsi pris une décision qui est très dure pour moi. Celle de libérer Vadim Vasilyev de ses fonctions de vice-président et directeur général du club. Je lui suis très reconnaissant pour tout ce qu’il a fait pour notre club et lui souhaite tout le meilleur pour la suite".
La cheville ouvrière du renouveau monégasque
Avant cette saison calamiteuse, Vasilyev avait tout connu à l’AS Monaco. D’abord conseiller du président Rybolovlev au moment de la reprise de l’ASM par l'homme d'affaires russe en janvier 2013, Vadim Vasilyev a gravi les échelons, dans le sillon des succès sportifs du club monégasque, de la Ligue 2 à la Ligue 1.
A la manœuvre des arrivées pionnières de Falcao, Joao Moutinho et James Rodriguez à l’été 2013, le dirigeant russe, directeur sportif puis vice-président de l’ASM, a initié le retour vers les sommets du club princier, bien aidé par la manne financière sans précédent apportée par son président.
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Une prise en main suivie de résultats immédiats, d'abord portée par des hommes d’expérience (Toulalan, Raggi, Abidal, Carvalho…) puis des jeunes à très forts potentiels, encadrés par les tauliers du projet.
Des choix payants au bout de quatre années pour le désormais ex vice-président de l’ASM. Le Russe, qui a recruté Leonardo Jardim en juin 2014, est l’homme de la demi-finale de Ligue des champions des Monégasques en mars 2017, seulement stoppés par une Juventus réaliste, après avoir éliminé Manchester City et le Borussia Dortmund de Thomas Tuchel. Surtout, consécration suprême dans l’Hexagone, le dirigeant guide l’ASM vers la titre de champion de France la même année.
Champion du "trading" made in Ligue 1
A l’aise avec les médias, diplomate sur le Rocher monégasque du Prince Albert II, Vasilyev a accompagné l’ascension de l’ASM, à coups de recrutement clinquants, d’abord. Et puis, avec sa cellule de recrutement novatrice, il est devenu le champion du "trading" made in Ligue 1.
En point d’orgue: les recrutements d’Anthony Martial à l’OL (revendu plus de 65€ à Manchester United), l’éclosion de Kylian Mbappé (180M€ avec bonus au PSG), le façonnage de Thomas Lemar (70M€ à l'Atético), le retour au premier plan de Benjamin Mendy (58M€ à Manchester City)... Et tant d’autres.
A chaque fois, des jeunes réputés aussi talentueux, recrutés un peu plus tôt pour s'aguerrir, comblaient les départs estivaux. Une stratégie d'abord vertueuse, permettant à l’ASM de récolter 200M€ lors du mercato d’été 2017 (sans compter le départ de Mbappé, seulement prêté au PSG). Un dernier coup d’éclat, avant le crash stratégique, l’été suivant.
Des choix ubuesques cette année
Peu disposé à stopper la frénésie vendeuse des Monégasques, Vadim Vasilyev et ses collaborateurs sportifs, dont le très critiqué Michael Emenalo, se mordent la queue l’été passé. Tournés vers des achats compulsifs de joueurs toujours plus jeunes depuis l’hiver précédent (Geubbels, Diop, Isidor, Pellegri…), les dirigeants asémistes vendent aussi les briscards (Moutinho, Fabinho…), derniers garants de l’esprit monégasque de 2013.
A la clé, une grosse colère de Leonardo Jardim en août, prémisse d’une saison galère. En cause, le départ de Joao Moutinho à Wolverhampton, laissant le Belge Youri Tielemans (21 ans) en seul cadre du milieu de terrain. Vasilyev ne fait venir aucun joueur rompu aux situations délicates à la place, et regarde Monaco couler dès les premières journées de Ligue 1 et de Ligue des champions.
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Il ne peut empêcher le départ du Portugais, qu’il licencie face à la pression de son président, contre 8M€ en octobre. Son remplacement par un coach au patronyme clinquant mais sans expérience, répondant au doux nom de Thierry Henry, n’efface pas les démons monégasques. Pire, le champion du monde 98 perd 11 fois en 20 matchs et prend la porte dès janvier, lui-aussi contre un gros chèque d'au moins 15M€.
Leonardo Jardim reprend son siège d'entraîneur dans la confusion générale et impose un mercato coûteux et dynamique. En quelques jours, il opère un premier redressement en championnat, dernière compétition que dispute l’ASM cette saison. Premier barragiste, le club princier stagne à la 18e et cherche toujours des solutions durables pour son maintien. Elles se trouveront désormais sans Vadim Vasilyev.