L.Diarra : "J’ai exprimé à Deschamps mon souhait de revenir"

Lassana, comment vivez-vous votre retour en équipe de France ?
Honnêtement, c’est une fierté pour moi, je suis très content pour moi, ma famille, les gens qui m’ont aidé. Ma dernière sélection, c’était en 2010, ça fait longtemps. Retrouver l’équipe de France passait par des bonnes performances. Je suis arrivé à Marseille pour reprendre du plaisir, c’est en cours. Le meilleur est à venir. Je savoure et j’espère que ça va continuer.
Vous aviez pourtant annoncé votre retraite internationale en 2013…
Il s’est passé des choses dans le passé. Mon énergie est dans le positif. Je vais de l’avant. Quand j’étais à l’étranger, c’était il y a très longtemps. Pendant quinze mois, je n’ai pas joué. On a le temps de se refaire le film. Par rapport à l’équipe de France, il y avait un sentiment d’inachevé. Aujourd’hui, je savoure et j’espère que ça va bien se passer.
Comment avez-vous vécu votre période d’inactivité d’un an après votre départ du Lokomotiv Moscou ?
Il y a trois étapes. On m’a tout d’abord privé de mon droit fondamental de travailler. Ensuite, j’ai travaillé comme un malade pour garder la forme. Et il y a moi, l’homme. Je suis passé par plusieurs étapes. Je me suis rappelé des bons moments, de ce que j’ai fait de bien. C’est ce qui a fait que je n’ai pas perdu espoir même s’il y a des moments de doute. Quinze mois, c’est extrêmement long, surtout quand on est seul. Maintenant, je suis heureux d’être là. J’ai toujours su que j’allais revenir et c’était une certitude que j’allais rejouer au foot. J’ai beaucoup travaillé. Il n’y a pas de hasard, je n’étais pas en vacances depuis quinze mois. Je connais le foot, cela a des exigences. Il faut être sérieux.
Quelles raisons vous ont poussé à vous engager avec Marseille ?
La France, l’OM. Le président (Vincent Labrune, ndlr), il a œuvré pour que je vienne. Franck Passi, l’adjoint, aussi. Ils m’ont convaincu. Il y a des gens comme Steve (Mandanda) avec qui j’ai discuté. Tout s’est enchainé. Aujourd’hui, je ne regrette pas mon choix.
Que vous êtes-vous dit avec Didier Deschamps ?
Je lui ai exprimé ma volonté de revenir en équipe de France. Je suis très motivé, je suis français, il y a l’Euro dans mon pays en juin. J’ai travaillé d’arrache-pied pour revenir. Aujourd’hui, je me sens concerné. Je lui ai exprimé mon souhait de revenir et que j’étais disponible. On a parlé de football et l’équipe de France. Je lui ai exprimé mon attachement à ce maillot. Vous n’avez jamais disputé une phase finale avec l’équipe de France.
Le vivez-comme une renaissance ?
Une renaissance à 30 ans, ça fait un peu tard. C’est une bouffée d’air après ce qu’il s’est passé ces quinze derniers mois. Je n’ai jamais évolué en L1, mieux vaut tard que jamais. La Russie ? Ce n’était pas une mauvaise expérience parce que ça fait partie de mon histoire. Sans cette histoire, je ne serais peut-être pas là aujourd’hui. A l’Anzhi, le président avait investi pour avoir une équipe compétitive, c’était une très belle aventure humaine. Il y a aussi du bon à retirer de mon passage au Lokomotiv.
Beaucoup de choses ont été dites et je les assume. J’ai eu le temps de réfléchir. Je suis focalisé sur le futur. Je vais de l’avant. Ce qui a été fait, ça va rester, ça fait partie de moi mais c’est le passé, mais ce n’est pas important pour moi. Aujourd’hui, ce qui est important, c’est l’OM et l’équipe de France.
« Affronter le PSG, ça pourrait être un électrochoc »
Quel regard portez-vous sur la mauvaise période de l’OM ?
Le club vit une période compliquée. Mais il n’y a pas de problèmes dans le groupe qui regorge de qualités. Quand la mayonnaise va prendre, cela va faire mal. Que représente le match face au PSG pour vous ? Cela représente trois points (rires). On a besoin de points et on doit aller à Paris pour y jouer un match de Ligue 1. Je vais aller au Parc avec l’envie de prendre des points. C’est peut-être bien de jouer contre le PSG, on va se frotter au dernier champion. Ça peut être une prise de conscience. Cela va nous permettre de voir ce que l’on peut faire face à des équipes censées être plus fortes que nous.
Ce choc est-il particulier pour vous qui avez vécu à Paris dans votre jeunesse ?
C’est un match ! C’est particulier parce que c’est PSG-OM mais je ne suis pas dans ces considérations. Je vais jouer un match de L1 contre le PSG au Parc des Princes et je suis parisien. Je ne résonne pas comme ça. Je suis parisien mais, sur mon polo, je suis marseillais. J’ai beaucoup de respect pour le PSG qui fait du très bon boulot ces dernières années. Quand on regarde le classement, il y a un fossé entre nous et le PSG. En tant que compétiteurs, on doit mouiller le maillot et aller se battre au Parc des Princes. Ça peut être un électrochoc pour le groupe et pour nous.
Votre âge et votre expérience vous confèrent-ils un rôle de capitaine ?
C’est Steve le capitaine. Après, moi, j’essaie d’apporter le plus possible auprès des jeunes. Cela se fait naturellement mais c'est avec les performances qu’on nous respecte. Les jeunes ont énormément de qualités et j’espère qu’on va montrer qu’on est une équipe compétitive. On a envie, on essaie de relever la tête. Avec les cadres, c’est notre mission de garder le groupe solidaire.
Avez-vous la sensation de revivre ?
Oui, je suis content, je revis, je joue au foot. Cela n’a pas toujours été évident. Espérons que cela dure.
Parmi les épreuves que vous avez connues, c’est votre forfait pour la Coupe du monde 2010 en raison d’une crise de drépanocytose. Votre retour au plus haut niveau peut-il vous permettre de transmettre ce plaisir retrouvé ?
Je ne sais pas si c’est à travers la drépanocytose que je vais les motiver (rires). Maintenant, je vais de l’avant. J’ai connu une longue période sans jouer. Je n’étais pas blessé mais je ne jouais pas pour des histoires contractuelles. Ma façon de penser a beaucoup évolué. C’est ce qui m’amène devant vous. Les gens peuvent ressentir que je me prends moins la tête. Je suis quelqu’un d’épanoui. Je remercie l’OM de la confiance qu’ils m’ont accordée.