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Les 80 ans du TFC, l'état du club, sa passion : Olivier Sadran se livre

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Le TFC fête ses 80 ans ce dimanche, avec la venue de l'OM (15h). L’occasion d’une belle fête, avec la présence de beaucoup d’anciens joueurs (Marcico, Elmander…). Pour évoquer le club, le président Olivier Sadran, rare dans les médias, a accordé une interview exclusive à RMC Sport, non sans avoir longtemps rechigné avant. Après avoir lancé « j’ai seulement cinq minutes » en début d’entrevue, l’homme toujours pressé et incapable de se projeter pour parler d’avenir (« j’ai une capacité de réflexion à dix minutes devant ») a tout de même pris le temps de se poser.

Vous semblez en décalage avec le monde du foot…

Le terme décalage, je ne sais pas si c’est un terme approprié. En tous cas le foot est un centre d’intérêt et ce club est géré très sérieusement. Mais ce n’est pas mon seul centre d’intérêt heureusement, il y a plein de choses à faire dans la vie en dehors du foot. La médiatisation et en dehors du fait que je n’en ai pas envie, elle n’est pas liée à ça, elle est tout simplement dans le fait que je n’y trouve que très peu d’intérêt, que je ne suis pas très à l’aise avec ça, et que je n’ai surtout pas envie de me voir dans la télé ou dans la presse tous les quatre matins. Sortir tous les quatre matins pour asseoir son ego, ce n’est pas mon truc. 

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Pourquoi êtes-vous si rare dans les médias ?

D’abord sans doute que je suis un peu timide. Ensuite j’ai beaucoup de boulot, et puis le fond du fond c’est que ça ne m’intéresse pas du tout quoi. Le fond du fond, c’est que je n’en vois pas l’intérêt. Je n’aime pas vraiment ça, c’est sans doute incompatible avec ma fonction, mais maintenant il y a un vice-président qui fait ça très bien, il y a un entraîneur qui fait ça aussi très bien. Donc je ne me sens pas dans l’obligation d’intervenir toute la journée. Après, quand il y a des choses majeures et importantes je suis là, c’est mon rôle, mais pas régulièrement. Il y a des gens qui travaillent au quotidien, qui font leur boulot. Il y a plein d’autres pays, et pas des moindres, où les présidents ne sont pas en train de faire les guignols à la télé tous les quatre matins et ça se passe très bien. 

Vous êtes réputé pour conserver longtemps vos entraîneurs…

En général, je fais excessivement confiance et très longtemps à mon encadrement, quelles que soient les activités qui sont les miennes, et le coach est un des cadres les plus importants dans une société de football. Alors non seulement on les garde longtemps, mais ce qui est encore mieux, c’est qu’on garde toujours des relations avec eux. Et donc ça veut dire que même si c’est le job le plus difficile au monde, qui est usant et qui est un job terrible que je n’aimerais vraiment pas faire, ça veut dire que garder une relation, malgré toute la pression, la médiatisation des choses, garder une amitié après, c’est tout aussi important.

Conserver l’équilibre économique du club est-il difficile ?

Bien sûr c’est difficile mais en même temps c’est un club qui a appris à vivre comme ça, qui est un bon club formateur, qui compense le manque de support et de soutien industriel de la région et de ses acteurs, y compris le manque de soutien des acteurs politiques. Quelque part aussi, c’est très difficile de pouvoir faire les choses correctement à Toulouse avec des gens qui ne sont pas très branchés sport et qui, même au-delà de ne pas soutenir économiquement, ce qui peut se comprendre, mettent plutôt des bâtons dans les roues. Quand tu vois ce stade dans quel état il est, alors qu’il a coûté une fortune pour être rénové, et qu’il est très défaillant… Quand tu vois l’état de la pelouse, qui est gérée par les instances municipales, tu te dis que sincèrement, même au-delà du support économique, c’est plutôt des bâtons dans les roues. Mais on vit avec et ça se passe plutôt bien.

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Globalement, comment se porte votre club ?

Il se porte plutôt bien, il n’a pas de problèmes de santé majeurs. Il est dans sa catégorie, et il va continuer sa vie et j’espère devenir centenaire sans problématique. Il a de l’ambition, je crois que tous les ans il bat son record de L1, ce qu’il n’avait jamais fait auparavant. Il faut avoir de l’ambition pour rester déjà dans cette catégorie-là. Ce n’est pas anodin d’y rester, et nous on le sait plus que quiconque, on a failli mourir deux ou trois fois. Ensuite il faut continuer à travailler, il y a eu d’énormes améliorations cette année, mais c’est infime. Quand vous améliorez votre support des sponsors de 10%, ce qui est un chiffre important, vous l’améliorez de 600 000 euros. 600 000 euros, c’est donc le salaire d’un footballeur moyen, charges comprises. Donc ça ne suffit pas, mais il faut continuer à travailler, avoir de l’ambition et rester à sa place. 

On vous a vu sur le banc le weekend dernier contre Montpellier. Est-ce un moyen de vivre de nouvelles émotions ?

On ne peut pas avoir toujours le même niveau après 15 ans, mais ça fait deux ou trois fois que Pascal veut que j’aille sur le banc, ce qui n’est absolument pas ma place. D’abord je n’ai rien à y faire, parce qu’à mon avis je vais me faire sortir assez vite, et ça ne serait pas très glorieux. Mais c’est vrai que là il y a une émotion différente. Là, il y a quelque chose de différent. Je l’avais fait une fois à Gueugnon, avec Erick Mombaerts, parce que j’étais tout seul en tribunes. Je l’avais fait une fois à Marseille quand Pascal a eu son accident, et je l’ai fait là parce que j’étais tout seul à Montpellier. Sincèrement, ce n’est pas ma place, mais c’est vachement mieux.

Quel club est votre modèle ?

Tout est intéressant à voir. Après, c’est la pérennité des choses. Nice fait des choses très bien actuellement, mais on les a faites les années où on a fait trois et quatre. La difficulté, c’est de durer. Alors sans doute que Nice peut durer, mais pour l’instant c’est un phénomène de deux années et quelque part, sur la durée, on retrouve systématiquement toujours les mêmes, qui ont des moyens financiers, des supports à la fois de ville et à la fois du tissu industriel de leur ville, qui est autre que le nôtre. 

Etes-vous favorable à la vidéo dans le football ?

Le grand chemin qui est à faire, c’est de mettre la vidéo. Ça donnera des comportements plus adéquats sur le terrain, et ça sera beaucoup plus honnête et beaucoup plus intègre que ça ne l’est sans doute aujourd’hui. C’est ça qui est important. La vidéo va changer le foot, et elle va le changer du bon côté.

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Vous avez claqué la porte de la LFP en fin d’année dernière. Allez-vous revenir pour remplacer Jean-Michel Aulas au poste de vice-président ?

Non, non je n’ai pas de regrets. Gentiment on m’a demandé de revenir pour prendre la place qui était laissée vacante par Jean-Michel. Je réfléchis mais je crois que je n’irai pas, parce que je ne suis pas certain de pouvoir apporter ce qu’on attend de moi. Et le côté paritaire me dérange un peu, le dernier épisode où on est revenu sur la parole donnée quelques mois avant, et les mascarades pour être élu des uns et des autres ne m’ont pas profondément touché, parce que je n’ai pas à être touché, mais bon je me suis dit que j’avais vraiment autre chose à faire. Donc on verra. Ça sera à mes pairs de dire et on verra, mais il faut avoir quelque chose à apporter et l’envie de le faire. Avoir un strapontin pour avoir un strapontin, ce n’est pas trop dans ma culture. 

Wilfried Templier