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Ligue 1: à Angers, l’image du SCO inquiète les investisseurs locaux

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Dernier de la classe en Ligue 1, le SCO d’Angers ne cesse de faire parler de lui depuis plusieurs mois et pas seulement sportivement. Entre la valse des entraîneurs, les multiples procédures aux prudhommes d’anciens salariés ou le procès prévu en juin contre le président Saïd Chabane, l’image du club, cité en exemple il y a encore peu, est désormais désastreuse. En coulisses, alors que les anciens sponsors ne sont pas surpris de la descente aux enfers, les partenaires actuels s’interrogent et vont vite faire le point avec la direction.

"Vous vous demandez si les partenaires vont continuer à suivre le club ? Peut-être que le président va se mettre à faire du sponsoring. Il n’en a jamais fait de sa vie." Bertrand Baudaire, propriétaire des restaurants La boucherie, ancien sponsor, et acheteur du club avec Saïd Chabane en 2011, a la dent dure avec le président. "Je suis parti et trois mois après il a viré Olivier Pickeu comme un malpropre. On est tous très déçus, c’est catastrophique. Quand j’ai repris le club avec lui, on nous l’a quasiment donné. Quand je suis parti les comptes étaient excellents. Aujourd’hui ? Il y a deux sortes de présidents, ceux qui mettent de l’argent dans leur club et ceux qui en sortent. Quand vous vendez des actifs et que l’argent ne reste pas dans le club, il ne faut pas s’étonner que ça n’aille pas. Il fait ce qu’il veut, il est propriétaire."

"Il pensait qu’il était Dieu"

A coup sûr, l'ancien vice-président et le président actuel ne mangeront plus ensemble. La rupture est consommée depuis quelques années. Et la situation n’étonne pas le restaurateur. "C’est un gâchis, poursuit Baudaire. Un homme qui croit qu’il est meilleur que les autres et qui vire les meilleurs. Il pensait qu’il était Dieu. Après, il y a le temps au temps. Quand vous construisez une maison et que l’architecte s’en va, elle ne s’écroule pas tout de suite. Il pensait que tout était fait grâce à lui." Une référence au triumvirat Chabane, Moulin, Pickeu qui a construit un club solide sur les bords de la Loire dont la devise était "la dalle angevine". En 2023 on est plus proche de l’indigestion.

"Quelqu’un qui n’a pas d’empathie"

Même constat au club des "100 cravates", une institution angevine qui regroupe de nombreux artisans et chefs d’entreprises locaux. D’ailleurs l’ambiance n’est pas au beau fixe entre son président Stéphane Garson et le SCO. "C’est extrêmement tendu, à tel point que le président veut que je quitte le club des 100 cravates, au moins la présidence. Mais ce qui est plus important c’est que l’institution du SCO vacille grandement actuellement et ça c’est plus inquiétant. C’est une situation que j’ai dénoncée depuis 2-3 ans."

Pour le chef d'entreprise, c'est l’isolement de Saïd Chabane qui est en partie la cause du naufrage du club. "Il dit lui-même que ses soutiens se comptent sur les doigts d’une main ou deux, tout au plus, au sein du club. C’est normal que quelqu’un qui n’a pas d’empathie pour les gens s’isole au bout d’un moment. Tous les gens qui ont encore leur rond de serviette à sa table auraient dû lui dire qu’on allait droit dans le mur avec une telle politique. Tout a été bien construit pendant dix ans et s’écroule en deux saisons. Depuis 2020 le club se délite."

Sponsor maillot: 30 à 50% d’investissement en moins en L2

Plusieurs sponsors historiques (La Boucherie, Scania…) ont quitté le club ces dernières années. D’autres les ont remplacés et observent attentivement le paysage footballistique angevin à l’approche du printemps. C’est le cas de Samuel Tual, président d’Actual, sponsor maillot des blancs et noirs jusqu’en 2024. "La situation n’est pas celle qui était souhaitée initialement. Le SCO n’est pas dans une bonne dynamique et les résultats sont plus que décevants." Lié au club depuis 2021, le groupe s’engage en général dans la durée et non sur des investissements à court terme obligeant à accepter des hauts et des bas dans les résultats. Néanmoins une relégation entraînerait une baisse drastique de l’engagement financier. "Contractuellement, on a des clauses particulières qui prévoient notamment une relégation. On est partenaire sur l’enceinte sportive et partenaire maillot. En ligue 2 la diminution de l’investissement se situe entre 30 et 50%. Nous on avait choisi un club de Ligue 1. En clubs de Ligue 2 on a déjà ce qu’il faut."

"Un gros point prochainement"

Pour ce qui est de l’engagement pour la saison prochaine et un éventuel renouvellement du bail, Samuel Tual laisse la primauté de ses interrogations et conclusions à Saïd Chabane. "Nous sommes très engagés dans le sponsoring et nous avons des principes généraux. Ce qui peut remettre en cause un partenariat c’est quand le projet du club n’est pas celui qui nous était présenté ou si les valeurs portées par le club ne sont pas en accord avec celles qu’on souhaite associer à notre image. Je n’ai pas d’à priori sur tout ça mais la situation nous oblige à faire un gros point prochainement sur ces deux questions pour confirmer ou non notre renouvellement et notre maintien au côté du club."

Le président Chabane devrait multiplier les réunions d’ici la fin de saison. Car après le tweet indigné la semaine passée de Charles Diers, adjoint aux sports et ancien scoïste, qui faisait suite aux propos d’Abdel Bouhazama, l'ancien coach, la municipalité aimerait retrouver un peu de sérénité autour du club. Le maire Jean-Marc Verchère a malgré tout lui aussi la ferme intention de prendre rendez-vous avec Saïd Chabane pour quelques mises au point avant la fin du championnat. A Angers, pas sûr que la sérénité soit au programme tout de suite.

Pierre-Yves Leroux