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Ligue 1: quelle fin de saison pour Monaco?

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Septième de Ligue 1 à huit points du podium, l’AS Monaco est loin de ses objectifs du début de saison à neuf journées de la fin. Si la crise de résultats a été atténuée par le succès face à Paris (3-0), le club princier ne nage pas pour autant en eaux calmes.

Battre le leader du championnat (3-0) avant la trêve a permis à l’AS Monaco de souffler et repartir sur de bonnes bases. Mais au moment d’affronter Metz, si le discours reste optimiste, il faut souligner que les Monégasques n’ont pas gagné le moindre match en retour de trêve internationale cette saison et qu’ils éprouvent toujours des difficultés face aux blocs bas, ce que devraient proposer les Lorrains dimanche (15h). La confiance est fébrile, le besoin d’enchaîner des résultats urgent, une contre-performance à Saint-Symphorien replongerait le club et ses dirigeants dans le doute.

Des objectifs revus à la baisse...

A quatre points du premier ticket pour l’Europe, huit points d’une troisième place connue l’an dernier et neuf d’une qualification directe pour la Ligue des champions, le club de la Principauté n’est pas largué mais les objectifs du début de saison paraissent presque oubliés. Limoger Niko Kovac était devenu nécessaire, explique-t-on en interne, car quelque chose s’était cassé avec le technicien croate jugé parfois trop militaire dans ses méthodes de travail. Il s'était mis quelques membres du vestiaire à dos, en froid avec le pôle performance et à qui on reprochait un manque d’ambitions dans les grands rendez-vous.

A l’aube du réveillon, l’ex-coach du Bayern Munich avait pris la porte et le duo Paul Mitchell-Oleg Petrov s’était présenté face aux joueurs sur la pelouse de Louis II expliquant que l’objectif majeur de la saison était une qualification en Ligue des champions, que tant que ça ne marchera pas, il y aura du changement. Après un mois de mars catastrophique barrant un à un les objectifs du club sur la liste des priorités (se rapprocher du podium, remporter la Coupe de France, faire bonne figure en Europa League), l’ambitieux discours semble avoir pris du plomb dans l’aile au point qu’une quatrième place serait vue d’un bon œil à l’issue d’une saison qui aura traversé, quoi qu’il arrive, des zones de turbulences.

"On sait que les équipes devant nous ont beaucoup d'avance", reconnaissait Benoît Badiashile avant d’affronter Paris. "On ne doit pas se voiler la face, la Ligue des champions ce sera trop compliqué donc on va essayer d’accrocher au moins les places européennes."

…avant une réorganisation programmée?

Dans le viseur des supporters, le directeur sportif Paul Mitchell, sujet de nombreuses banderoles avant la trêve durant le match face au Paris-Saint-Germain qui avait rempli Louis II : "On dit merci qui ? Merci Mitchell", "Vous êtes venus pour les soirées ?" ou encore "Rise, Risk, Repeat… Fail" en référence au nouveau slogan de l’AS Monaco. Depuis son arrivée, le Britannique ne s’est pas distingué​ en termes de recrutement, si les mots patience et adaptation pouvaient être entendus en début de saison, ils ne sont plus vraiment digestes à l’approche du sprint final. Alexander Nübel, bien qu’en progression, provoque des sueurs froides aux suiveurs de l’ASM lorsqu’il s’apprête à jouer au pied, Jean Lucas a été bien plus souvent décevant que déterminant, Ismaïl Jakobs peine à trouver du temps de jeu tout comme Myron Boadu, freiné par les blessures.

Seul Vanderson, arrivé cet hiver, donne pleine satisfaction sur ces derniers mois. Dans les négociations, le directeur sportif est également à la peine. En fin de contrat cet été, Djibril Sidibé n’a toujours pas prolongé alors que Cesc Fabregas devrait sauf surprise quitter le Rocher. L’AS Monaco ne pourra pas retenir non plus Aurélien Tchouaméni appelé par les plus belles sirènes européennes. Quant aux jeunes joueurs, certains ont pu signer leur contrat professionnel il y a deux mois (Akliouche, Decarpentrie, Okou), tous de la génération 2002 pendant que certains talents de la génération 2004 s’apprêtent à quitter le Rocher libres. S’il dit se mettre la pression "tous les jours", le directeur sportif monégasque n’est pas inquiet pour son poste.

Il y a quelques jours, dans les colonnes de L’Equipe et Nice-Matin, il affirmait parler "régulièrement avec le président. Il sait que nous bâtissons sur la durée. Mon travail consiste à faire beaucoup de choses, il ne se limite pas au résultat d’un match ou d’une saison". Pourtant, selon la publication de L’Equipe avant le match face au PSG, Dimitri Rybolovlev, en colère, aurait décidé de tout changer. Dans l’entourage du président, on explique que l’oligarque est capable de coups de sang mais que la vérité du jour n’est peut-être pas celle du lendemain. De son côté, le club avait d’ailleurs démenti les informations du quotidien. Toutefois, une réorganisation est attendue et le gendre du président russe, Juan Sartori, pourrait avoir de nouvelles responsabilités. Le sénateur uruguayen, marié à Ekaterina Rybolovleva depuis 2015 est entré au conseil d’administration en novembre dernier.

Aperçu à plusieurs reprises au centre d’entraînement de La Turbie et au Stade Louis-II, le natif de Montevideo siège au conseil de six sociétés différentes à l’image du club anglais de Sunderland (troisième division) dont il détient 20% des parts. Diplôme d’école de commerce à Lausanne après être arrivé en France à 12 ans, le boss d’une des plus grandes entreprises agricoles d’Uruguay serait en passe de devenir l’homme de terrain de Dimitri Rybolovlev même si à l’AS Monaco, il n’y qu’un seul patron depuis 2011, c’est le président.

Inquiétudes et incompréhension au centre de formation

Si le flou règne autour de la direction de l’équipe première, l’Academy est, elle aussi, impactée et le discours de Paul Mitchell n’est pas du goût de tous. Déplorée, son attitude jugée plus froide tranchant avec la courtoisie dont il faisait preuves les premiers mois après son arrivée. Le Britannique expliquait dans la presse, satisfait, qu’il y avait aujourd’hui "neuf joueurs de l’équipe première issus du centre de formation". En effet, de nouvelles têtes se présentent aux entraînements de l’équipe professionnelle ces derniers mois à l’image de Maghnes Akliouche, Felix Lemarechal ou encore Yllan Okou. "Mais aucun ne joue régulièrement à part Badiashile", peste une source proche du club.

"Mitchell dit vouloir remettre l’Academy à sa place alors qu’on fait partie des meilleurs centres français. Il y a beaucoup de semblant, de communication sans agir. C’est du vent." De l’action il y en a pourtant eu. Bertrand Reuzeau, directeur de l’Academy entre 2016 et 2018 avant d’y revenir en juillet 2019, a été démis de ses fonctions à la fin du mois de février sans explication. Le licenciement de celui qui a vu grandir les Badiashile, Matazo, Akliouche ou Okou aujourd’hui éléments du groupe professionnel s’explique en partie par l’arrivée du Belge Pascal De Maesschalck, directeur du développement des jeunes joueurs, en septembre dernier. La direction a voulu mettre en place, autour de l’ancien responsable de l’académie de Bruges, une nouvelle méthode mais le courant ne passe pas auprès de tout le monde lui reprochant "de faire table rase de ce qui a été fait, de ne pas connaître la formation en France et d’avoir été placé par Paul Mitchell".

Dans quelques mois, l’Academy accueillera un nouveau membre en la présence de Sébastien Muet, directeur du centre de formation du FC Metz. L’occasion d’avoir à sa tête un homme diplômé pour encadrer une telle structure ce qui n’est pas encore le cas du nouvel arrivant belge.

Philippe Clement reste confiant

Au milieu de tout ce tumulte, Philippe Clement reste lui confiant, étonné de lire la programmation de son départ dans le journal L’Equipe la veille du match face au PSG. "J'ai été surpris mais je suis resté concentré", a-t-il assuré vendredi en conférence de presse. "Je suis venu ici en janvier avec un contrat de deux ans et demi dans un projet ambitieux avec de jeunes joueurs et je suis concentré sur ça. Je n'ai reçu aucun signal d'inquiétude."

Après le match face à Paris, Ruben Aguilar abondait dans ce sens: "C’est vrai que ce n’est pas facile de lire ça. Quand on s’est réveillés, on a reçu beaucoup de messages. On en a parlé entre nous puis on s’est dit qu’il ne fallait pas regarder, qu’on allait jouer un match très important, que ça ne pouvait pas nous affecter, que c’était de l’extra-sportif et que c’était à nous de répondre sur le terrain. Le reste, ce n’est pas nous qui le gérons. Le coach n’a pas montré d’inquiétude. Il était vraiment focus sur le match. Il nous a donné la meilleure énergie possible." Une énergie de plus en plus présente pour un coach qui ressent une vraie amélioration sur le plan physique de la part de ses joueurs. L’entraîneur belge estime qu’il faut toujours six mois pour voire les progrès, l’interrogation est de savoir s’il les a devant lui.

Il pourra en tout cas compter sur la détermination de ses hommes à commencer par Benoît Badiashile. "Nous sommes des pros, ce n’est pas parce que ça se passe mal qu’il faut lâcher", affirmait-il avant le match face à Paris. "Il ne faut pas oublier qu'on porte le maillot de l'AS Monaco, on doit tout donner pour ce maillot et pour ce club qui a une grande histoire."

Clément Brossard à Monaco, avec A.P.