Nantes: Anthony Limbombe, un incroyable fiasco sportif... mais surtout financier

La collaboration s’est terminée ce lundi après-midi après une réunion dans un bureau de la Jonelière. Autour de la table, d’un côté, Franck Kita, le directeur général délégué du club et Blandine Capitaine, la directrice administrative et financière, et de l’autre, Anthony Limbombe et son agent. En une dizaine de minutes, l’histoire de ce joueur belge, arrivé à la Jonelière à l’été 2018 avec l’étiquette de grand espoir du football de son pays et du plus gros investissement réalisé par le FCN dans son histoire (8,5 millions d’euros), s’est soldée par une résiliation en catimini.
"Les deux parties étaient essoufflées, c’était un soulagement des deux côtés que ça se termine", confie un proche du joueur. Un compromis a été vite trouvé. Aucun chiffre n’a pour l’heure filtré, mais il restait au FCN à régler 27 mois de salaire (à 82.500 euros brut) et 400.000 euros de primes à Anthony Limbombe (soit un total de 2,6 millions d’euros) car le joueur était bien encore sous contrat jusqu’en juin 2024. On peut imaginer que la poire a sans doute été coupée en deux…
Kombouaré ne voulait pas le voir avec son groupe
La situation était devenue intenable pour le joueur au FC Nantes depuis plusieurs semaines. Exclu du groupe d’Antoine Kombouaré et s’entraînant avec l’équipe réserve de N2 depuis septembre, le joueur avait choisi la voie juridique pour faire valoir ses droits à être réintégré au vestiaire pro. Le FCN sommé (à plusieurs reprises) par la Commission juridique de la Ligue de permettre au joueur de retrouver le groupe d’Antoine Kombouaré, n’avait pas plié. L’entraîneur en premier lieu arguant "un choix sportif".
Devant l’insistance de la LFP, le coach kanak avait fini par céder et avait annoncé vendredi qu’il réintégrait le joueur pour éviter au club des sanctions financières notamment. "Je n'ai pas d'autre choix que de suivre le juridique, je ne veux pas que le club soit sanctionné, avait expliqué en conférence de presse vendredi l’entraîneur nantais. C'est l'institution qui est importante. Pas moi, pas Limbombe. J'ai vu qu'on risquait une forte amende et un retrait de points."
Finalement, Limbombe n’aura pas eu le temps de s’entraîner avec ses partenaires professionnels [la reprise de l’entraînement est prévu ce mardi]. Hier, il leur a dit au revoir
Arrivé à Nantes avec Mogi Bayat
A Nantes, Anthony Limbombe (on prononce "é" à la fin) rimera à tout jamais avec camouflet. En 2018, le joueur débarque à la Jonelière, escorté d’une belle réputation. Le milieu de terrain offensif belge vient de contribuer largement au titre de champion de Belgique du FC Bruges… Le club de Premier League d’Huddersfield tente de l’arracher pour 13,5 millions d’euros, mais un problème lié à des commissions d’agent fait achopper le deal. Limbombe change alors de représentant et s’engage avec Mogi Bayat, très influent en Belgique et surtout au… FCN. Naturellement, ce dernier le propose avec insistance au président Kita. Miguel Cardoso, joint par RMC Sport ce mardi, valide le profil du joueur sans le connaître. "Le président Kita me l’a proposé, j’ai accepté !", s’est contenté de nous répondre l’ancien coach portugais de Nantes. Le contrat du milieu de terrain belge est juteux (1,5 million d’euros brut par an de salaire + une prime de 300.000 euros par saison). Le joueur signe un bail de cinq ans à l’été 2018. Le début d’une expérience marquée du sceau de l’échec sportif et des tracas.
Limbombe à Nantes, un accident industriel
Anthony Limbombe peine à s’imposer sur le terrain. Et dans la coulisse, ce n’est pas simple non plus. En novembre 2018, il est placé en garde à vue dans le cadre d’une enquête qui secoue le football belge. La justice soupçonne que le transfert de Limbombe de Bruges à Nantes ait pu servir de "blanchiment d’argent" à… Mogi Bayat, son agent dont il se séparera finalement en juin 2020. Un an après son arrivée, en juin 2109 Limbombe est prêté (prêt payant à hauteur de 1,5 million d’euros) au Standard de Liège (qui prendra en charge son salaire). Juste après son départ de Nantes, son appartement est cambriolé alors que sa compagne est présente. Le prêt en Belgique tourne au fiasco, le joueur se blessant très vite au genou. Retour au FCN en janvier 2020. C’est à ce moment-là que le joueur accepte de prolonger son contrat jusqu’en juin 2024 concédant néanmoins une baisse de salaire (42.500 brut pendant les six mois suivants puis 80.000 euros bruts jusqu’à la fin du bail). Entre février et mars 2020, le milieu offensif belge fait quatre apparitions avec les pros de Christian Gourcuff. La dernière à Angers (le 7 mars, défaite 2-0) restera comme l’ultime rencontre du joueur avec le FCN (la saison s’arrête en raison du Covid).
Entre des blessures à répétition (déchirure aux adducteurs d’août 2020 à janvier 2021) et échecs des négociations pour des prêts (à Boavista fin août 2021 et Zülte Waregem en janvier 2022), le grand espoir belge disparaît complètement des radars. Jusqu’à finalement cette résiliation de contrat lundi. "Le joueur a perdu beaucoup de sa valeur, mais le FCN a perdu aussi beaucoup d’argent avec lui", confie toujours ce proche de Limbombe. Selon nos estimations, Nantes aurait dépensé au minimum 15 millions d’euros (transfert + salaires + primes) pour un joueur ayant inscrit quatre buts en 38 matchs…