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Nantes: Ziani raconte la solidarité de son équipe pour sauver un jeune joueur victime d'un malaise

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Un joueur de la réserve du FC Nantes a été victime d’un malaise à la fin d’un entraînement le 16 septembre dernier. Plongé dans un coma artificiel lorsqu’il a été transporté à l’hôpital, le jeune Canari s’est réveillé deux jours plus tard. Aujourd’hui, il va beaucoup mieux et ça, il le doit une incroyable chaîne de solidarité…

C’était il y a presque un mois. Jeudi 16 septembre, sur un des nombreux terrains de la Jonelière, le centre d’entraînement du FC Nantes, la séance de la réserve du FCN (National 2) touche à sa fin. Lors d’un ultime exercice devant le but, un joueur de 19 ans s’effondre, quelques secondes après avoir inscrit un joli but. A tel point que son entraîneur Stéphane Ziani pense d’abord que son jeune "chambre" le gardien de but… Alerté par d’autres joueurs, le technicien s’approche de la victime et se rend compte alors que "c’est très grave". Le cœur du jeune Canari ne bat plus. Une course contre la montre commence.

Alors que Ziani et un jeune kiné stagiaire se relaient pour effectuer un massage cardiaque, l’analyste vidéo fonce chercher un défibrillateur. "Il y a eu une chaîne pour guider les secours, raconte aujourd’hui l’ancien milieu de terrain, passé notamment par Nantes et Lens. Il y a même eu l’intervention d’un papa qui regardait l’entraînement de sa fille. De sa propre initiative, il a appelé les pompiers."

"Tout s’est fait spontanément"

Stéphane Ziani, rencontré ce mercredi pour RMC Sport, est encore très fier de l’attitude de son groupe: "Il y a eu beaucoup de générosité. Chacun à sa façon. Il ne fallait pas se marcher dessus, mais tout s’est fait spontanément. On n’a pas calculé, ça passe tellement vite. Tu te bats car tu vois au sol ton copain se battre."

Avant l’arrivée des pompiers, dont la venue est ralentie par les embouteillages, le technicien et le kiné ne s’arrêtent pas de masser. "Quand t’es un formateur, tu agis comme si c’était tes enfants. Tu as une responsabilité par rapport aux parents qui te laissent leurs enfants. Il y a une vraie responsabilité, encore plus chez les plus jeunes, mais qui perdure en N2", confie Ziani, qui avait eu l’obligation d’apprendre les premiers gestes de secours quand il a passé son diplôme d’entraîneur.

"Il y aura un avant et un après"

La scène lui rappelle forcément le décès en 2003, sur un terrain de football dans des circonstances similaires, de Marc-Vivien Foé, son "ami et ancien partenaire à Lens". Mais, Stéphane Ziani le répète à l’envi: "Ses mains n’ont été que le prolongement d’une incroyable solidarité ce jour-là."

A son départ de la Jonelière vers l’hôpital de Nantes, le jeune est plongé dans un coma artificiel. Deux jours plus tard, le samedi matin, il se réveille. Soulagement immense à la Jonelière. Le samedi soir, sur le groupe WhatsApp de l’équipe, un message de la victime est accueilli comme une délivrance. "Pour nous tous, il y aura un avant et un après, estime Ziani. On a toujours l’impression que ça n’arrive qu’aux autres… Revoir notre ami aujourd’hui, ça renforce les liens et pourtant, ce groupe était déjà très soudé."

"On a une obligation de profiter de la vie"

Dans les heures qui ont suivi ce drame, Samuel Fenillat, le directeur du centre de formation, a mis en place un accompagnement psychologique à la Jonelière. "Il fallait mettre des mots sur ce qu’il s’était passé. C’était sur la base du volontariat. Presque tous les joueurs sont venus, sauf certains qui n’ont pas voulu évoquer ça et ont préféré s’isoler. On a respecté." Stéphane Ziani remercie encore aujourd’hui la psychologue Marie Gomez et salue "sa compétence": "Il y a eu une vraie confiance des jeunes envers elle. C’est un moment où il ne faut pas se louper. Les gamins avaient besoin de réponses."

Aujourd’hui, la victime récupère doucement chez ses parents à Paris. La vie du groupe de N2 a repris son cours avec une nouvelle philosophie forcément. "On a une obligation de profiter de la vie. On ne doit pas se parasiter avec des choses accessoires. On a vu la fragilité de la vie. Tu as beau porter un maillot du FCN, tu es ‘monsieur tout le monde’. Quand tu es en bonne santé, il faut savourer. Carpe diem, c’est ce qu’il reste de ce qu’on a vécu."

David Phelippeau