Nice: les Aiglons savourent leur solidité record... et refusent de parler d'ennui

Vainqueur de Toulouse sur le désormais traditionnel score de 1-0, Nice a effacé dimanche un record de solidité vieux de quasiment 40 ans. Avec la meilleure défense de Ligue 1 et seulement quatre buts encaissés, les Aiglons sont un point derrière Paris malgré un jeu jugé ennuyeux... mais pas selon eux.

19 octobre 1984. C’est à Bollaert que les Girondins de Bordeaux d’Aimé Jacquet voient le Lens de Gérard Houllier prendre les devants. À la 52e minute, par l’intermédiaire de Pascal Zaremba, les Artésiens mènent 2-1 et, pour la première fois de la saison, les Dropsy, Battiston, Rohr, Giresse, Lacombe et consorts sont derrière au tableau d’affichage. Il a fallu attendre la treizième journée pour que les Bordelais, champions de France en fin de saison, soient menés au score. Un record que les Niçois version 2022-2023 viennent d’effacer. Ce dimanche contre Toulouse, le Gym s’est imposé (1-0) mais a surtout conforté son statut de défense de fer.

Malgré les absences, Nice sait s’adapter et rester solide

Privé de l’international tricolore Jean-Clair Todibo (touché aux quadriceps) ainsi que des précieux milieux Youssouf Ndayishimiye et Hicham Boudaoui (suspendus), l’OGCN a su malgré tout rendre contre le TFC son 10e clean-sheet de la saison (après 13 journées). La polyvalence et l’abnégation de certains joueurs, à l’image du milieu Pablo Rosario, utilisé ces dernières semaines en défense centrale et arrière droit, permettent au Gym de tenir bon. "Même quand tu changes de joueurs, tout le monde est dans le bon état d’esprit, résume Gaëtan Laborde. C'est tout un groupe qui fait qu’on est aussi solide depuis un moment." Une forteresse qui fait tourner le compteur de points puisque Nice n’a perdu aucun de ses 16 derniers matchs de Ligue 1, plus longue série d’invincibilité en cours dans les cinq grands championnats européens.

Nice toujours solide et les infos du jour – 26/11

10:32

Le record ? "C’est exceptionnel et mérité"

Effacer ce record d’invincibilité vieux de quasiment 40 ans n’a rien d’anecdotique pour Morgan Sanson: "Il veut dire qu'on est solides. C’est exceptionnel et mérité. Quand vous regardez le gardien, la défense et tous les joueurs devant eux qui font aussi un gros travail, on ne peut que se féliciter. Ce n’est pas anodin quand on voit le travail fait la semaine à l'entraînement, les kilomètres qu’on avale pour régler les détails importants vus à la vidéo… Le travail paie !"

L'entraîneur Francesco Farioli met également en avant la solidarité de ses joueurs: "Je ne sais pas combien de tirs ont été renvoyés par les milieux de terrain ce dimanche. Tout le monde met la main à la pâte." Une solidité qui permet aux Niçois de garder des concurrents à l’Europe à distance. Cinq longueurs les séparent de Monaco, six de Lille, 10 de Lens, 15 de Marseille… "On a réussi à créer un petit matelas avec certaines équipes, mais le championnat est encore long, relativise Farioli. Les difficultés vont arriver, dès le prochain match à Nantes, puis au retour de la trêve hivernale, avec la CAN qui va mobiliser beaucoup de nos joueurs. Il faut accumuler les points comme on l'a fait jusqu'ici avec envie et détermination."

1-0, tarif maison !

Sur les huit succès obtenus cette saison par les Aiglons, cinq l’ont été sur le score de 1-0. Le qualificatif de "victoire à la Niçoise" convient à Morgan Sanson: "Ça fait notre force cette saison, on est très solides. Avec une belle défense, on peut faire de grandes choses. C’est sûr qu’on aimerait marquer plus, se créer beaucoup plus d’occasions mais ça fait partie de notre ADN d’être solides. On a onze joueurs qui se battent derrière le ballon et ça fait des différences." Et en effet la défense niçoise amène des buts, à l’image de celui de Moffi dimanche qui intervient après une récupération de Melvin Bard dans le camp adverse.

"On travaille évidemment les attaques placées, ce qui est le plus dur dans le foot, mais parfois aussi une bonne récupération haute avec une attaque rapide c’est efficace", ajoute Sanson. Avec 14 buts marqués et quatre encaissés, le Gym est l’équipe de Ligue 1 qui offre le moins de buts (18) à ses spectateurs (devant Le Havre et Clermont avec 25). L’étiquette d’équipe ennuyeuse est désormais difficile à enlever du front des Aiglons. 

"Si vous avez un jeu ennuyeux, vous n’avez pas cette atmosphère dans le stade"

Jugé stéréotypé et trop lent, le jeu niçois n'égaie pas vraiment les observateurs de la Ligue 1. L'entraîneur italien arrivé cet été, au micro de Prime Vidéo, est conscient que son équipe ronronne parfois mais refuse d’entendre parler d’ennui. "On veut s’améliorer chaque jour, mais on finit avec un public qui saute en tribunes. Si vous avez un jeu ennuyeux, vous n’avez pas cette atmosphère dans le stade à la fin du match. Pour moi, ne pas concéder de but, ce n’est pas être ennuyeux, c’est avoir du cœur et de l’envie. C’est incroyable ce que les joueurs sont en train de faire."

Symbole de ce Gym avant tout solide, le besogneux Gaëtan Laborde, muet depuis huit matchs, pense que Nice peut encore en faire davantage: "Ça gagne, alors espérons que ça dure le plus longtemps possible. Après on sait qu’on peut mieux faire, qu’on a une belle marge de progression, qu’on peut encore plus varier notre jeu. Je pense qu’on est conscients qu’on peut encore progresser et c'est cool." Une chose est sûre, Nice n'est plus simplement le tube de l'été, mais vraiment le poil à gratter de cette Ligue 1.

Maxime Tilliette